Compagnie franche de Saint-Jean-d’Angély

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Compagnie franche de Saint-Jean d’Angély ou compagnie franche bourgeoise de Saint-Jean D’Angély :

Date de formation : formée au mois de mars ou d’avril 1793. Elle comptait environ 100 hommes.

Historique :

1793 :

Elle combattit en Vendée. Pierre-Augustin Rayé, né vers 1767 faisait partie de cette unité lorsqu’il arriva à Bressuire pour se mettre aux ordres du général Quétineau (21 mars). Il raconta :

« Le jeudy 11 nous sommes partis toute la garnison de Bressuire pour aller à Nueil sous les Aubiers, canton de Châtillon-sur-Sèvre, et cela sur les une heure après midy. Nous avons arrivé à un château à une demie lieue de là, où nous y avons passé toute la nuit en bivouacant et cela dans une plaine de seigle. Nous y avons resté jusqu’à huit heures du matin. Après cela nous avons partis pour Nieuil où nous avons entré dans le bourg, qui est assez joli, un joli jardin attenant à la maison curiale. J’ai mis pied à terre. Je me suis promené partout et j’ay empêché autant que j’ai pu qui ne se commette aucune dégradation dans l’église. Quelques instants après on nous a avertis que notre arrière-garde venait d’être attaquée par des paisans et surtout des habitans qui avaient abandonné leurs maisons. Cela n’a pas été grand-chose mais il en est resté quelques-uns sur le terrain. Le 12, le vendredy, nous avons partis pour aller aux Aubiers, où nous y avons arrivé à 11 heure, ce bourg est assez grand, chacun a cherché à se loger. Les habitans avaient aussi abandonné leur maison. On fit tuer 4 ou 5 bœufs sous les halles, que l’on distribua de suite à la troupe, pour le pain, on l’avait apporté de Bressuire. Là chacun fit la soupe mais la plupart ne l’ont pas mangée, parce que sur les deux heures les avants-postes furent attaqués et se replièrent sur l’Armée. On commanda 10 hommes de cavalerie pour aller à la découverte, l’un d’un côté, l’autre de l’autre. Comme j’allais si vite je me trouvais pris par une forte hay, où il y avait un grand fossé, je veux le faire soter à ma jument, elle manque son cou, elle tombe, j’ay resté sous elle au moins 10 minutes sans pouvoir me débarasser. Sy n’avait été un camarade de ma compagnie de Chatelleraud qui m’a aidé, mafoi ji aurais resté. Je me fis mal à la cuisse. […] Le matin chacun s’est procuré des vivres et fourage comme on a pu, les brebis, chevrins, oies et poules ont été ramassé, mais la plupart qui les avait fait cuire ne les ont pas mangé. L’ordre est venu de nous tenir prêt à partir sur les midy pour rejoindre l’autre armée et nous porter sur Maulévrier. En chemin faisant et cela sur les 3 heures de l’après midy, nous rencontrâmes les royalistes, les avants-postes s’attaquèrent on se replia sur ledit bourg des Aubiers. La fusillade, le canon, la cavalerie tout était en cause. On s’est battu de part et d’autre dans ledit bourg. Tous les habitans qui s’étaient rendu chez eux se cacher dans la nuit et autre augmentèrent leurs nombre de manière que nous nous repliâmes en bas du bourg dans une grande pièce de terre où il y a beaucoup de rochers. Là le combat a duré de part et d’autre au moins 4 heures et demi, on s’est battu avec acharnement. Il y avait avec eux une pièce de canon qu’ils nommait Marie-Jeanne, qui faisait beaucoup de mal où cela portait. Et ils criaient à tu taite, pour déconcerter notre troupe mais c’est là leur usage. La force des royalistes augmentait. Nous n’avions que de bons combattants : le 3ème bataillon des Deux-Sèvres encore pas complet, nos deux compagnies de grenadiers, celle de Loudun, Mirebeau et autre, presque tous père de famille, notre compagnie de Cavalerie, celle de Poitiers et Richelieu ainsi que des grenadiers à cheval. Mais tout cela ne suffisait pas pour faire rallier du monde à leurs compagnies. La déroute s’est mise parmi nos troupes, les uns cachait derrière ces rochers, les autres gagnaient le chemin de Bressuire, les compagnies toute pelle et melle […] ce qui a efrayé nos troupes, ce n’est que d’avoir vu un nombre supérieur à nous, composé de toutes sortes de monde, jusqu’aux femmes habillés en hommes et tous les enfans amené de faire nombre, et encore surtout les cris qu’ils faisait qui faisait trembler, nous avons eu la déroute par faute des gens qui ne savaient pas leurs manœuvres et qui se repliait sur nous après qu’ils avaient tirés leur coup de fusil, et ces malheureux avançait toujours et vait le fossé pour eux qui leur servait de retraite. A ce moment où la déroute a été complète sur les 6 heures du soir, on s’est replié sur Bressuire, mais cela en mauvais ordre. On nous faisait la conduite à coups de fusils… Ils nous ont donné la déroute jusque près d’une lieue et cela jusque dans une gorge qu’il y a de l’eau a passé, des près de chaque côté. Ils étaient en haut et ils nous tirait des coups de fusils mais aucun ils ne nous ont pas fait mal, la Cavalerie était donc derrière pour protéger nos bons et mauvais soldats ainsi que nos deux pièces de canon.[…] il y a eut une cinquantaine de leur monde hors de combat, plus de cent blessé, de notre côté il y en a eu une dizaine hors de combat et une trentaine de blessé, nous avons perdu Monsieur Delaistre, le commandant de nos compagnies qui avait parti avec nous de Saint-Jean D’Angély le 14 mars dernier. Il était décoré de la Croix de Saint-Louis, c’était un ancien Capitaine retiré et retraité d’infanterie. Il était marié alors avec une demoiselle Barturé, et vivait tranquillement avant cette malheureuse affaire avec son épouse Porte Matha, la maison qui fait le coin de la rue aux promenades, il n’avait point d’enfant, dont il a été bien regreté. Nous avons eu de la Compagnie des grenadiers, Berthonnière Cadet qui a eu une balle qui lui a resté dans la cuisse. Le citoyen Chaigné, fils du Chézier, une balle qui lui a percé le cou, où on déespérait de lui. Derogis le cadet aussi blessé et autres dont je ne me souviens plus du nom. Moi j’ay eu une balle qui a percé ma botte et a fait son empreinte à la jambe droite à côté du molet, plus un coup de pottin (éclat) qui a fait coup au cou du cotté gauche. Cela m’a fait beaucoup souffrir pendant quelques temps, Monsieur Chardon me l’a tiré et me l’a pancé longtemps, le trou est fermé, mais la couture parait toujours. La jument que montait Jacob a eu une balle dans la fesse gauche, le cheval d’un cavalier de la compagnie de Chatellereau a une balle qui l’a traversé et autres plus ou moin».

Elle combattit ensuite à la 2ème bataille des Aubiers (13 avril).

1795 :

La compagnie fut versée le 5 novembre 1795, dans les rangs du 2ème bataillon de chasseurs réunis de l’Armée de l’Ouest. L’opération eut lieu à Challans, le bataillon se composait également de la compagnie des chasseurs bons tireurs de l’Oise et de la Somme, des compagnies franches d’Évreux, du Finistère, de Saintes, de Guingamp et du bataillon des chasseurs de la Charente.

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Article de Laurent Brayard, iconographie de Didier Davin, diverses compagnies franches de l’armée française sous la Révolution