8e bataillon du Calvados

bataillon-de-volontaires-nationaux

8ème bataillon du Calvados :

Date de formation : Selon Belhomme, il fut formé le 6 novembre 17921.

Historique :

1793 :

En janvier, le bataillon se trouvait près de Meaux. Un détachement de 126 hommes du bataillon se mit en route de Courbevoie près de Paris, le 5 janvier, et rejoignit le lendemain à Meaux le reste du bataillon. Le 14 février, il partit au complet pour se rendre à Cherbourg qu’il devait atteindre au début de mars. Il se trouvait dans les armées de l’Ouest au mois d’octobre, alors que les Vendéens avaient traversé la Loire et commençaient la fameuse Virée de Galerne. Le directoire d’Avranches écrivit par courrier spécial au district de Fougères que des renforts étaient en route, la ville n’était défendue que par sa garde nationale et par un bataillon de chasseurs :

« Nous avons reçu votre courrier à 7 heures du matin, huit à neuf cents hommes du 8ème bataillon du Calvados et de la Garde Nationale vont partir avec 4 pièces de campagne pour Fougères par Saint-James. 540 hommes du même bataillon attendus ici sur le midi ne vont que se rafraichir et prendre de suite la même route. On nous annonce l’arrivée dans notre ville de trois braves bataillons durant trois jours consécutifs à commencer demain. Nous demandons qu’ils volent sur-le-champ à votre défense, le représentant ordonnera. Comptez sur nous frères et amis. De la tête surtout nous en avons besoin, et vous avez besoin surtout vous-mêmes de force, encore une fois comptez sur notre zèle et notre bonne volonté, et que personne ne prend plus part que nous à votre position »2.

Quelques jours plus tard :

« Ernée nous mande que la position est on ne peut plus alarmante, qu’il est menacé par plusieurs communes insurgées, qu’il est inquiété par celles qui se sont levées pour le secours de l’armée vendéenne. Cette armée a considérablement grossie, à Laval, et qu’elle est peut-être de 30 à 40 000 hommes avec forte artillerie. Que Mayenne est évacué, que si le peu de forces qui lui reste ne peut tenir, il sera obligé de se replier sur nous, que cependant les ennemis de Laval, ne semblent pas quant à présent se porter vers lui et que pour contenir les insurgés de Bourgon, il a besoin d’un secours de 100 hommes. Avranches nous écrit que le bataillon de la Réunion et 200 gardes nationaux de Granville avec deux pièces de canon sont en route et nous arriverons demain qu’il espère nous en faire passer tous les jours, et qu’il serait bon de faire approvisionner Saint-James de vivres […] enfin nous apprenons que l’armée de Mayence doit coucher ce soir à 6 lieues de Laval […] nous envoyons à Ernée le bataillon du Calvados (8ème) composé de 400 hommes, il n’en demandait que 100 par lettre, mais le rapport que nous a fait le commissaire porteur de la dépêche nous a fait estimer que le nombre était absolument insuffisant et qu’il fallait une masse imposante pour conserver le pays qui se trouve entre deux feux […] Nous craignons que l’armée des rebelles poursuivie par celle de Mayence, ne fasse une trouée dans notre pays et ne mette debout quantité de communes fanatisées qui n’aspirent qu’à la contre-révolution, nous devons aussi craindre par suite le désordre dans nos forces et leur déroute. Pesez citoyens ces considérations, elles sont importantes, nous vous observons que nous n’avons pas de munitions, et que les bataillons qui sont arrivés en demandent… »3.

Le bataillon participa à la défense de Fougères, alors que l’armée vendéenne approchait, la garnison concentrée à Fougères se composait :

Commandant en chef : adjudant-général Brière, sous le commandement supérieur du général Peyre commandant le département de la Manche. Brière était un officier courageux et énergique mais très ardent, il manqua selon Lemas des connaissances militaires nécessaires pour se défendre avantageusement. Il n’écouta pas les conseils avisés de l’officier d’artillerie Obenheim qui lui conseilla de se tenir sur la défensive et de se fortifier dans Fougères.

Bataillon de chasseurs de la Charente,

19ème bataillon d’infanterie légère,

Trois autres bataillons de volontaires dont le 8ème du Calvados, le 6ème bataillon de la Côte d’Or et le bataillon de grenadiers et de canonniers de Coutances,

Une compagnie détachée de canonniers, la compagnie des canonniers du Contrat Social (Paris),

3 à 4 000 hommes des gardes nationales des bourgs de Fougères, Saint-Georges (Ille-et-Vilaine), Louvigné (Ille-et-Vilaine), Saint-Marc-le-Blanc (Ille-et-Vilaine), Saint-Georges-de-Reintembault (Ille-et-Vilaine), Mortain (Manche), Viré (Calvados), Coutances (Manche), Granville (Manche).

Le chef de la garde nationale de Fougères, Boissier-Malherbe, avait été destitué par le représentant du Peuple Pocholle, dénoncé par le Comité de Surveillance, il fut détenu chez lui. Le drapeau se trouvait encore chez cet homme, lorsque l’adjudant-général Brière en fut informé le 31 octobre. Le général Peyre, donna l’ordre de célébrer une cérémonie où, les défenseurs et les habitants jurèrent fidélité à la République devant l’arbre de la liberté et de défendre la ville jusqu’à la mort. La cérémonie eut lieu, alors que le 1er novembre, l’armée vendéenne qui venait de quitter Laval, marchait sur Mayenne4. Le même jour, les Vendéens avaient dispersé « l’armée » du général Lenoir formée de 17 000 hommes de levée en masse. Il n’y eut pas de combat, en un instant, les hommes se débandèrent s’enfuirent, le général Lenoir quasiment seul avec le représentant Letourneur dut fuir et se replia sur Alençon.

Le 8e du Calvados participa ensuite au combat d’Ernée (2 novembre), l’armée vendéenne n’arriva sur place à Mayenne que dans la soirée, et trainant avec elle beaucoup de malades et de blessés. D’après un agent secret, ils laissèrent 200 personnes dans un hôpital, la dysenterie faisant déjà des ravages dans les rangs des rebelles. Il en mourait chaque jour beaucoup. L’arbre de la Liberté fut coupé, un citoyen fut massacré pour n’avoir pas voulu crier « Vive le Roi », et les maisons des habitants sans distinction furent pillés par les Vendéens, ils avaient faim et manquaient de tout. Après un séjour d’une nuit dans la ville de Mayenne, les Vendéens se remirent en marche le lendemain pour Ernée, en Ille-et-Vilaine. Le 8ème bataillon du Calvados et les bataillons de réquisitionnaires qui défendaient Ernée n’attendirent pas les Vendéens, comme à Mayence, ils s’enfuirent. Le général Brière envoya le bataillon des chasseurs de la Charente, qui à marche forcée, arriva à Ernée le 2 novembre au moment où l’avant-garde vendéenne entrait dans la ville. Ils repoussèrent cette avant-garde et poursuivirent hardiment les insurgés, mais ils tombèrent bientôt sur le gros des forces vendéennes. Ils étaient peut-être à un contre vingt, sans doute plus. Ils furent totalement écrasés par l’armée royaliste, les Charentais malgré des prodiges de bravoure furent massacrés, à peine la moitié revînt à Fougères dans la plus grande panique. Les Vendéens prirent Ernée, pillèrent les grains et les fourrages, brûlèrent les archives. C’est ici que Lescure agonisant, trépassa, le Saint du Poitou était mort. Dans la soirée du 2, le district de Fougères fit partir tous ses registres, ses caisses, les barils d’argenterie du district de la commune, pour Rennes, escortés des administrateurs Foubert et Vigron. Le 3 au matin, le convoi arriva à Rennes, les Vendéens étaient proches de Fougères.

Le bataillon participa à la bataille de Fougères (3 novembre). Le 2 novembre, trop tardivement, les troupes et la population creusèrent fébrilement des retranchements, la route de Laval fut coupée, à toutes les portes de Fougères des pièces de canon furent placées aux portes, l’officier du génie Obenheim fit son maximum pour convaincre Brière de se retrancher dans la ville, mais ce dernier ne l’entendait pas de cette oreille. Il plaça le 19ème bataillon d’infanterie légère à plus d’une lieue en avant de la ville en face d’Ernée. Le dispositif était lâche, et vers 10 heures du matin, l’armée vendéenne se mit en route pour Fougères. Stofflet conduisit l’avant-garde avec les tirailleurs. La Rochejaquelein disposa son armée en bataille en trois corps, le centre la colonne la plus faible suivit la route. Deux colonnes à droite et à gauche flanquèrent le centre. Derrière s’avançait la cavalerie du Prince de Talmont et de Forestier, l’arrière-garde était composée d’un imposant convoi de voitures chargées de munitions et de vivres, mais aussi de blessés et accompagnée par des milliers de femmes et de civils, à pied ou à dos de cheval, sur des chariots tirés par des bœufs. L’avant-garde vendéenne tomba sur celle de Brière et le 19ème bataillon d’infanterie légère. Ils ouvrirent le feu et chargèrent pensant l’ennemi en petit nombre. Les Vendéens sur le commandement de La Rochejaquelein reculèrent, et s’enfuirent, les républicains ne virent pas le danger. De gauche et de droite surgirent les deux colonnes vendéennes qui prirent de flanc le 19ème bataillon d’infanterie légère. Il fut accablé et écrasé, encerclé, les hommes refusèrent de se rendre et préférèrent la mort. Ce sacrifice ne fut pas inutile, un tiers de l’effectif put s’enfuir en désordre et rejoindre Fougères, où par ailleurs ils jetèrent l’épouvante dans la garnison. Devant Fougères le combat se poursuivit, les canonniers du Contrat Social se défendirent avec courage, les bleus tinrent la ligne durant une heure et demie. Mais les excellents tirailleurs de Stofflet étaient de bons tireurs, ils firent un feu dévastateur et les hommes tombèrent les uns après les autres. Soudain, la cavalerie de Talmont se présenta sur l’arrière de la ville de Fougères et des bleus. Ce fut immédiatement la panique, 400 défenseurs chargés de défendre ce côté, s’enfuirent sans autre forme de procès et s’enfermèrent dans le château de Fougères. Les Vendéens pénétrèrent dans la ville, 300 royalistes furent libérés des geôles républicaines, puis marchèrent ensemble sur la première ligne républicaine ainsi totalement tournée. Le sauve qui peut devînt général. Dans toutes les directions les hommes tentèrent de s’enfuir, poursuivis par les Vendéens qui ne firent pas de quartier. Toutes les maisons furent fouillées de bas en haut, et les soldats républicains pris furent fusillés sans miséricorde. Les 400 soldats du château furent faits prisonniers et les Vendéens se contentèrent de leur couper les cheveux et de les renvoyer. Les autres furent traités selon l’officier du génie Obeheim d’une manière honteuse, ce fut une véritable boucherie, Crétineau-Joly raconte : « on massacre tout ce qui se présente sous l’habit militaire, on investit les habitations, on en fait sortir ceux qui s’y sont ménagés une retraite, et ils meurent sous le fer des prisonniers que peu d’heures auparavant ils allaient immoler ». Beauchamp dans son Histoire de la Guerre de Vendée, dit « des soldats se jettent dans les maisons et s’y cachent pour échapper à la mort, mais les vendéens les poursuivent et ne leur font point de quartier, aussitôt découverts, aussitôt fusillés ». Un autre historien Th. Muret dans son livre Les guerres de l’Ouest dit simplement que les fusillés étaient d’anciens prisonniers bleus tondus et ayant trahis leur serment de ne plus servir contre le Roi, furent exécutés. A la mairie, Le sueur le maire et des notables patriotes furent faits prisonniers. Théodore Lemas raconte à leur sujet :

« Ils furent entrainés au château, entourés d’une foule de Vendéens, déjà ivres. Ils descendirent la rue de la Pinterie presqu’au milieu d’une obscurité complète, obscurité qui permit à quelques-uns de s’échapper, la pluie qui n’avait cessé de tomber toute la journée, augmentait la confusion, et le trouble de cette troupe […] Dans la cour du château au milieu des cadavres qui couvrent le sol, Le Sueur revêtu de son écharpe tricolore est fusillé contre le mur de la tour Raoul, ses compagnons partagent le même sort, leur nombre et leur qualité a été oublié »5.

Embrigadement/amalgame :

1ère formation :

La 6ème demi-brigade légère fut formée le 25 juin 1795, à Schelestadt, selon Belhomme. Elle se composait du 6ème bataillon des chasseurs, du 8ème du Calvados et du 4ème de Saône-et-Loire.

2ème formation :

La 6ème légère de 1ère formation devint les 5ème et 29ème demi-brigades légères.

Article de Laurent B.

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1 Belhomme, Histoire de l’Infanterie en France, tome 3 et 4.

2 Théodore Lemas, Un district Breton dans les guerres de l’Ouest et de la Chouannerie, 1793-1800, p. 41 et 42.

3 Ibidem, p. 45 et 46.

4 Théodore Lemas, Un district Breton durant les guerres de l’Ouest et de la Chouannerie, 1793-1800, p. 53 à 54.

5 Idem, p. 62.