4e bataillon de l’Ain

bataillon-de-volontaires-nationaux

4ème bataillon de l’Ain dit du district de Belley :

 

Date de formation : août 1792.

Historique :

1792 :

 

Le premier document qui évoque ce bataillon date du 4 août 1792, jour où Lapierre citoyen de Thoissey fut nommé chirurgien-major du bataillon qui fut définitivement organisé[1]. Son équipement restait à faire puisque le département adjugea une partie de celui-ci au sieur Delisle. Il dut fournir dans les trois semaines, 1 000 gibernes, 1 000 bretelles de fusils et 1 000 havresacs en peau[2]. L’instruction des nouvelles recrues, peut-être moindre que celles de 1791, fut une préoccupation. En effet dès le 7 août, le département accorda des primes pour les « instituteurs » œuvrant au sein du bataillon.

Du 13 août au 13 octobre, le bataillon fut entrainé et instruit aux choses de la guerre, par un caporal et huit fusiliers du 10ème régiment d’infanterie de ligne, comme en témoigne le paiement de fournitures faites à Montluel[3]. Cette mesure témoigne que les bataillons de 1792 comprenaient un nombre très faible d’anciens soldats contrairement à ceux de 1791 qui étaient bien pourvu en cadre d’expérience. Aussi pour pallier à l’inexpérience de ces recrues, il devint nécessaire de faire appel à des instructeurs issus des troupes de ligne pour apprendre les rudiments des manœuvres et de l’utilisation des armes aux volontaires fraichement incorporés. Cette instruction devait être toutefois très rapide et très parcellaire, car l’urgence de la situation militaire de la France demanda le départ immédiat de plusieurs compagnies de ce bataillon et de ceux formés en 1792.

Le bataillon étant formé et les officiers élus, il fut commandé par le lieutenant-colonel Duport[4] et le bataillon fut dispersé en garnison. C’est au cours de cette période que l’instruction rapide des hommes fut faite par les instructeurs, ainsi que les compléments des équipements et des armes. Le 9 août, un état des lieux du bataillon fut dressé juste après sa formation. Il comprenait 805 hommes dont un excédent de 34 hommes[5] :

 

Noms Grades Unité
Duport Aimé-Olivier[6] 1er chef de bataillon 4ème de l’Ain
Bernard Thomas[7] 2ème chef de bataillon Etat-major
Regnaud Jean-Baptiste Adjudant-Major Etat-major
Aillaud Pierre-Marie Quartier-maître Etat-major
Lapierre Etienne-Marie Chirurgien-major Etat-major
Armand Pierre-Denis[8] Capitaine Compagnie de grenadiers
Minangoy Philibert Capitaine 1ère compagnie
Massicot Pierre Capitaine 2ème compagnie
Monarque Louis-Clair Capitaine 3ème compagnie
Salette Joseph Capitaine 4ème compagnie
Berger Jean-Baptiste Capitaine 5ème Compagnie
Carron Jean-Louis Capitaine 6ème compagnie
Margerot Jean-Louis Capitaine 7ème compagnie
Bouvier Pierre-Joseph Capitaine 8ème compagnie

 

L’habillement se poursuivit, le département payant plusieurs ballots d’habillement pour les volontaires le 11 août[9]. Mais contrairement aux trois premiers bataillons formés en 1791, le temps pressait, la France était en guerre et menacée. La ville de Bourg était aussi engorgée par l’afflux des volontaires de l’Ain et par le passage de troupes de ligne et de bataillons de volontaires d’autres départements. Déjà aux mois de juin et juillet, le département avait tiré la sonnette d’alarme vis-à-vis du logement de ses troupes. D’autant plus que malgré la législation en cours, le ministère de la guerre, représenté par son commissaire des guerres, ne payait pas les énormes frais entraînés par l’entretien de ces troupes. Le 14 août, l’annonce de l’arrivée de trois compagnies d’un bataillon de Rhône-et-Loire provoqua l’émoi au directoire du département[10]. Aussi était-il urgent pour les administrateurs d’écarter au plus vite ce grand nombre de volontaires. Le conseil d’administration du bataillon écrivit ainsi que :

« Le bataillon formé le 9 août 1792 fut envoyé deux jours après en garnison, sans instruction quelconque et entièrement livré à lui-même, on sentit peu de temps après la nécessité de renvoyer dans leurs foyers une infinité de volontaires sujets à la réforme, le conseil entièrement occupé avec le quartier-maître à mettre en activité, les diverses parties de l’administration ne songea pas à former les contrôles de signalements, les volontaires furent renvoyés sans qu’au préalable ils eussent été signalés »[11].

 

Dès le 14 août, le département signala qu’une partie des hommes du 4ème avaient été répartis entre le fort de Pierre-Châtel, Saint-Blaize, au Gollet, à Saint-Didier et à Massignieu. Le 4 septembre, le lieutenant-colonel Duport fut autorisé à fournir à ses soldats les souliers, bas, chemises dont ils étaient dépourvus par le département de l’Ain :

« Monsieur Duport premier lieutenant-colonel du 4ème bataillon de l’Ain ayant été introduit dans le lieu des séances du directoire du département a représenté que beaucoup d’hommes du bataillon qu’il commande manquent de souliers, bas et chemises et que la privation de ces effets occasionne le mécontentement des volontaires […] et invite le conseil d’administration du bataillon à user de la plus sévère économie dans les marchés qu’il passera ».

Comme nous le voyons si l’autorisation lui fut donnée, les fonds manquaient puisque l’économie lui était recommandée. Cependant devant l’urgence de la situation, le département  autorisa le 10 septembre, le conseil d’administration du bataillon à faire équiper les volontaires :

« Vu la lettre de l’Etat-major du 4ème bataillon de l’Ain en quartier à Montluel en date du 8 septembre par laquelle il expose que l’habillement de ce bataillon est dans un état de délabrement qui permet à peine aux volontaires de se montrer en public que celui qui lui a été promis et dont la confection a été confié à un commissaire député de Lyon par le conseil du département ne lui a point été remis et enfin que cet état de dénuement occasionne le découragement parmi les volontaires et les prête à l’indiscipline […] le 4ème bataillon de l’Ain demeure autorisé sous la surveillance du district de Montluel à faire fournir aux volontaires dudit bataillon les effets d’habillements les plus nécessaires ».

 

Il est important de souligner cette autorisation. Pour les trois premiers bataillons, l’adjudication des fournitures avait été contrôlée directement par le département. Mais pour le 4ème et probablement les bataillons suivants, l’urgence de son équipement, obligea les administrateurs du directoire à conférer ce droit directement aux chefs de bataillons. Le contrôle civil sur les dépenses devint dès lors plus lâche. Le bataillon n’avait par ailleurs pas fini d’être empêtré dans la fourniture de son équipement. Le 11 septembre, le département évoqua le problème de l’équipement des volontaires en vestes et culottes[12]. Le 16 septembre, une avance de 10 000 livres lui fut consentie pour compléter les effets manquants en plus d’un paiement de 1 209 livres et 19 sols et déposé entre les mains de l’adjudant-major Regnaud[13]. Le 5 octobre, le département comptabilisa les frais de fournitures du bataillon (habillement et équipement) pour une somme de 63 957 livres, sur la présentation de diverses factures de négociants de la ville de Lyon.[14] Le 13 octobre, le bataillon n’avait pas fini de s’équiper puisque le département signala encore le payement de 2 544 livres pour des fournitures diverses. Le 31 octobre, le chef de bataillon Duport se vit attribuer à nouveau une somme de 10 769 livres pour compléter l’équipement des hommes en havresacs, fourreaux de baïonnettes, sabres de grenadiers, guêtres rousses, bonnets, tambours et autres matériels[15]. En 1793, ces remboursements n’étaient pas encore terminés. Le 25 janvier, le citoyen Aillaud, négociant de Bourg, demanda le paiement de 5 400 livres pour la livraison de 800 paires de guêtres noires. Cette demande fut envoyée directement au conseil d’administration du bataillon qui avait reçu l’autorisation de négocier et d’acheter lui-même ses équipements. Le département repoussa le paiement du mandat en arguant du fait que seul le ministre de la guerre pouvait en décider, et renvoya la décision au ministère…[16]

Dans le même temps, où officiers et administrateurs du département s’échinaient pour armer et préparer le bataillon, il fut fait mention de nombreux déserteurs du 4ème bataillon de volontaires. Des mesures furent prises contre eux dans le district de Montluel[17]. Le 22 octobre, le volontaire François Perraud, de Cuet, fusilier à la 5ème compagnie avait déjà été renvoyé chez lui avec un congé pour cause d’infirmité[18]. Le 9 novembre, le département annula une autre nomination en la personne de Michel Larigauderie[19], « maçon de Pont-d’Ain, qui s’est inconsidérément enrôlé alors qu’il a une femme et trois enfants »[20]. Une autre annulation, intervint le 21 novembre en la personne de Claude-Marie Sudy, ouvrier de l’imprimerie Philipon, qui s’était enrôlé dans le bataillon[21]. Nous savons par une plainte des officiers du 4ème bataillon, qu’au moins une compagnie était cantonnée à Collonges pendant cette période. Le 31 octobre, la plainte arriva au département et dénonça :

« Différents faits et nottament d’injures graves envers le commandant, les officiers, sous-officiers et soldats et d’une extorsion de 2 000 livres au citoyen Bouton négociant à Lyon contre le sieur Beatrix maire et autres officiers municipaux du dit Collonges, ensemble du refus fait par ces derniers pour les fournitures et ustensiles nécessaires aux corps de garde et prison et un autre mémoire ou procès-verbal du 23 octobre dernier dressé par les dits commandants et officiers du 4ème bataillon contenant plainte des mêmes injures et refus de fournitures ».

 

Comme nous le voyions, le cantonnement provisoire des hommes et la cohabitation avec les autorités locales étaient loin d’être une mince affaire. Le département resta prudent et demanda d’entendre Beatrix et les officiers municipaux de Collonges. L’affaire ressurgit le 6 novembre, lorsqu’un voiturier du nom de Thévenin demanda et obtint le remboursement du transport de huit soldats sur la réquisition du citoyen Beatrix maire de Collonges, de la prison de cette localité à celle de Bourg. Il est probable que les hommes du 4ème ne s’étaient effectivement pas bien comportés durant leur séjour. L’inactivité, la promiscuité, la fourniture de vivres et de vins devaient peser lourdement sur les localités impliquées. Le comportement des volontaires ne devaient par ailleurs pas être tout à fait exemplaire, ce qui fut déjà le cas pour ceux enrôlés en 1791[22].

1793 :

Le 16 janvier, un gendarme nommé Maréchal, maréchal-des-logis de la brigade de Gex réclama des frais de route au département pour différentes sommes qu’il avait convoyées pour la caisse du district et pour celle du 4ème bataillon. Il est probable qu’avant son départ pour la Savoie et l’armée des Alpes le bataillon se trouvait en partie, ou du moins son Etat-major, en garnison à Gex et dans ce district[23]. En effet, nous apprenons le 8 février que le salpétrier Augustin Guy et ses ouvriers ne purent s’installer dans le bourg de Collonges car : « lorsqu’il s’est présenté avec ses ouvriers, les maisons, granges, écuries étoient occupées soit par les chasseurs, soit par l’Etat-major et les volontaires du 4ème bataillon de l’Ain ». L’Etat-major du bataillon et une partie de ses hommes étaient alors à Collonges, légèrement plus au sud que sa précédente localisation[24]. Le bataillon dépendait des troupes du général Kellermann, qui avait pris le commandement de l’armée des Alpes. Une partie de son effectif était en garnison en Savoie dès la fin novembre[25]. Le gros du bataillon se trouvait le 15 décembre 1792 en couverture du Mont-Cenis et du col du Petit Saint-Bernard dans la vallée de la Maurienne à Aiguebelle et La Chambre[26]. Il était alors sous le commandement du maréchal de camp Laroque[27]. Il cantonnait toujours en ce lieu à la date du 11 janvier toujours en première ligne[28].

A l’arrière le département traita toujours des formalités administratives qui ne cessaient de se présenter à propos du bataillon. Le 25 janvier, le département évoqua également des fournitures faites par Lombard, drapier à Bourg. Les frais de fournitures faits à ces hommes le 1er mai à Montluel, indiquent qu’une partie du bataillon était alors stationné dans cette localité et encore en cours d’instruction. Nous trouvons également trace du lieutenant François-Balthazar Gaillard, faïencier qui fut signalé par le département pour une note qu’il fit passer au nommé Garron-Châtenay[29]. Le 14 mai, le bataillon fut passé en revue par le commissaire des guerres Jalabert, le chef de brigade La Tessière et le commissaire délégué Louis Lasalle. Cette revue eut lieu dans son cantonnement de Saint-Michel à l’armée des Alpes. Elle nous permet de dresser un nouvel tableau[30] :

 

Noms Grades Unité
Bernard Thomas[31] 1er chef de bataillon 4ème de l’Ain
Carrel Claude-André[32] 2ème chef de bataillon Etat-major
Regnaud Jean-Baptiste[33] Adjudant-major Etat-major
Aillaud Pierre-Marie Quartier-maître Etat-major
Lapierre Etienne-Marie Chirurgien-major Etat-major
Menal Joseph[34] Adjudant sous-officier Petit Etat-major
Perrody Jean-Baptiste Tambour-major Petit Etat-major
Javelle Pierre Armurier Petit Etat-major
Armand Pierre-Denis Capitaine Compagnie de grenadiers
Minangoy Philibert[35] Capitaine 1ère compagnie
Massicot Pierre Capitaine 2ème compagnie
Monarque Louis-Clair Capitaine 3ème compagnie
Salette Joseph Capitaine 4ème compagnie
Gastier Joseph-Marie Capitaine 5ème compagnie
Bochard Louis-Marie Capitaine 6ème compagnie
Margeret Jean-Louis[36] Capitaine 7ème compagnie
Bouvier Pierre-Joseph Capitaine 8ème compagnie

Pendant ce temps les hommes du bataillon étaient toujours dans un réel dénuement. L’armée des Alpes manquait de tout et d’un grand nombre d’armes. Environ 15 000 fusils étaient manquants et l’équipement et l’habillement eux aussi dans le plus grand délabrement. Cette inspection est intéressante car elle nous donne une situation matérielle de tout le bataillon :

 

Compagnie de grenadiers, 70 hommes

Equipements Bons A réparer H.S ou manquants % manquant
Habits 70
Vestes 70
Culottes 70
Chapeaux 58
Fusils 0 69 1 100%
Baïonnettes 69 1 1,4 %
Sabres 68

1ère compagnie, 87 hommes

Equipements Bons A réparer H.S ou manquants % manquant
Habits 50 34 3 42,5 %
Vestes 67 16 3 22 %
Culottes 48 20 18 44 %
Chapeaux 40 30 26 58 %
Fusils 20 18 36 78 %
Baïonnettes 60 0 8 11,7 %
Sabres 6 0 2 25 %

2ème compagnie, 87 hommes

Equipements Bons A réparer H.S ou manquants % manquant
Habits 76 7 3 11,5 %
Vestes 50 14 22 42 %
Culottes 45 10 31 42,7 %
Chapeaux 23 8 55 73 %
Fusils 35 0 51 59 %
Baïonnettes 35 0 51 59 %
Sabres 6 0 2 25 %

3ème compagnie, 86 hommes

Equipements Bons A réparer H.S ou manquants % manquant
Habits 20 50 16 76,7 %
Vestes 15 45 26 82,5 %
Culottes 15 12 59 82,5 %
Chapeaux 10 40 36 88 %
Fusils 24 15 47 72 %
Baïonnettes 73 0 13 15 %
Sabres 6 0 2 25 %

4ème compagnie, 88 hommes

Equipements Bons A réparer H.S ou manquants % manquant
Habits 78 4 4 9 %
Vestes 77 5 4 10,5 %
Culottes 44 38 4 49 %
Chapeaux 48 26 12 42 %
Fusils 63 14 9 27 %
Baïonnettes 80 0 6 7 %
Sabres 8 0 0 0

5ème compagnie, 88 hommes

Equipements Bons A réparer H.S ou manquants % manquant
Habits 71 12 3 17,5 %
Vestes 60 13 13 30 %
Culottes 79 6 1 8 %
Chapeaux 70 0 16 18,5 %
Fusils 40 15 31 53,5 %
Baïonnettes 78 0 8 9 %
Sabres 7 0 1 12,5 %

6ème compagnie, 90 hommes

Equipements Bons A réparer H.S ou manquants % manquant
Habits 20 54 12 76,5 %
Vestes 17 51 18 80 %
Culottes 6 21 59 93 %
Chapeaux 31 31 24 64 %
Fusils 12 20 54 86 %
Baïonnettes 15 17 54 82,5 %
Sabres 6 2 0 25 %

7ème compagnie, 89 hommes

Equipements Bons A réparer H.S ou manquants % manquant
Habits 30 42 14 65 %
Vestes 47 30 9 45 %
Culottes 61 15 10 29 %
Chapeaux 40 30 16 53,5 %
Fusils 15 27 44 82,5 %
Baïonnettes 72 0 14 16 %
Sabres 1 0 7 87,5 %

8ème compagnie, 87 hommes

Equipements Bons A réparer H.S ou manquants % manquant
Habits 55 15 16 36 %
Vestes 30 34 22 22 %
Culottes 40 27 19 65 %
Chapeaux 36 12 38 58 %
Fusils 12 22 52 86 %
Baïonnettes 30 0 56 65 %
Sabres 8 0 0 0 %

9ème compagnie, 87 équipements

Equipements Bons A réparer H.S ou manquants % manquant
Habits 44 20 22 49 %
Vestes 72 0 14 16 %
Culottes 44 0 42 49 %
Chapeaux 44 0 42 49 %
Fusils 21 20 45 75,5 %
Baïonnettes 31 10 45 64 %
Sabres 4 1 3 50 %

Cette longue énumération nous permet de bien comprendre l’état matériel du bataillon, son grand dénuement et le manque cruel d’armement en état de servir. A l’échelle du bataillon 39 % des habits, 40 % des vestes, 46 % des culottes, 52 % des chapeaux étaient complètement inutilisables, manquants ou à réparer. L’aspect du bataillon devait être bien pitoyable à contempler… L’armement nous l’avons remarqué était dans une situation encore plus précaire : 71 % des hommes n’avaient pas de fusil ou en possédait un inutilisable. Sur le total, 242 fusils étaient bons, tandis que 104 hommes n’en étaient pas même équipés, 35 % du total des baïonnettes étaient manquantes ou inutilisables. Nous comprenons dès lors que la fameuse « Furia Francese », la charge à la baïonnette tant vantée et magnifiée, fut dès lors une nécessité. Les hommes ne pouvaient se défendre avec des fusils hors service. Mais ils leur restaient leurs baïonnettes au bout du canon. Cette raison de la pauvreté de l’équipement n’a jamais été invoquée pour expliquer son emploi massif dans les armées françaises de la Révolution. Mais peut-être faudrait-il bien revoir notre copie à propos de cette tactique ? Lors de cette revue le commissaire des guerres précise également à propos du bataillon :

« L’espèce d’hommes dont le bataillon est composé est bonne mais un peu jeune et peu élevé, et d’un civisme prononcé, la tenue nous a paru très bonne. Il est urgent de remplacer ce bataillon ce qui est hors service et ce qu’il manque au complet suivant le détail ci-contre et nous joignons à l’appui de cette revue un état de demandes que nous a fait le conseil d’administration, il lui manque 4 caisses de tambour qui ne lui ont point été fourni lors de sa création ainsi que 700 bretelles de fusils […] la coiffure du bataillon est généralement mauvaise, elle a besoin d’être renouvelé, il est indispensable de former un magasin à Saint-Jean-de-Maurienne en effets de linges, chaussures afin d’être à même de fournir aux troupes de la Maurienne »[37].

 

Le dénuement décrit dans tous les anciens ouvrages sur les campagnes de la Révolution, et les volontaires nationaux, était donc bien réel et ne fait pas partie d’une image d’Epinal qui aurait été arrangée pour présenter les volontaires sous une lumière et un aspect héroïque. Le général Kellermann après avoir visité les cantonnements et les défenses de son armée, décida le 14 février de renforcer ses défenses par la construction de retranchements. Dans la vallée de la Maurienne où le bataillon avait pris ses quartiers d’hiver, il est probable qu’il fut employé à l’édification de défenses. Le 15 avril, il fut signalé comme « troupe de garnison » avec un effectif de 34 officiers et 846 hommes. Il fut décidé de l’occupation des plateaux de Termignon et de Bramans, et les hauteurs de Sarlières. Il se trouvait dans la division d’avant-garde du général Dumuy[38] à la date du 1er mai. Cette division était composée du corps de la Tarentaise et de celui de la Maurienne[39] dont fit partie le 4ème bataillon de l’Ain dans la brigade du général Laroque[40]. Le conseil d’administration du bataillon raconta :

« Qu’il étoit dispersé par compagnie sur un front de plus de 15 lieues de longueur […] le bataillon eut l’ordre de se mettre en campagne, une partie du corps n’eut pendant très longtemps aucune communication directe avec l’autre, l’Etat-major même se trouva placé dans un poste où pendant plus de 4 mois, il fut impossible d’avoir avec lui la caisse et les autres registres, soit à cause de la difficulté des chemins, soit à cause de la proximité de l’ennemi qui montait à chaque instant à l’attaque, encore qu’il fut forcé d’abandonner la confection des contrôles. Pendant cet intervalle, quelques volontaires sont morts, ou ont été réformés sans au préalable avoir fourni leur signalement »[41].

 

Le 15 août, le 4ème bataillon de l’Ain était dans la vallée de la Maurienne sous le commandement du général Ledoyen[42] qui commandait une brigade d’environ 4 500 hommes. Nous y apprenons la mission du bataillon et de ses hommes. Pendant que le 1er bataillon du 23ème d’infanterie de ligne se trouvait à Termignon avec six canons, des avant-gardes surveillaient le Mont-Cenis à Lanslebourg et à Entre-Deux-Eaux face au col de la Vannoise. Un autre ouvrage défendu par huit canons et le 1er bataillon des volontaires des Landes barrait et contrôlait le débouché du Mont-Cenis. Les deux camps étaient en communication par une redoute défendue par un bataillon de grenadiers et deux pièces de canon. Plus en arrière le 6ème bataillon de l’Ain était en réserve à Aussois, le 5ème bataillon de la Gironde était à Modane et Notre-Dame-du-Charmais. Le 4ème bataillon était à Saint-Michel et couvrait la ligne de retraite en surveillant les passages qui menaient dans la vallée de la Maurienne[43].  Avec la brigade qui défendait la vallée de la Tarentaise, la brigade du général Ledoyen[44] fit partie de la division du général Dornac[45]. Le volontaire Laurent Fourier écrivit le 9 août, à sa mère résidant chez Simon, drapier à Polliat[46] :

«  De Valoir, Ma chère mère […] j’ai reçu la lettre que vous m’avez envoyé et vous me faites beaucoup de plaisir de m’avoir envoyé les dix livres comme je revenais de détachement sur les montagnes, j’étais redevable de 5 livres du fils Pelletier. Je n’ai pu vous faire réponse tout de suite de la lettre que vous m’avez envoyée parce que j’étais en détachement de patrouille, voilà pourquoi je n’ai pas put vous faire réponse tout de suite. […] ici que nous sommes on vend la mesure du blé 14 francs et la mesure est de 22 livres, le pain se vend 25 sous la livre et le pot de vin, 50 sous et depuis que nous sommes ici nous avons beaucoup vu de peine et de misère. Toujours en détachement sur les montagnes, dans la neige jusqu’à la ceinture et dans le froid et mal couché, toujours sur la paille que malgré cela je me porte bien jusqu’à présent quoi que nous avons des misères, nous sommes toujours content. Nous donnons souvent la poursuite aux piémontais que le Roi de Sardaigne se cache dans les roches et qu’il tire bien un coup de fusil mais malgré cela il lui manque beaucoup de monde et il en déserte souvent dans la France. Ma chère mère vous n’avez qu’à vous informer si vous pourrez recevoir la pension que la nation donne à ceux qui ont des fils dans les troupes, vous me le marquerez dans la lettre et ej demanderai un certificat pour vous faire recevoir la paye. Mon adresse est au citoyen Laurent Fourier, volontaire au 4ème bataillon du département de l’Ain, compagnie n° 2 Masicot capitaine, en garnison à Saint-Michel en Savoie, canton de Maurienne, département du Mont-Blanc ».

 

Au mois d’août l’armée des Alpes se trouvait dans une situation délicate. Le général Kellermann avait dut se porter avec une bonne part de ses forces contre les révoltés fédéralistes de Lyon. Les Piémontais entendaient bien profiter de l’affaiblissement des républicains et montèrent une offensive pour bousculer les Français. Dans la vallée de la Maurienne, le marquis de Cordon qui commandait les troupes piémontaises, passa à l’attaque dans la nuit du 29 au 30 juillet. A cette date le 4ème bataillon de l’Ain cantonnait à Saint-Michel dans cette vallée de la Maurienne qui fut attaquée. Le bataillon comptait 792 hommes au complet. L’ennemi disposait de 10 bataillons et de deux escadrons de dragons, soit environ 7 000 hommes.

Dès le 14 août, le général Ledoyen fut forcé d’abandonner ses postes à Lanslebourg et Termignon. Les avant-postes français furent submergés. Le général Ledoyen engagea le combat le 15 août, pour refouler les Piémontais du pont du Nant qu’ils venaient de rétablir. Les Français brûlèrent le pont mais le marquis de Cordon tourna les positions françaises et envoya des détachements à Aussois où cantonnait le 6ème. Le général Ledoyen ordonna à nouveau la retraite et se replia sur Saint-André et Saint-Michel qui était le cantonnement du 4ème bataillon[47]. L’offensive piémontaise se développa alors sur trois axes et le 22 août le général Ledoyen était en position à Aiguebelle et La Chapelle. La résistance fut vaine, le 25 août, le général de la Tour subordonné du marquis de Cordon surplombait la localité de Saint-Michel. Le 26 août, les Piémontais occupaient Saint-Jean-de-Maurienne et stoppèrent leur offensive les 28 et 29 août pour attendre l’autorisation du major-général de Wins de poursuivre plus en avant l’attaque[48].

L’alarme était grande à l’Etat-major et le général Dubourg[49] fit savoir qu’il pourrait encore être obligé de reculer ce qui consommerait la perte de la Savoie. Kellermann qui était au siège de Lyon avec ses troupes, arriva à bride abattue. Le 21 août, il se présenta à Conflans et donna l’ordre de tenir les positions tant qu’une attaque n’était pas lancée. Il mit en place un nouveau dispositif de défense mais nous ne saurons pas quel fut le rôle joué et dévolu aux 4ème et 6ème bataillons de l’Ain. La brigade Ledoyen fut regroupée à Aiguebelle, forte de six bataillons et faisant face aux hommes du marquis de Cordon. Mais l’ennemi ne bougea pas ce qui laissa le temps aux Français de s’organiser pour lancer une contre-attaque. Le 10 septembre, elle fut mise au point pour repousser les Piémontais. Nous trouvons trace de ce combat dans un rapport de l’Etat-major de la brigade :

« Le 10 septembre, les Piémontais, fortifiés par des paysans rebelles, avaient gravi des montagnes jugées inabordables et par là, cerné un détachement des troupes de la République postées sur la montagne d’Albane. L’adjudant Prisye ordonna au citoyen Bernard, 1er chef de bataillon du 4ème de l’Ain, de marcher avec 150 hommes pour appuyer notre poste. L’ennemi jugea que nous voulions y tenir et déjà se préparait à nous fusiller et à nous écraser de pierres. 50 chasseurs avaient été postés sur les hauteurs et semblaient vouloir le tourner, les piémontais se retirèrent au plus haut de la montagne. […] Il ordonna donc au chef de bataillon Bernard de se porter, pendant la nuit sur la montagne occupée par eux. […] le chef de bataillon choisit 150 hommes et se trouva à la pointe du jour en face de 300 piémontais […] Trois décharges qu’elles essuyèrent ne les arrêtèrent pas. Bientôt, elles approchèrent et emportèrent le poste »[50]. 

 

L’attaque principale dut cependant être lancée de la vallée de la Tarentaise. En Maurienne, la division Dubourg et bien entendu la brigade Ledoyen durent faire diversion. C’est en préparant cette opération que le hasard fit que le marquis de Cordon reçut l’ordre de pousser également son avantage avec quelques renforts. Un combat éclata le 11 septembre, et engagea de faibles effectifs et de l’artillerie. Personne ne prit l’avantage et les efforts des combattants se poursuivirent pour supplanter l’adversaire. Le 15 septembre, le général Ledoyen réussit à prendre l’avantage sur le marquis de Cordon qui dut à son tour replier ses magasins de Saint-Jean sur Saint-Michel. Les opérations furent finalement paralysées par la chute de quatre pieds de neige ce qui permit aux Piémontais de s’organiser[51].

Il neigea sur la région sans discontinuer du 16 au 18 septembre, le bataillon était alors à Valloire sous le commandement de l’adjudant-général Prisye. Le général Ledoyen arriva cependant à faire occuper le Col de la Madeleine et à occuper la Chapelle. L’ennemi fut battu et se replia sur Moûtiers en éprouvant des pertes et une trentaine de prisonniers[52]. A cette date le bataillon fut passé en revue avec sa brigade, dans sa position de Valloire. L’unité comprenait le 4ème bataillon d’infanterie légère, les 4ème et 6ème bataillons de l’Ain et le 2ème bataillon de Haute-Loire[53]. Le bataillon n’était pas au complet comprenant deux chefs de bataillons, deux adjudants-majors et quartiers-maîtres, trois capitaines, sept lieutenants et sept sous-lieutenants, 424 hommes étaient présents sous les armes, 64 aux hôpitaux, 10 prisonniers des piémontais, trois au fort de Pierre-Encise, à Lyon et à Miolans, 288 détachés à Aiguebelle, 36 à Grenoble. Le total des absents se montait à 404 hommes pour un complet de 828 hommes. Sur le nombre des officiers, un capitaine était à l’état-major, un autre dans une compagnie de chasseurs, un autre au dépôt, un autre « aux partisans » ce qui sous-entend que des sortes de corps-francs étaient montés pour harceler les Piémontais. Enfin trois officiers étaient à l’hôpital, un capitaine, un lieutenant et un sous-lieutenant. La brigade de Prisye était par ailleurs accompagnée par un caporal, trois canonniers, quatre pièces de canons 1[54], quatre coffrets de munitions contenant 80 coups chacun en boulet et en mitraille, trois muletiers et six mules pour transporter le tout[55].

Les Français ne furent pas en reste et les combats se développèrent peu après sur tout le front. Le 27 septembre, la brigade Ledoyen fit partie des forces qui durent passer à l’offensive pour s’emparer du col de la Madeleine. Le 29 septembre, le col fut enlevé et tenu fermement par 1 500 hommes dont firent partie nos volontaires du 4ème bataillon. Trois-cents ennemis furent mis hors de combat, et autant furent fait prisonniers, sans compter la prise de quatre pièces de canon et de leurs équipages. Le 4ème de l’Ain et la brigade Prisye purent ensuite tenter de prendre l’ennemi de flanc dans une opération plus vaste[56]. L’attaque se développa parallèlement dans le Beaufortain et les Piémontais durent là aussi retraiter en abandonnant Beaufort pour défendre le col de Roselend[57]. En Tarentaise, le succès fut également complet pour les Français qui forcèrent les Piémontais à abandonner complètement la vallée. Le 30 septembre, la brigade Ledoyen et les bataillons de l’Ain furent à l’honneur dans une attaque prévue sur Valmeynier le lendemain. L’adjudant-général Prisye forma en sept colonnes d’attaque les 4ème bataillons d’infanterie légère, les 4ème et 6ème bataillons de l’Ain et le 2ème bataillon de Haute-Loire[58]. Ses troupes passèrent à l’attaque à la baïonnette et repoussèrent les hommes du major piémontais de la Boissière en s’emparant de tous les postes ennemis. 900 hommes[59] bondirent de leurs positions d’attaques tuèrent ou blessèrent une cinquantaine d’hommes à l’ennemi, firent une centaine de prisonniers dont plusieurs officiers[60]. Le 3 octobre 1793, l’adjudant-général Prisye raconta cette attaque dans une lettre au ministre de la guerre :

« le 1er octobre a été, du côté de Valmeinier, signalé par une attaque véritable qu’à pleinement couronné le succès, le plan que j’avais combiné ne pouvait manquer de réussir avec des soldats tels que ceux qui composent cette armée, savoir ceux des 4ème et 6ème bataillon de l’Ain, du 4ème bataillon d’infanterie légère ci-devant chasseurs corses et 2ème de la Haute-Loire […] le soir je fis partir une troupe sur 7 colonnes pour se tenir prêtes à l’attaque des villages de Valmeinier, du Desert et de diverses cassines où les piémontais étaient retranchés soit avec du canon et autres bouches à feu connues sous le nom d’espingoles avec recommandation expresse de ne point s’amuser à consommer de la poudre mais d’enlever le poste à la baïonnette, notamment les batteries. Toute la troupe se porta avec moi à la hauteur du point d’attaque, où elle passa la nuit sur la neige. A 5 heures du matin, je fis battre la charge […] 900 hommes ont battu complètement et débusqué environ 800 soldats piémontais, à eux joints 200 paysans au moins, de postes imprenables s’ils eussent été occupés par des hommes libres. A 6 h 30, étaient déjà enlevés tous les postes ennemis au nombre de huit. Deux heures après, furent en notre pouvoir 84 prisonniers, trois officiers dont un d’artillerie, un major piémontais et un porte enseigne et le commandant général des paysans appelé Maréchal et 17 paysans pris les armes à la main, 2 pièces de canon de montagne du calibre 4, leurs affûts et caissons bien garnis, une espingole, des mulets de convoi, du pain et du riz […] ces pièces ont été prises après six décharges à mitraille dirigée sur les nôtres à très petite distance. Pendant 7 heures la charge a battu de toutes parts et par toutes les colonnes […] j’évalue la perte des piémontais à 50 hommes tués et autant de blessés ».

 

Les opérations du bataillon n’étaient pas encore finies et Prisye ajouta dans son récit qu’il attendait d’être remplacé dans ses cantonnements de Saint-Julien et Saint-Michel pour se porter en avant après avoir fait réparer les ponts que l’ennemi avait fait sauter[61]. Le général Ledoyen poussa son avantage et attaqua le 5 octobre 1793, Notre-Dame-du-Charmais tandis que l’adjudant Prisye avec les volontaires de l’Ain des 4ème et 6ème bataillons se portaient sur les hauteurs de la rive droite de l’Arc. Le 6 octobre, ils atteignirent Modane mais le pont du Nant avait été détruit par les Autrichiens. En quelques jours, le terrain perdu pendant l’été fut regagné et le 7 octobre, la brigade Ledoyen et les volontaires de l’Ain sous les ordres de Prisye étaient à Termignon, Lanslebourg et Entre-Deux-Eaux[62]. La victoire était totale pour le général Kellermann qui dut cependant remettre son commandement au général Dornac et se retrouva emprisonné à Paris dans la prison de l’abbaye, le 6 novembre. Entre temps, le général Kellermann qui écrivit le 9 octobre, de son QG de Thermignon son rapport sur les derniers événements félicita les chefs de bataillons de la brigade Ledoyen :

« Le général Ledoyen qui toujours à la tête des détachements les plus importants partageait avec les soldats la fatigue des marches, la rigueur des bivouacs, les privations de toute espèce, multipliait par son infatigable activité pour bien connaître le pays et trouver les moyens d’attaquer l’ennemi avec avantage mérite les plus grands éloges. Le général Badelone, qui marchait à l’ennemi toujours à la tête des troupes ; l’adjudant-général Prisye, ainsi qu’un grand nombre d’officiers de tous grades […] Dans ce nombre, il est juste de citer plus particulièrement les chefs de bataillons Lamaille du 10ème régiment, Chambarlhac du 1er de Haute-Loire, Saint-André du 5ème de l’Isère, Bernard du 4ème de l’Ain etc…»[63].

 

Le 26 octobre, le volontaire Benoit Chatellain, de la 8ème compagnie de Bouvier écrivit de Villaudrin à sa mère Jeanne Jacquet résidant à Polliat. Il décrit les souffrances et les conditions de vie très difficiles des troupes de l’armée des Alpes. L’ennemi évoqué n’est pas le Piémontais ou l’Autrichien… mais la dureté de la vie en montagne, le froid, la neige. Un homme de la compagnie mourut de froid durant une nuit. Installé pour le bivouac dans des cabanes de fortune, les hommes luttaient avant tout contre le climat[64] :

« Vous me marquez que vous avez fait faire un certificat et que vous n’avez point put me renvoyer à cause que vous ne savez pas où je suis, mais vous le saurez avant d’achever de lire la présente. Nous sommes dans un village où nous ne savons le temps que nous y resterons nous souhaitons tous les jours en sortir. Je crois que l’on ne veut pas faire partir notre bataillon de sitôt de ce coquin de pays après avoir souffert comme personne n’a put souffrir cette année. L’on nous fait marcher dans la neige jusqu’à la ceinture et sans espérance d’en sortir. Si la force et le courage ne nous avez secouru nous y serions peut-être encore ainsi que vous pouvez penser ma chère mère si nous avons mangé la pain de la nature sans le gagner. Le lendemain de l’arrivée sur la montagne du col de Belmont, nous fîmes des petites cabanes pour nous mettre à l’abri du mauvais temps et sitôt qu’elle sera faite la neige tomba le jour et la nuit sans discontinuer. Elle boucha la porte de nos cabanes où nous fûmes obligés de la dévarier pour sortir. La plus part de nos chasseurs et nous autres nous ne savions pas duquel côté donner de la tête. Il resta un chasseur de notre bataillon raide de la froid sans lui avoir put donner aucun secours. Vous pouvez donc ma chère mère, m’envoyez sitôt la présente reçue le certificat que vous avez pris la peine de faire faire sitôt la présente reçue. Je finis en vous embrassant du plus profond de mon cœur et je suis pour la vie votre cher fils, Benoit Chatelain, volontaire à la 8ème compagnie du 4ème bataillon de l’Ain en cantonnement à Villaraudin, près Modanne département du Mont-Blanc ».

 

Les comptes du bataillon furent établis pendant l’hiver par le conseil d’administration. L’administration générale de l’armée établie à Grenoble précisa « qu’il est rare de trouver un bataillon dont l’administration des finances soit aussi en règle que dans le bataillon de l’Ain. Le conseil d’administration est bien louable de son zèle, quoiqu’il n’avoit fait que son devoir, voilà une preuve qu’on peut et bien se battre et bien administrer »[65]. Le bataillon était donc tenu à l’arrière en grande estime, autant pour ses qualités combattantes que pour sa bonne administration. Il se trouvait le 21 décembre, dans la division du général Dours, près de Chambéry. Son effectif comprenait 536 hommes sous les drapeaux, quatre en congé et 93 aux hôpitaux. Enfin 93 hommes étaient détachés dans un avant-poste inconnu.

1794 :

Le 4 janvier, plusieurs hommes du bataillon demandèrent et obtinrent un certificat de civisme devant le comité de surveillance de Bourg (le soldat Pierre-Joseph-Artos Pingeon, Nicolas Stüngler officier vétéran, et le sergent Benoit Buffet). Suivis le 22 février par le sergent Philibert Rollet, le 12 mars par le sergent Eugène Tarpier, le 16 mars par le grenadier François Livet (faisant fonction de quartier-maître et de secrétaire), le 18 mars par le caporal Claude François, le 27 mars par les sergents majors François Pingeon et Jean-Louis-Bernard Ebvard, le 28 mars par le caporal-fourrier Benoit-Marie Gay, le 11 avril par le caporal-fourrier Christophe Thévenin[66]. La profusion de certificats demandés par les hommes du 4ème de l’Ain est étonnante. Aucun autre bataillon ne demanda autant de papiers et de certificats que les hommes du 4ème. Ils apparaissaient très républicains et très pointilleux face aux formalités administratives. Le bataillon était-il plus politisé que ses frères de l’Ain ? Peut-être, encore que la profusion de certificats pour le 4ème de l’Ain et l’absence quasi complète pour les autres unités de l’Ain de ces demandes ne soit pas une preuve formelle de sa politisation.

Le bataillon fut renforcé le 9 février, par quatre compagnies de réquisitionnaires du bataillon du district de Montluel. Ces renforts donnèrent lieu à une revue complète du bataillon. Nous le retrouvons réorganisé et complété d’une compagnie de 72 canonniers[67] :

                          Tableau des cadres du 4ème bataillon de l’Ain au 9 février 1794 :

 

Noms Grades Unité
Bernard Thomas[68] 1er chef de bataillon 4ème de l’Ain
Carrel Claude-André 2ème chef de bataillon Etat-major
Regnaud Jean-Baptiste Adjudant-major Etat-major
Aillaud Pierre-Marie[69] Quartier-maître Etat-major
Lapierre Etienne-Marie Chirurgien-major Etat-major
Perraud Pierre-Claude Adjudant sous-officier Petit Etat-major
Perrody Jean-Baptiste Tambour-major Petit Etat-major
Javelle Pierre Armurier Petit Etat-major
Guyot Jean-Baptiste Maître-cordonnier Petit Etat-major
Thomazelle Claude Maître-tailleur Petit Etat-major
Armand Pierre-Denis Capitaine Compagnie de grenadiers
D’Her Claude-Antoine Capitaine Compagnie de canonniers[70]
Amiel Laurent Lieutenant Idem[71]
Minangoy Philibert Capitaine 1ère compagnie
Massicot Pierre Capitaine 2ème compagnie
Dubreuil Capitaine 3ème compagnie
Salette Joseph Capitaine 4ème compagnie
Gastier Joseph-Marie Capitaine 5ème compagnie
Bochard Louis-Marie Capitaine 6ème compagnie
Margeret Jean-Louis[72] Capitaine 7ème compagnie
Bouvier Pierre-Joseph Capitaine 8ème compagnie

 

A cette occasion, l’agent secondaire Amars de l’armée des Alpes signala que toute sa comptabilité avait été mise à jour et fusionnée avec celle des compagnies du bataillon du district de Montluel. Il fit aussi remarquer que « le bataillon formé le 12 aoust 1792 m’a paru avoir une bonne tenue et de l’instruction, je lui ai pareillement remarqué un bon esprit républicain ». Le bataillon comprenait alors 1 112 hommes, huit compagnies de 120 fusiliers, une compagnie de grenadiers à 80  hommes et une compagnie de canonniers à 72 hommes. L’incorporation des hommes de Montluel dans le bataillon, conduisit à la suppression de tous les grades d’officiers et de sous-officier des quatre compagnies fondues dans le bataillon. Les nouvelles recrues paraissaient de qualités très moyennes, car l’agent secondaire stipula que tous les hommes en dessous de 18 ans et au-dessus de 25, étaient invités à rentrer chez eux. Une visite médicale fut passée par chaque homme des compagnies de Montluel. Les officiers de santé renvoyèrent un bon nombre d’entre eux, les autres étant désignés pour servir dans les pionniers de l’armée. Une enquête fut faite pour découvrir les hommes qui ayant quitté leur corps d’origine s’étaient engagés par la suite dans le bataillon de Montluel afin d’être renvoyés dans leur unité. Depuis sa formation le bataillon avait toujours vécu séparé et morcelé et c’était la première fois depuis de longs mois que toute l’unité se trouvait à nouveau réunie : « Il est vrai que depuis cette époque de sa formation, le bataillon a été réuni une fois en quartier d’hiver, mais on a employé ce court espace de temps à arrêter les registres de comptabilité »[73].

Le chef de bataillon Bernard et l’agent secondaire Amars invitèrent les compagnies nouvellement formées à émettre des plaintes écrites[74] par rapport à leurs officiers et aux changements opérés. En effet les Montagnards les plus avancés avaient proposé et obtenus, que les nobles soient systématiquement écartés des armées. Depuis le commencement de la guerre, les républicains craignaient les trahisons, et la froideur politique du corps des officiers d’Ancien Régime. La « chasse » aux nobles dans l’armée était lancée, préconisée par Robespierre depuis 1791 arguant du fait que la noblesse avait été nettoyée du corps social mais pas de l’armée[75]. Dès le 10 décembre, l’une des compagnies répondit immédiatement à cet appel en dénonçant poliment l’incompétence du chirurgien du bataillon :

« Pénétré du plus grand bien que peut faire un officier de santé instruit dans son art, et des maux qui suivent naturellement du défaut de connoissance que la bonne volonté ne sauroit remplacer dans cette partie délicate, demande que le chirurgien major dudit bataillon dont d’ailleurs le civisme, le dévouement et la profession de la plus franche sans-culotterie sont connus, constate par un examen devant les hommes de l’art de sa capacité dans cette partie […] et faire connoitre le zèle infatigable et l’activité du citoyen Perrin leur sous-lieutenant. Cet officier seul à la compagnie pendant presque toute la campagne ne l’a pas quitté d’une minutte et a préféré pour ne pas s’absenter de donner aux soldats l’exemple de la nudité et de toutes les privations ».

 

La deuxième partie de la lettre de cette compagnie non identifiée dénommée « compagnie de chasseurs », montre bien la propension des officiers à se retirer à l’abri et loin des avant-postes et bivouacs dans les circonstances hivernales et au moment des privations les plus grandes. La compagnie semble commandée quasiment en permanence par un simple sous-lieutenant et paraît abandonnée à son sort par les officiers supérieurs qui devraient la commander. Plus tardivement au commencement de 1794, la 4ème compagnie répondit :

« Qu’ils n’ont pas à se plaindre d’aucuns officiers de leur bataillon vu qu’aucun n’appartient à la caste cy-devant noble […] ils attestent que dans les quartiers d’hyver comme dans la campagne ils se sont toujours conduits en vrais sans-culottes, qu’ils réunissent également une vraie bravoure républicaine dans les combats et une justice impartiale dans les punitions et les récompenses, ils verroient avec peine ceux qui voudroient les dénigrer aux yeux de leurs camarades et ils reconnoissent en tous capables de servir utilement la République dans les places qu’ils occupent ».

 

La 6ème compagnie dénonça quant à elle le capitaine Margeret et fit quelques réclamations d’ordre matériel :

« Dans le courant du mois de juin ou juillet 1793 il donna les plus grandes marques d’insubordination en déclarant qu’il ne connoissoit point le citoyen Carrel pour le commandant en second du bataillon en le maltraitant et en refusant de lui obéir […] la compagnie réclame le sel qui lui est dû depuis qu’elle est sur pied de guerre, c’est-à-dire le 17 octobre 1792 que le bataillon fut cantonné à Collonge, qu’aux lieux circonvoisins, jusqu’au 7 février 1793 où il fut cantonné tant à Aiguebelle qu’à La Chambre ».

Cette réclamation se prolongea par celle du versement inconstant du pain, puis des autres vivres notamment le sel et les légumes. Elle déclara qu’elle « n’attribue pas ce manquement au quartier-maître trésorier mais à l’insouciance des généraux et à la négligence des fournisseurs ». Le tableau que nous pouvons retirer de ces différentes remarques des volontaires eux-mêmes est peu brillant. Les vivres n’étaient pas acheminées avec rigueur et constance, le corps des officiers était parfois sujet aux jalousies ou à une absence remarquée. L’état sanitaire semble précaire d’autant que les compétences de l’officier de santé furent mises en doute. La troupe parut cependant supporter stoïquement son sort.

Le volontaire Louis Petitjean de la 6ème compagnie du 4ème de l’Ain écrivit à sa femme le 12 février. Marié à Pierrette Chanu, il s’était engagé comme volontaire le 6 septembre 1792, malgré qu’il fût marié avec deux enfants et un troisième à venir (Claude né en 1784, Pierre né en 1786 et Françoise née en janvier 1793). Sans nouvelle de sa famille après quatre lettres, son épouse avait touché les secours aux familles en septembre 1793. Bien que le silence de sa femme soit une obsession majeure dans cette lettre, Louis Petitjean parle tout de même du fait que les compagnies avaient été chamboulées. L’arrivée des réquisitionnaires incorporés massivement dans le bataillon, isola certains hommes de leurs camarades. La solidarité entre camarades, entre soldats originaires du même village était un puissant moyen de supporter les difficultés de la vie aux armées. Nous voyons également par cette lettre, que les nouvelles de l’arrière étaient capitales pour maintenir le moral des volontaires[76] :

« Je t’écris les deux lignes pour m’informer de l’état de ta santé ainsi que celle de mes enfants. Tu sauras par la mienne que je me porte assez bien mais je suis surpris que voilà la 4ème fois que je t’écris et que je ne reçoit point de réponse, ce qui me tient fort en peine, je ne sais si tu es malade ainsi que mes enfants. Je te prie derechef de vouloir me faire la réponse car je suis beaucoup inquiet depuis le temps que je t’écris par-là 4ème fois et je n’ai reçu aucune nouvelle. C’est ce qui me tient le plus en peine. Tu peux t’apercevoir lorsque je t’ai écrit dont tu ne m’as fais qu’une réponse que par un seul billet que tu m’as fait passer dans la lettre de Moret, sergent-major que j’ai reçu avec beaucoup de plaisir. Ma femme, je te prie de vouloir si cela est possible, de m’envoyer ce que je t’ai demandé, qu’à ce que tu m’as fait offre. Prend tes précautions tant qu’il te sera possible, j’ai bonne protection je te prie de me faire sitôt la présente reçu, de me faire la réponse, comme je m’aperçois qu’il y a beaucoup de négligence, j’en suis de quelque peut. Je n’ai rien à remarquer si non que nous ne sommes plus dans la compagnie Cherbai. Il est seul dans la compagnie des canonniers sans ainsi dire tous nos officiers et nous sommes bien peut dans les autres compagnies du bataillon. Cela nous est fâcheux étant incorporé dans des compagnies là où nous ne connaissons personne. Aussi je te prie de prendre les intérêts de vouloir envoyer ce tout que je t’ai demandé par bonne protection. Je finis en t’embrassant de tout mon cœur, et suis ton très humble et obéissant, ton mari ».

 

Au printemps 1794, dès la reprise de la campagne, le bataillon put à nouveau donner la mesure de sa réputation. L’armée des Alpes sous le commandement du général Dumas se lança à l’assaut du Mont-Cenis encore sous la domination piémontaise. Les 5 et 6 avril, les troupes françaises échouèrent devant cette position. Mais le 24 avril, elles s’emparèrent du Petit Saint-Bernard et après avoir envoyé des renforts en Maurienne le général Dumas relança ses troupes à l’assaut du Mont-Cenis.  Le 14 mai, il réussit enfin à s’en emparer faisant quelques prisonniers. Les Français repoussèrent même le 18 juin, une tentative de contre-attaque sur le Petit Saint-Bernard. Nous n’en saurons pas plus sur la suite de la campagne menée par le bataillon. Nous savons cependant que le 4ème de l’Ain était dans une brigade dont le général n’est pas connu, dans la 2ème division du général Dours[77]. Le quartier-général de cette unité était à Chambéry pour le premier et à Carrouge pour le second. Le bataillon était alors en garnison à Annecy avec un effectif très amoindri de 449 hommes[78]. Le 20 juin, nous le retrouvons dans la même brigade que le 6ème bataillon de l’Ain. Il s’agissait de la brigade Voillot[79] qui stationna encore au Petit Saint-Bernard. Cette brigade faisait alors partie de la 2ème division du général Dours dont le quartier-général était à Chambéry. L’unité dépendait par ailleurs directement du général de division Badelaune[80] qui avait son propre quartier-général à Moutiers. Le 4ème de l’Ain stationna très exactement au Petit Saint-Bernard et à la Thuile. Il fut probablement renforcé avec de nouveaux hommes puisque la situation de l’armée des Alpes le mentionne comptant 1 025 hommes pour un complet de 1 087 hommes[81].

1795 :

Le 3 mars, le général Kellermann retrouva son poste à l’armée des Alpes[82]. Cette armée devant recevoir des renforts dut reprendre l’offensive aussitôt les beaux jours revenus. Avant la reprise des combats, Kellermann et les représentants du peuple Dumaz et Réal ordonnèrent la formation de trois bataillons de grenadiers réunis en réunissant les compagnies de grenadiers des unités de l’armée. La compagnie des grenadiers du 4ème était du nombre. Elle reçut l’ordre, fin avril ou début mai, de rejoindre à Moutiers sa nouvelle unité dénommée, 2ème bataillon de grenadiers de l’armée des Alpes[83]. Le 4 mai, le 4ème de l’Ain, faisait toujours partie de la brigade Voillot, et cantonna au Miroir fort de 862 hommes. Quelques combats eurent lieu autour du Col du Mont qui fut pris les 11 et 12 mai. Le 4ème bataillon ainsi que le 6ème firent partis des troupes qui participèrent à cette opération. Avant celle-ci le bataillon était cantonné dans le village de Sainte-Foy appelé Valamont et dans les  hameaux de cette commune.

L’adjudant-major Reynaud, le capitaine Magerel et le commandant Bernard à la tête de la 1ère compagnie étaient présents. Le 4ème bataillon de l’Ain avait échoué déjà par deux fois à reprendre aux Piémontais le Col du Mont. Les 4ème et 6ème bataillons furent chargés de cette attaque sous le commandement de l’adjudant-général Alméras[84]. L’attaque fut lancée en trois colonnes dont 1 000 hommes sous le commandement d’Alméras formant la colonne du centre. Quatre-cents hommes guidés par un montagnard formèrent la colonne de droite et 800 hommes sous le commandement du commandant Bernard la colonne de gauche. L’attaque eut lieu par très mauvais temps en plein milieu d’une tempête de neige et un fort vent poussant les soldats français dans le dos. De plus un brouillard épais recouvrait la région. La colonne d’Alméras tomba sur une sonnette d’alarme ennemie qu’elle réduisit au silence et qui ne put donner l’alarme. Le col fut ensuite enlevé par surprise et le bataillon fit prisonnier trois compagnies de grenadiers ennemis, une dizaine d’officiers et environ 200 hommes[85].

Il n’y eut aucune victime par le feu des Piémontais. Mais le général Piston indiqua qu’une cinquantaine d’hommes étaient morts de froid ou de chutes dans les précipices. Il précisa aussi que 200 hommes étaient morts des suites des fatigues ou de membres gelés. L’eau de vie et le vin gelaient dans les bidons des soldats. Les dures conditions de vie et de combat entraînèrent des désertions malgré les succès. En messidor et thermidor an III, 14 hommes désertèrent « à l’ennemi » ou rentrèrent tout simplement chez eux[86].

En juin, le bataillon couvrit la vallée de la Tarentaise en occupant toujours le Petit Saint-Bernard et le col du Mont. A la date du 3 juillet, il faisait partie de la 2ème division du centre. La campagne avait encore écrémé ses rangs puisqu’il ne comptait plus que 594 hommes stationnés encore au col du Mont[87]. Les désertions vidèrent les rangs du bataillon, en septembre pas moins de 134 hommes furent portés sur une liste de déserteurs. Le quartier-maître Pierre-Marie Aillaud  devenu capitaine fut signalé comme étant en congé absolu. Six autres hommes furent réformés définitivement parfois pour infirmités et de nombreuses nominations furent faites. Notamment celle de Philibert Minangoy, devenu depuis juin 1793 adjoint aux adjudants-généraux de la brigade. Joseph Menal et Antelme Chevillard furent faits capitaine, Floquet et Perrin lieutenants, trois hommes furent élevés au grade de caporal et un autre au grade de caporal-fourrier.

Le problème devint endémique car 26 autres hommes furent signalés comme déserteurs peu de temps après. Le 19 juillet, le département signala le retour à Bourg du volontaire Lyvet ancien secrétaire commis dans les bureaux de l’administration du département. Engagé le 9 août 1792, il rentra avec un congé absolu « adossé d’un certificat qui prouve son patriotisme et les maux belliqueux qui l’obligent à la retraite ». Il demanda sa réintégration à son ancien poste ce qui fut accepté[88]. Malgré quelques maigres renforts signalés en novembre (8 hommes), le chef de bataillon signala 25 déserteurs et un mort décédé à l’hôpital de Frey. Le 22 novembre, Jean-Pierre Margeret fut fait chef du bataillon[89]. Quatre-vingt-sept hommes furent encore dénombrés parmi les déserteurs, un fut nommé caporal et le chef de bataillon André Carrel fut réformé le 14 novembre. Les désertions augmentèrent encore et fin novembre, 103 hommes furent portés déserteurs, quelques-uns par ailleurs des hôpitaux eux-mêmes. Les réformes continuèrent, deux hommes furent renvoyés dans leurs foyers. En décembre 1795 et janvier 1796, 46 recrues furent encore portés sur une liste comme déserteurs.

Quelques renforts arrivèrent au bataillon. Ces hommes, au nombre de 19 étaient nés principalement durant les années 1776 et 1777. Ils arrivaient en partie de l’Ain, mais aussi de Savoie, de l’Isère, de la Seine-et-Oise, du Rhône et de la Loire. L’étude de ce groupe est intéressante car la situation antérieure des nouvelles recrues est indiquée. Un de ces hommes à déjà servi dans le 2ème bataillon de l’Ain, cinq autres dans le 3ème bataillon de l’Ain, un autre dans le 6ème de l’Ain, deux autres dans le 11ème bataillon de l’Ain, deux autres dans le 1er bataillon du département du Mont-Blanc, un autre dans la 20ème demi-brigade, un autre dans la 132ème demi-brigade de bataille dont il était sorti avec un congé limité, un autre dans la 4ème compagnie des canonniers du Puy-de-Dôme, un autre dans les charrois militaires, et seulement cinq n’ayant jamais servi aux armées. Sur ce groupe au moins cinq furent signalés comme ayant désertés leur corps. De tels mouvements démontrent la désorganisation avancée de l’armée à cette date. Beaucoup d’hommes désertèrent d’autres rejoignirent après de longues périodes mais furent incorporés au hasard des besoins.

Embrigadement/amalgame :

1ère formation :

Fin 1795, le bataillon fut amalgamé. Des ordres furent donnés par Berthier et le général Piston fin septembre, début octobre 1795. L’amalgame fut peut-être retardé par des soulèvements dans le département de la Haute-Loire. Deux demi-brigades d’amalgames furent créées. L’une d’elle, la 201ème demi-brigade provisoire, rassembla le 4ème de l’Ain avec le 5ème du Jura et le 5ème ter de Rhône-et-Loire[90]. Belhomme parle de la 201ème bis demi-brigade. L’amalgame eut lieu à Séez, le 5 novembre 1795[91]. Elle se trouvait encore à l’armée des Alpes dans la 2ème division et cantonna sur le Grand Mont-Cenis le 9 février 1796. Le chef de bataillon était encore Jean-Louis Margeret, ancien capitaine de la 7ème compagnie.

2ème formation :

Le 20 février 1796, cette demi-brigade devint en second formation la 5ème demi-brigade d’infanterie légère. Cette unité fut également constituée du 1er bataillon de la 6ème légère de première formation, de la 22ème légère de première formation et de la 3ème demi-brigade provisoire.

Epilogue :

Tardivement nous trouvons encore trace du 4ème de l’Ain. Le 7 juin 1797, le capitaine Minangoy demanda au département un certificat de nomination au grade de capitaine du 4ème bataillon de l’Ain. L’homme résidait dans la ville de Colmar en Alsace. Un autre volontaire demanda et obtint un congé à la date du 15 février 1799. Il s’agissait de Claude Ronger volontaire et mutilé de guerre. Les certificats de réforme se succédèrent dans le bataillon, notamment le même jour pour le nommé Chaussat volontaire à qui l’on accorda trois mois de congé. Deux jours plus tard, Favier de Pirajoux obtint lui aussi sa réforme. Certains de ces hommes étaient sous les drapeaux depuis la fin de l’année 1792. Voilà déjà sept longues années qu’ils servaient dans les armées. Nous devons ajouter pour finir l’historique du bataillon, que depuis le 29 janvier 1798, la compagnie de canonniers du 4ème bataillon de l’Ain, commandée par le capitaine Dher, avait été transformée en 8ème compagnie sédentaire. Preuve que ces compagnies formées pour supporter l’action des volontaires avaient parfois survécu jusqu’à une date tardive, par rapport à leur disparition supposée[92].

État de service du commissaire des guerres Quinet[93] :

Jérôme Quinet, né à Bourg le 29 novembre 1768, homme de loi (1791).Volontaire au 4ème bataillon des volontaires de l’Ain (25 juillet 1792), sergent-major des grenadiers du bataillon (8 août). Quartier-maître trésorier au 2ème bataillon de grenadiers de l’armée des Alpes (1er mai 1793). Adjoint aux commissaires des guerres employé à Epinal pour le département des Vosges le 9 nivôse an 2 (29 décembre). Commissaire des guerres employé par continuation à Epinal le 24 prairial an 3 (12 juin 1795). Employé au département de l’Ain par ordre du 14 fructidor an 4 (31 août 1796). A l’armée des Alpes par ordre de Messidor an 7 (juin 1799). De nouveau au département de l’Ain par ordre du 17 fructidor an 7 (3 septembre 1799). Etabli le 12 fructidor an 8 (30 août 1800).

État de service du capitaine adjoint Dher :

Claude-Antoine Dher, né à Pont-de-Veyle, le 6 février 1767. Volontaire au 4ème bataillon des volontaires de l’Ain (19 juillet 1792), capitaine au bataillon (5 août), capitaine de la compagnie des canonniers du bataillon devenue 8ème compagnie sédentaire (29 janvier 1798). Armée des Alpes en 1792 et 1793, armée d’Italie an 4, 5 et 6. Isles du Levant, an 7. Côtes de la Méditerranée an 9 et 10, Côtes de l’Océan, an 11, 12 et 13. Campagne de Prusse et de Pologne, 1806 et 1807. Armée du Rhin 1808, Autriche 1809, armée d’Observation en 1810 et 1811. Grande Armée 1812, en Russie (prisonnier ?) en 1813. En service du 19 juillet 1792 au 6 février 1813, 20 ans, 6 mois et 19 jours de service.

4e-bataillon-de-lain

Portrait :

Pierre Galtier, né à Montselgues en Ardèche, fusilier au 4e bataillon de l’Ain, 4e compagnie, décédé à Grenoble le 1er octobre 1793. Il s’agirait peut-être sans certitude, de Pierre Galtier, né le 25 mai 1766 à Chamier, commune de Montselgues, Ardèche, baptisé le même jour, plus tard travailleur journalier. Il aurait été témoin et parrain dans son village, de son neveu Pierre Rouveyrol, en février 1793. Les informations suivantes ont été fournies par un aimable internaute, tirées du document 9NUM/AC185/144, Grenoble, décès, coll.communale (1793), page 307).

Article de Laurent B.

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[1] Octave Morel, Inventaire… op cit, p. 118.

[2] Pour un prix de 10 livres et 10 sols par giberne et bretelle et de 9 livres pour chaque havresac, AD de l’Ain, 2 L 30.

[3] Paiement demandé par Montluel le 16 mars 1793 et délibéré par le département le 30 avril. 132 livres, 2 sols, 1 denier furent payés pour 960 livres, douze onzes de pain, à 2 sols, 9 deniers la livre, pour 549 rations défalquées de l’étape qui leur furent fournis à leur départ le 13 octobre. AD de l’Ain, 2 L 32.

[4] Olivier Duport, qui fut signalé le 26 avril 1791, comme autorisé à racheter une rente affectée à la chapelle Saint-Sauveur en l’église de Revonnas. Nous le retrouvons le 1er septembre 1792, alors que sa mère la dame Rollin, veuve Duport fut déchargée du restant dû de la contribution patriotique qui devait être payé par moitié par ses deux fils. Le fameux Olivier Duport et son frère Charles-Louis Duport, émigré, Octave Morel, idem, p. 253 et 281.

[5] AD de l’Ain, 108 J 87.

[6] Prénoms donné par le registre de contrôle du bataillon, SHAT 16 YC 4. Alors qu’il ne commande plus le bataillon, il obtient le 15 janvier 1794, un certificat de civisme devant le comité de surveillance du bataillon, AD de l’Ain, 14 L 19.

[7] Nous trouvons trace de lui le 18 septembre 1792, comme ancien gendarme national du département de l’Ain, remplacé par Claude Morel, qui laisse sa place de gendarme pour remplir la fonction de Lieutenant-Colonel d’un bataillon de Volontaire, idem, 2 L 30.

[8] Le 22 décembre 1793, il est toujours capitaine de cette compagnie. Il demande un certificat de civisme au comité de surveillance de Bourg. Ce dernier lui est accordé. Ibidem, 14 L 19.

[9] Ibidem, 2 L 30.

[10] Ibidem, 2 L 29 et 30.

[11] Lettre du 28 avril 1795 du conseil d’administration du bataillon, ibidem, 108 J 87.

[12] Octave Morel, Inventaire… op cit, p. 409.

[13] AD de l’Ain, 2 L 30.

[14] Idem.

[15] AD de l’Ain, 2 L 30.

[16] Lettre du conseil d’administration du bataillon, signé de Bernard lieutenant-colonel en second, de Dubreuil lieutenant, de Carret capitaine, de Quinet sergent-major et de Syslet fusilier, idem, 2 L 31.

[17] Octave Morel, Inventaire… op cit, p. 411.

[18] Originaire de Bourg, et réformé pour une « taye à l’œil droit qui luy ôte la faculté de voir », AD de l’Ain, 2 L 30.

[19] Il déclara : « qu’à la sollicitation de ses camarades il s’enrôla pour servir dans les volontaires du 4ème bataillon de l’Ain, mais que s’il étoit obligé de remplir son engagement il auroit la douleur d’abandonner à la plus dure détresse une femme et trois enfants qui ne peuvent subsister que du fruit de son travail […] considérant que ce n’est point l’esprit de la loi de blesser celles de l’humanité en arrachant un père de sa famille naissante pour le conduire à l’ennemi, que l’enrôlement de l’exposant est le fruit d’un enthousiasme inconsidéré dont l’exécution seroit onéreuse à la patrie qui seroit obligé de secourir ses enfants etc… », idem.

[20] Malgré les lois qui allaient être mise en place pour le secours aux familles, beaucoup de volontaires virent leur famille tomber dans la misère ou les difficultés. Ainsi le 12 septembre 1793, le département vota des secours aux deux enfants du volontaire Guyennot, Octave Morel, idem, p. 181.

[21] Il présenta un certificat du lieutenant-colonel Duport attestant « qu’il ne jouit pas d’une bonne santé », en date du 13 novembre 1792. AD de l’Ain, 2 L 30.

[22] AD de l’Ain, 2 L 30.

[23] Octave Morel, Inventaire… op cit, p. 137.

[24] AD de l’Ain, 2 L 31.

[25] Krebs et Moris, Campagne dans… op cit, tome 1, p. 122.

[26] Et pouvant se porter en Maurienne ou en Tarentaise, idem, p. XXXVIII.

[27] Avec un bataillon d’infanterie légère, le 2ème bataillon du 23ème régiment, le 4ème bataillon de l’Isère, le 1er bataillon des Landes, le 8ème bataillon d’infanterie légère, idem.

[28] Vallée de la Maurienne et de la Tarentaise, maréchal de camp La Roque, 2ème d’infanterie légère, 23ème d’infanterie, 4ème de l’Isère, 4ème de l’Ain, 8ème d’infanterie légère, 1er de l’Aude et 5ème de l’Isère, idem, p. LXVIII.

[29] Le 1er juillet 1798, le lieutenant Gaillard reçut enfin son paiement de 34 francs en paiement de faïences fournies en 1792 à l’émigré Garron-Châtenay. Il servit alors dans la 5ème demi-brigade d’infanterie légère. Entre temps, il fut signalé le 27 décembre 1793. Il demanda et obtint un certificat de civisme devant le comité de surveillance de Bourg. AD de l’Ain, 14 L 19.

[30] Idem, 108 J 87.

[31] Il fut tué à l’affaire du col du Mont le 13 mai 1795, idem.

[32] Il fut nommé chef du bataillon à la mort de Thomas Bernard.

[33] Le 14 janvier 1794, il obtint un certificat de civisme devant le comité de surveillance de Bourg, AD de l’Ain, 14 L 19.

[34] Il obtint un certificat de civisme, le 13 janvier 1794, devant le comité de surveillance de Bourg. Il fut nommé lieutenant avant 1796, idem, 14 L 19 et 108 J 87.

[35] Il fut nommé adjoint des adjudants-généraux de la division en juin 1793.

[36] Dénommé ici Jean-Pierre Margeret mais il s’agit du même homme, il fut nommé chef du bataillon à la fin de l’année 1795, ibidem, 108 J 87.

[37] AD de l’Ain, 108 J 87.

[38] Jean-Baptiste-Louis-Philippe de Félix d’Ollières de Sainte-Maime, comte du Muy (1751-1820), cavalier, (1766), capitaine (1771), servit au camp de Saint-Roch et dans la guerre d’indépendance d’Amérique sous Rochambeau (1779-1783). Siège de Yorktown. Prit le titre de comte, maréchal de camp (1788). Commandant en chef en Bretagne (1791), Commandant la 8ème division militaire puis la 7ème (1792). Chargé d’organiser l’armée du Midi. Destitué pour absence puis réintégré. Armée des Alpes, puis commanda en chef les troupes devant Lyon (août 1793). Suspendu comme suspect par le comité de Salut Public, en retraite. Réintégré (1795), nommé dans diverses armées puis suspendu suite à la dénonciation d’un commissaire de guerre pour concussion (1796). Traduit devant un conseil de guerre et acquitté à l’unanimité. Réintégré (janvier 1797). Campagne d’Egypte (1798-1799), fait prisonnier par les Anglais lors d’une tentative de retour en France. Libéré (1800), commanda diverses régions militaires sous le consulat et l’Empire. Grande Armée (1806), il commanda la province de Kalisch, gouverneur général de la Silésie (1807). Combat à Breslau, commanda à nouveau diverses divisions militaires en France. Baron de l’Empire (1811), en retraite (décembre 1814). Fidèle à Louis XVIII aux Cents Jours, Pair de France, vota la mort du maréchal Ney. Comte en 1817.

[39] Il était alors signalé dans un camp et fort de 656 hommes. L’hiver avait été rude pour les volontaires. Sa brigade était composée du 23ème d’infanterie, du 4ème de l’Isère, du 2ème grenadiers, du 4ème de l’Ain, du 1er bataillon franc de la République, de la Légion des Alpes, de la Légion des Allobroges, du 1er des Landes et d’une compagnie franche de Caffe pour un total d’environ 4 903 hommes, Krebs et Moris, Les campagnes de… op cit, p. LXXI.

[40] Jean-Alexandre Durand de La Roque (1731-1816), lieutenant (1745), capitaine (1755), commandant (1774), lieutenant-colonel du 59ème d’infanterie ci-devant Bourgogne (1778), maréchal de camp (1791), à l’armée du Midi (1792), division Antoine Rossy, il servit en Savoie. Commandant la Maurienne et la Tarentaise (novembre), général de division (mai 1793), à l’armée des Côtes de La Rochelle, il fut suspendu (novembre), en retraite (octobre 1794). Chevalier de Saint-Louis.

[41] Lettre du conseil d’administration du bataillon du 28 avril 1795, AD de l’Ain, 108 J 87.

[42] Jean-Denis Le Doyen (1751-1802), général originaire de Liège, soldat (1765). Servit de 1770 à 1783. Lieutenant (1791), puis capitaine à l’armée du Midi (1792), armée des Alpes (fin 1792). Chef de brigade et arrêté par les insurgés lyonnais (31 mai 1793). Remis en liberté, nommé général de brigade (21 juin). Commanda en Maurienne sous Dubourg (juillet). Démis de ses fonctions (octobre), resta sans emploi jusqu’en décembre 1794. Relevé de sa suspension et confirmé dans son grade (11 avril 1795). A nouveau suspendu (25 octobre). Réintégré (novembre), commanda la place de Luxembourg (mars 1796). Commandant des troupes du département des Hautes-Alpes (septembre 1797 à février 1798). Admis au traitement de réforme (mai 1798). Reprit du service à l’armée d’Italie (avril 1799). Inspecteur aux revues (1800). Employé dans le corps expéditionnaire de Saint-Domingue (octobre 1801). Il mourut sans doute des fièvres au cap français.

[43] Anonyme, Les armées de la République en Savoie (1792-1796), p. 12.

[44] C. Duval, L’invasion de la Savoie par l’armée Sarde en 1793, pièce générale.

[45] Jean-Jacques de La Roque d’Olès d’Ornac (1729-1806), dragon, il servit en Italie 1744-1748), lieutenant (1751), blessé d’un coup de feu lors de l’attaque de Cherbourg par les Anglais (1758), chevalier de Saint-Louis, lieutenant-colonel (1779), maréchal de camp (1788), armée du Midi (1792), commandant en chef provisoire de l’armée des Alpes à la fuite de Montesquiou (novembre et décembre). A nouveau commandant en chef par intérim, mais destitué par Albitte et Gauthier (29 juin 1793). Réintégré, commandant en chef provisoire à la place de Kellermann (octobre), à la retraite le mois suivant.

[46] Jérôme Croyet, Pour la Nation… op cit.

[47] Anonyme, Les armées de… op cit, p. 13.

[48] Idem, p. 14.

[49] François-Joseph Thorillon Du Bourg de Vacherolles (1732-1806) général originaire de Haute-Loire. Soldat (1746) et lieutenant la même année. Servit en Allemagne (1746-1748), puis pendant la guerre de Sept Ans (1757-1763). Chevalier de Saint-Louis (1771), lieutenant-Colonel du régiment du Lyonnois (27ème). Servit en 1781 et 1782 au siège et prise du fort Saint-Philippe et du camp de Saint-Roch. Colonel du 79ème d’infanterie (Boulonnois), maréchal de camp à l’armée du Midi (1792). Armée des Alpes, commandant le département de l’Isère puis Lyon (janvier 1793). Commandant le corps de la Tarentaise (mai), puis le département du Mont-Blanc. Devint chef du corps de défense de la Savoie (juillet). Suspendu de ses fonctions (octobre). Relevé de suspension (mai 1795). Prit sa retraite et ne servit plus aux armées.

[50] C. Duval, L’invasion de… op cit, pièce générale.

[51] Anonyme, Les armées de… op cit, p. 18.

[52] D’après un mémoire historique du général Kellermann, C. Duval, L’invasion de… op cit, p. 34.

[53] Dans lequel furent incorporés de nombreux réquisitionnaires du district de Pont-de-Vaux.

[54] Très étonné par la taille du calibre, nous sommes allé poser la question au Colonel Bonijoly ancien artilleur, qui nous a répondu qu’il s’agissait de pièces d’artillerie tirant effectivement des boules de 1 livre, mais qu’il s’agissait probablement de pièces de récupération ou anciennes et non de pièces élaborées selon le matériel rénové de Gribeauval.

[55] C. Duval, idem, p. 14.

[56] Les pertes piémontaises sont à prendre avec des réserves puisque citées par le général Kellermann, idem, p. 36.

[57] Dans cette opération le 5ème bataillon de l’Isère, le 1er de Haute-Loire, des chasseurs du 1er bataillon des Basses-Alpes, de l’Ariège, un bataillon dit « de la Marine » et une compagnie du 8ème bataillon d’infanterie légère participèrent à l’attaque, Anonyme, Les armées de… op cit, p. 20.

[58] Ce bataillon sans doute décimé par l’attrition de la campagne, fut renforcé à la fin de l’année et au commencement de 1794 par de très nombreuses recrues de l’Ain, et notamment du district de Pont-de-Vaux.

[59] Il y a là quatre bataillons qui normalement devraient totaliser au moins quatre fois ce nombre. Cela nous indique bien l’état de délabrement des bataillons de cette armée et du nombre d’hommes valides et disponibles pour s’aligner en bataille.

[60] Ils s’emparent du commandant piémontais, de deux officiers, de deux pièces d’artillerie de montagne, de tentes, et de mulets, Anonyme, Les armées de… op cit, p. 21.

[61] C. Duval, L’invasion de… op cit, p. 197 et 198.

[62] Le général Kellermann dans ses rapports des 4 et 9 octobre 1793 cite un certain nombre d’officiers dont le capitaine Bernard du 4ème bataillon de l’Ain, Krebs et Moris, Campagnes dans… op cit, Tome 1, p. 292 et 293.

[63] Rapport du représentant Dumaz et du général Kellermann, C. Duval, L’invasion de… op cit, pièce générale.

[64] Jérôme Croyet, Pour la Nation… op cit.

[65] AD de l’Ain, 108 J 87.

[66] Idem, 14 L 16.

[67] Ces compagnies de canonniers auront une existence éphémère. Equipées de pièces de petit calibre, pièce de 4 ou d’un matériel de prise ou ancien, elles furent dans les aléas de la guerre, des marches et des combats, finalement dépourvues de matériel et de canons. L’idée était de fournir aux bataillons d’infanterie une puissance de feu supplémentaire et rassurante.  Les artilleurs servaient alors six pièces de 4, réduite à trois pièces par décret du 7 mai 1795 et totalement supprimées en 1796, Krebs et Moris, Campagne dans… op cit, tome 1, p. 52. Sous l’Empire l’idée fut reprise au niveau régimentaire après les campagnes victorieuses de 1805-1807. Cette artillerie régimentaire fut engloutie elle aussi dans les défaites de la fin de l’Empire, Liliane et Fred Funcken, Uniformes de l’Empire, tome 1 et 2, 1968.

[68] Le 26 janvier 1794, il demanda et reçut un certificat de civisme par le comité de surveillance de Bourg, AD de l’Ain, 14 L 16.

[69] Le 16 mars 1794, Idem.

[70] Voir les états de service du capitaine Dher à la fin de l’historique du 4ème de l’Ain.

[71] Jérôme Croyet, Dictionnaire… op cit.

[72] Dénommé ici Jean-Pierre Margeret mais il s’agit du même homme, AD de l’Ain, 108 J 87.

[73] Lettre du conseil d’administration du bataillon du 28 avril 1795, AD de l’Ain, 108 J 87.

[74] Dès le mois décembre 1793, puis à nouveau à la refonte du bataillon avec les compagnies de Montluel, idem.

[75] Discours de Robespierre du 10 juin 1791 évoqué par Michel Garcin, Histoire des volontaires 1791-1792 et des généraux de la Drôme, p. 48.

[76] Jérôme Croyet, Pour la Nation… op cit.

[77] Jean-François Dours (1739-1795), servit à Port-Mahon, en Hanovre pendant la guerre de Sept Ans, puis en Corse (1768-1769). Réformé du service (octobre 1787). Nommé commandant de la Garde Nationale de Bollène. Aide de camp du général Carteaux (juillet 1793). Participa à la répression des révoltes du Midi. Général de brigade (septembre 1793) devant Toulon. Commandant les troupes de l’armée des Alpes devant Lyon (octobre), puis toute l’armée par intérim à la place de Doppet. Commandant la Maurienne (décembre), puis la 2ème division de l’armée des Alpes (avril 1794), et la 3ème division (avril 1795). Retiré du service à cette époque. Le 23 décembre 1795, il fut assassiné à Bollène par des déserteurs.

[78] Brigade composée du 4ème de l’Ain, du 2ème des Basses-Alpes, deux escadrons du 5ème de cavalerie, une compagnie de guides à pied, un détachement du 4ème d’artillerie et le 1er tirailleurs de la frontière grosse unité forte de 1 022 hommes, Krebs et Moris, Campagnes dans… op cit, tome 2, p. 243.

[79] Jean-Baptiste Voillot (1766-1848), sous-lieutenant au 1er bataillon des volontaires de la Côte d’Or (1791), lieutenant-colonel de ce bataillon (août 1792), servit à l’armée de Belgique (1792-1793). Général de brigade  (octobre 1793). Employé à l’armée des Alpes (1793-1796). Se distingua aux combats des 6 et 7 mai 1794, commanda la Tarentaise (avril 1795). Enleva dans la nuit du 11 au 12 mai le col du Mont défendu par trois rangs de retranchements superposés et 18 canons. Il fit 206 prisonniers. Commandant la 2ème division de l’armée des Alpes (juillet), demanda sa réforme pour cause de mauvaise vue qu’il obtint en mars 1796.

[80] Nicolas De Bas De L’Aulne (1756-1795), marine marchande (1770-1774), marine hollandaise (1778-1786). Garde national à Paris, caporal, lieutenant, capitaine dans la garde nationale, sous-lieutenant au 102ème d’infanterie (1790-1792). Chargé de conduire Louis XVI à la prison du Temple et d’en assurer la garde. Adjudant-général puis lieutenant-colonel au camp de Paris. Armée des Alpes, général de brigade (juillet 1793). Commandant de la Tarentaise, puis de la Maurienne (janvier 1794). A nouveau commandant de la Tarentaise, il s’empara du Petit Saint-Bernard (24 avril). Général de division, repoussa une contre-attaque ennemie le 18 juin sur cette position. Divisionnaire à l’armée d’Italie (janvier 1795). Armée des Alpes pour commander la Tarentaise. Se rendit à Genève, où il fut destitué de ses fonctions par le comité de Salut Public. Il mourut dans cette ville d’un abcès au foie, le 15 juin 1795.

[81] La brigade était formée du 8ème bataillon de l’Isère, des 4ème et 6ème de l’Ain, du 5ème de Rhône-et-Loire et du 6ème de Côte d’Or, 3 976 hommes étaient présents et 944 hommes étaient disséminés dans des postes avancées. La brigade comptait 5 309 hommes au total, Krebs et Moris, Campagne dans… op cit, tome 2, p. 273.

[82] Forte de 26 600 hommes environ dont 20 666 hommes sous les drapeaux, 2 447 malades et 3 047 dans les dépôts, en congé ou détachés. Les troupes étaient composées de 19 bataillons d’infanterie dont le 6ème de l’Ain, de huit compagnies de hussards et de quelques compagnies d’artillerie, Anonyme, Les armées de… op cit, page 29.

[83] Formé des grenadiers du 79ème, 1er de Côte d’Or, 4ème de l’Ain, 5ème de Rhône-et-Loire, 6ème de l’Ain, 8ème de l’Isère, Krebs et Moris, idem, p. 220.

[84] Louis baron Alméras (1768-1828), élève aux Ponts et Chaussées (1787), s’engagea dans l’armée (1789). Sergent-major au 5ème bataillon de l’Isère (1791), sous-lieutenant puis adjudant-major employé à l’Etat-major de l’armée des Alpes (juillet 1793). Chef de bataillon servit à l’armée d’Italie et au siège de Toulon puis à l’armée des Alpes. Vainqueur dans une escarmouche (11 juin 1794). S’empara du col du Mont (12 mai 1795). Vainqueur au combat d’Argentera (21 octobre). Passa à la 7ème division militaire. Servit à l’armée d’Italie, de Rome puis d’Orient (1798). Servit à la prise d’Alexandrie, à Aboukir (25 juillet), à Héliopolis (20 mars 1800). Blessé à la prise du fort de Belbeïs puis de deux coups de feu à celle de Boulâq (15 avril). Général de brigade, rentra en France (septembre 1801). Servit dans les troupes de la République Cisalpine (1802). A l’Ile d’Elbe (1803). Armée d’Italie (1809), bataille de la Piave (8 mai), Villanova (11 mai), Enzersdorf (4 juillet). Blessé de deux coups de feu à Wagram (6 juillet). En Italie de 1809 à 1811, baron de l’Empire, 4ème corps d’armée, campagne de Russie. Blessé à la Moskova (7 septembre 1812). Fait prisonnier pendant la retraite (15 novembre) et interné en Crimée. Rentra en France (1814). Mis en non-activité puis commanda une division de l’armée de la Loire. Envoyé à Rochefort avec Beker pour hâter l’embarquement de Napoléon (juillet 1815). Commanda la 20ème division militaire à Périgueux (1821). Grand Officier de la Légion d’honneur (1822). Commandant de la 11ème division militaire à Bordeaux (1823). Commandeur de l’Ordre de Saint-Louis (1825). Il mourut à Bordeaux d’une attaque d’apoplexie foudroyante.

[85] Emile Gaillard, Nos soldats de l’An II en Savoie,  p. 25 et 26 dans Visages de l’Ain n° 54.

[86] AD de l’Ain, 108 J 87.

[87] Sa brigade fut constituée des 4ème et 6ème de l’Ain, des 1er et 6ème de Côte d’Or, le 5ème de Rhône-et-Loire, le 2ème de grenadiers et des détachements d’artillerie, de sapeurs, guides à pied et gendarmerie, Krebs et Moris, Les campagnes dans… op cit, p. 321.

[88] AD de l’Ain, 2 L 39.

[89] Nous nous souvenons des plaintes portées par la 6ème compagnie sur cet homme alors capitaine durant l’hiver 1793-1794.

[90] Krebs et Moris, Campagnes dans… op cit, tome 2, p. 320.

[91] Belhomme, Histoire de… op cit, p. 113.

[92] Etats de service du capitaine Dher, Archives de Vincennes, côte non connue.

[93] AD de l’Ain, 2 L 132.