10e bataillon de l’Ain

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10ème bataillon de l’Ain :

 

Date de formation : novembre, décembre 1793.

Formation :

L’histoire du bataillon est difficile à réaliser. Il reste malheureusement peu de traces de l’existence de cette unité. C’est à peine si nous trouvons aux archives départementales de l’Ain, une mention du 11 mars 1796 à propos de Guillerminet, caporal aux grenadiers du bataillon qui obtint un congé de réforme pour blessures[1]. Le 1er avril 1800,  le département signala le cas du sous-lieutenant Antoine Murat du 10ème bataillon de l’Ain qui fut réformé et fut nommé « conducteur de conscrits dirigés sur Dijon ». Nous étions alors à l’époque où le 1er consul rassemblait une armée de réserve dans la capitale de la Bourgogne. Le département qui devaitt faire marcher ses conscrits vers cette place, confia ce rôle et cette surveillance à d’anciens officiers de volontaires, de gendarmerie ou de ligne. C’était un bon moyen de faire parvenir à bon port la majorité des jeunes gens dont la plupart n’étaient évidemment pas très enclin à marcher. Le même jour le lieutenant de gendarmerie Belon, le capitaine Justamant furent nommés aux mêmes postes[2]. Il fut probablement formé à la fin de l’année 1793, peut-être au mois de novembre ou de décembre[3]. Cependant Belhomme indique que le bataillon fut formé au mois de juillet 1793 ce qui apparaît peu probable[4].

Historique :

1794 :

Nous savons que le 10ème bataillon de l’Ain fut dirigé sur l’armée d’Italie, qu’il intégra probablement à la fin de 1794.

1795 :

Il ne fut pas amalgamé en première formation durant les années 1794 et 1795. Le 2 mai 1795, le chef de bataillon nommé Bochard, indiqua que son unité faisait partie de la colonne du centre de l’armée d’Italie. Il délivra un certificat de décès pour le citoyen Claude Dumas, originaire de Fleyriat et qui était décédé à l’hôpital d’Escarenne près de Nice[5].

A la date du 19 juin, il servait encore à l’armée d’Italie dans la division du centre du général Macquard, brigade du général Barquier[6]. Le bataillon était en seconde ligne dans la ville de Tende avec une compagnie du 8ème de Saône-et-Loire, le 10ème  bataillon de grenadiers et les canonniers de la 84ème demi-brigade. Son effectif était très faible puisqu’il ne comptait que 243 hommes sous les drapeaux. Défections, désertions, maladies avaient fait rapidement le vide dans ses rangs[7].

Cependant il ne s’agissait que d’une partie de son effectif puisque vers le 8 juillet, le général Macquard prit la décision de renforcer le camp du Mont Bertrand en envoyant les 405 hommes du 10ème bataillon de l’Ain, accompagné du 1er bataillon de Paris[8] fort de 493 hommes, du 2ème bataillon de la 84ème et d’une compagnie de sapeurs. Le bataillon semble servir de réserve car sur la fin de la campagne qui mena à la victoire de Loano, le 10ème de l’Ain fort de 490 hommes, fut envoyé par le général Masséna renforcer sa ligne de défense. Il participa à l’affaire du Petit Gibraltar.

Le 17 septembre, les Français pilonnèrent sans résultat la position ennemie. Le 18 septembre, les Piémontais et les Autrichiens passèrent à l’offensive et montèrent à l’assaut en trois colonnes des positions françaises. L’attaque fut repoussée avec pertes sur toute la ligne.

1796 :

Le 5 janvier 1796, il se trouvait à l’armée d’Italie du général Masséna[9]. Le 5 février, il servait toujours dans cette armée, 2ème division d’avant-garde, brigade Cervoni avec un effectif de 530 hommes[10].

Embrigadement/amalgame :

1ère formation :

Néant.

2ème formation :

En seconde formation, il fut intégré dans la 39ème demi-brigade de ligne. Cette unité qui porte d’abord le numéro provisoire 46, fut formée avec les 46ème et 121ème demi-brigades de bataille, le 1er bataillon des tirailleurs de la frontière, et le 10ème de l’Ain[11]. Le 10ème de l’Ain comprenait à ce moment un effectif de 534 hommes et il cantonna à Finale le 9 avril 1796. Il faisait partie de la 4ème division dite 2ème du corps de bataille du général Serurier[12].

La 39ème resta à l’armée d’Italie et se trouvait le 29 avril 1796, dans la 2ème division du général Augereau. L’unité participa à la grande aventure de la conquête de l’Italie sous les ordres de Bonaparte[13]. Elle resta dans cette armée de l’an IV à l’an VII. Belhomme indique que le 10ème de l’Ain, ne fut réellement versé dans la 39ème, que le 1er janvier 1797, à Rivoli[14]. La demi-brigade s’illustra aux combats de Cagliano (30 janvier 1797) et de Levico (1er mars 1797). En l’an VII elle passa à l’armée de Naples. Le 3ème bataillon de la 39ème de ligne fut fait prisonnier à Alexandrie, le 22 juillet 1799, et conduit en captivité en Autriche. Les honneurs de la guerre ou le renvoi en France avec promesse de pas servir durant une année ne furent pas appliqués à la garnison d’Alexandrie ayant mollement défendue la place[15]. Avec les forces du dépôt et de nouvelles recrues, le 3ème bataillon fut reformé le 12 août 1799, au dépôt de Paris[16]. C’est dans cette place que nous la retrouvons en janvier 1801. Elle fit partie des troupes de la garnison de la capitale dépendantes de l’armée de l’Intérieur.

Portraits :

Pierre Buget, né en 1772. Il servit comme chirurgien de 2ème classe au 10ème bataillon de l’Ain puis dans la 39e demi-brigade d’infanterie de ligne du 23 brumaire an II au 16 pluviôse an V. Il servit à l’armée des Alpes et d’Italie. Docteur en médecine demeurant à Bourg, chirurgien en chef de l’hôpital civil de Bourg (1805). Chirurgien en chef de la maison de détention de Bicêtre et de la Charité. Il refusa de reprendre du service.

Article de Laurent B.

sehri

[1] Octave Morel, Inventaire des archives de la Révolution du département de l’Ain, p. 420.

[2] Idem, p. 531.

[3] Si l’on considère, les dates de formation du 9ème et du 11ème bataillon de l’Ain, ainsi que sa montée au front, il est probable que cette fourchette soit proche de la vérité.

[4] Belhomme, Histoire de l’infanterie en France, page 39.

[5] Né vers 1774, fils de Claude Dumas et de Claudine Mercier, « a servi la République en qualité de fusilier dans la 5ème compagnie du dit bataillon depuis le 4 octobre 1793, jusqu’au 6 mars 1795 date où il est mort par suite des maladies occasionnées par les fatigues de la guerre » et signé en plus du chef de bataillon du sergent Olivert, du capitaine Baillad et d’autres militaires dont Dupras, Berger, Petit et Seigneur, AD de l’Ain, 108 J 92.

[6] Joseph-David comte de Barquier (1757-1844) gendarme de la Garde 1767), lieutenant (1791), capitaine (1792), chevalier de Saint-Louis (1792), adjudant-général (1793). Armée d’Italie, servit à Sargio et au col de Tende (1794), réformé, cessa ses fonctions (1795). Au conseil d’administration de l’hôpital de Perpignan et de Rennes (1800). A Saint-Domingue comme chef des hôpitaux (1801), reprit du service comme brigadier (1802). Blessé à la défense de Santo-Domingo (mars 1805), commandant cette place (1808), capitula (7 juillet 1809) et rentra en France. Commanda le département de l’Arno, de l’Ombrone et la place d’Otrante 1810-1814. Il cumula divers emplois jusqu’à sa retraite en 1815. Officier de la Légion d’honneur en 1835.

[7] Krebs et Moris, Campagnes dans les Alpes, tome 2, p. 322.

[8] Il s’agit probablement du 1er bataillon de grenadiers de Paris, idem, p. 289.

[9] Ordre de bataille de la collection Nafzinger du 5 janvier 1796, armée d’Italie.

[10] Ordre de bataille de la collection Nafzinger, du 5 février 1796, armée d’Italie.

[11] 778 hommes pour le bataillon de la 46ème, 1 442 hommes pour la 121ème, Edouard Gachot, Les campagnes… op cit, p. 368.

[12] Krebs et Moris,  déjà cité, p. 372.

[13] Effectif de 2 160 hommes, division composée des 4ème et 25ème légères et des 69ème et 39ème d’infanterie, brigadiers Rusca, Victor et Beyran. Verdier et Sornet adjoint à l’Etat-major, commissaire des guerres Bertrand.

[14] Belhomme, Histoire de… op cit, p. 147.

[15] Idem, page 203.

[16] Ibidem, page 204.