2ème bataillon de l’Aube :
Date de formation : Selon Belhomme, il fut formé le 10 novembre 1791. Dans son ouvrage il revient sur cette formation et indique qu’il fut formé seulement le 28 août 1792[1].
Historique :
1793 :
En janvier, le bataillon était à Strasbourg[2].
Apprenant la retraite de l’armée, le 4e bataillon de la Sarthe abandonna sa position pour rejoindre à Odembon, le 2e bataillon de l’Aube et une compagnie de canonniers belges. Il se retira ensuite sur Anvers avec eux, où ils passèrent sous le commandement du général Marassé. L’ennemi attaqua en force le 2e bataillon de l’Aube qui fut obligé de se replier dans la place. Pendant ce temps le 4e de la Sarthe soutînt victorieusement le choc. La résistance étant devenue inutile, le général Marassé capitula le 30 mars, obtenant le droit de se retirer dans les lignes françaises avec ses forces. Durant cette retraite à travers les colonnes ennemies, le bataillon qui formait l’arrière-garde française fut sujet à l’agression d’Autrichiens voulant faire un mauvais sort aux soldats français. Le combat allait reprendre lorsque le général autrichien fit punir les coupables et rétablir l’ordre. La colonne se replia jusque sous les murs de Lille[3].
Embrigadement/amalgame :
1ère formation :
La 6ème demi-brigade de bataille fut formée à Mayence, le 21 décembre 1794, selon Belhomme, selon Louis Susanne le 22 juillet 1794. Attention à ne pas la confondre avec la 6ème bis demi-brigade de bataille dite de l’Armée de l’Ouest ! Elle se composait du 2ème bataillon du 3ème régiment d’infanterie, du 2ème de l’Aube, du 6ème des Vosges selon Belhomme, 10ème des Vosges selon Bertaud et Roucaud, le Journal de l’an VII et Susanne. Belhomme est probablement dans l’erreur quant à la composition de la demi-brigade.
2ème formation :
La 6ème de bataille devint la 100ème demi-brigade de ligne.
Lettre d’un soldat : Bernard Oudin, volontaire au 2e bataillon de l’Aube, du camp de l’île du Rhin, le 13 avril 1794 :
« Mon cher père et ma chère mère, c’est pour répondre à votre lettre que j’ai reçue en date du 24 ventôse qui m’a fait un sensible plaisir d’apprendre que vous jouissiez d’une bonne santé, pour quant à moi, je me porte très bien pour le présent et je souhaite qu’à la réception de la présente, elle vous trouve de même. Pour à l’égard du certificat que je vous ai envoyé, puisqu’il est en bonne forme, cela m’a fait bien du plaisir et si vous avez touché ce que la loi vous accorde vous me le marquerez quand vous m’écrirez et s’il vous en faut un autre je me ferai le plaisir de vous le faire passer aussitôt, et si quelque fois vous n’aviez pas touché, faites vos démarches pour toucher. Et je vous dirai que nous sommes toujours campés à l’île du Rhin, et nous montons la garde toutes les 24 heures, en vingt heures nous n’avons pas de repos. Nous bivouaquons sans cesse sur le Rhin, nous ne dormons que le jour et point la nuit, aussi pensez combien nous avons de peine. Depuis le 21 ventôse nous avons toujours fait ce trafic-là. Mon cher père, si vous avez touché, si vous pouvez m’envoyer un assignat de dix livres cela me fera plaisir, attendu que nous avons de la peine. Le citoyen Brageux est avec moi et vous direz à sa mère que si elle peut lui envoyer aussi un assignat de dix livres celui lui ferait bien plaisir, il fait bien ses compliments à sa mère et lui souhaite une bonne santé. Le citoyen Lalose peut se tenir tranquille à l’égard de Husson pour le rétablissement de sa maison, car il est mort du 8 germinal. Vous pouvez avertir son oncle aussitôt la présente reçue, et nous avons été l’hôpital, et nous avons vu sur le registre qu’il était mort du 8 idem. Si vous voulez avoir son extrait mortuaire, il faut envoyer pour le retirer et je ferai mon possible pour vous le faire passer. Et si vous envoyez quelque chose pour Brageux, vous le mettrez ensemble dans la même lettre et vous le chargerez à la poste, et vous en retirerez une reconnaissance que vous mettrez dans la lettre. Vous me marquez que mon amie est mariée, marquez-moi avec qui elle est mariée. Je finis, mon cher père et ma chère mère en vous embrassant du plus profond de mon cœur. Je suis votre fils pour la vie, Salut et Fraternité, Bernard Oudin.
Pour Brageux : Le citoyen Brageux fait bien ses compliments à sa mère et l’embrasse de tout cœur et ses frères et sœurs, il leur souhaite une bonne santé à tous et à tous ses parents et amis, Salut et Fraternité. Bien mes compliments à mes frères et sœurs, parents et amis, je les embrasse de tout mon cœur, je leur souhaite une bonne santé en leur témoignant toujours la même amitié, je suis leur frère pour la vie. B. Oudin.
Bien mes compliments au citoyen Morquat et toute la famille. Je lui souhaite une heureuse santé à tous, Salut et Fraternité, voici mon adresse, au citoyen Bernard Oudin, volontaire au 2e bataillon de l’Aube, campé à l’île du Rhin, près Strasbourg, département du Bas-Rhin, compagnie numéro 8, Aumont capitaine »[4].
La désertion fait des ravages dans les rangs des réquisitionnaires :
« Aujourd’hui, 22 pluviôse an II, à l’heure de quatre après midy, est comparu au Conseil municipal de cette municipalité Edem Lejeune, charpentier et officier municipal en cette municipalité, lequel nous a déclaré que son fils Edme Lejeune, compris dans la première réquisition étant en dépôt à Verdun pendant quelques temps, s’est avisé de déserter et a quitté le dépôt, lequel s’est rendu chez son père le 20 pluviôse, dont ledit Lejeune, son père, nous a dit l’avoir dénoncé au Ministre de guerre qui est à la ville de Troyes, le 21 pluviôse. Sur cette déclaration, le Conseil municipal avec plusieurs membres du Comité de surveillance s’étant transporté chez ledit Edme Lejeune à l’effet de le voir et l’avons sommé de se transporter demain avec nous en la ville de Troyes devant le ministre de guerre ou autre, selon ce qu’il lui sera désigné. Alors ledit Lejeune nous a représenté qu’il n’est plus dans le cas de marcher pour en faire le voyage de Troyes, étant indisposé d’une maladie de gale, l’ayant considéré nous voyons nous-mêmes qu’il a du mal, cependant ne connaissant pas la maladie, ne pouvant pas justifier s’il est dans le cas de repartir oui ou non, c’est pourquoi nous avons dressé le présent procès-verbal que les officiers municipaux avec le Comité de surveillance les ans, mois et jours comme ci-dessus, ont ledit Lejeune, son père, s’est obligé de répondre et a signé, E. Thoyer, E. Thoyer maire, J. Ruinet, F. Devanlay, J. Frit, C. Guillaume, P. Jacquotin agent national, Edme Lejeune, Paynot secrétaire »[5].
Article de Laurent B.
[1] Belhomme, Histoire de l’Infanterie en France, tome 3 et 4.
[2] Journal Militaire de 1793.
[3] Dupré, Les fastes du 14e régiment d’infanterie de ligne, p. 84-85.
[4] Boutillier du Retail, La Révolution dans l’Aube, bulletin d’histoire moderne et contemporaine, publié par la société d’histoire départementale de la Révolution, sous la direction de, 4e année, numéros 2-3, 2e et 3e trimestre, 1911, p. 83 et 84.
[5] Boutillier du Retail, La Révolution dans l’Aube, bulletin d’histoire moderne et contemporaine, publié par la société d’histoire départementale de la Révolution, sous la direction de, 4e année, numéros 2-3, 2e et 3e trimestre, 1911, p. 104.