3e bataillon de l’Aisne

bataillon-de-volontaires-nationaux

3ème bataillon de l’Aisne :

 

Date de formation : Il fut formé le 28 août 1791 selon Belhomme[1], le 30 août selon le commandant Dumont[2].

Historique :

1791 :

Composé de 541 volontaires des districts de Chauny et de Saint-Quentin, ils furent rassemblés à La Fère le 28 août, et formés en compagnies le même jour puis organisés en bataillon le 30. Il fut envoyé à Saint-Quentin le 2 septembre, et passé en revue le 4 par le lieutenant-général d’Aumont, le commissaire des guerres Poittevin de La Motte et les commissaires du département Meurizet et Letellier. Il fut complètement armé mais ne comptait que 45 habits et pas d’équipement. Il fut envoyé au cantonnement au Cateau le 5 septembre, et inspecté le 12 novembre suivant par le maréchal de camp Dillon.

1792 :

Le 1er janvier, il était en garnison à Cateau-Cambrésis. Il partit de cette localité le 5 mai, pour se rendre à Lorient[3] ayant été désigné pour servir aux colonies. Il passa par Le Catelet, Plélan le 29 mai, Ploërmel le 30, Josselin le 1er juin et arriva à Lorient le 4 juin. Il fut embarqué le 3 août à Lorient et envoyé en renfort à la Martinique[4]. Débarqué, il fut chassé de l’île par « l’infâme Béhague »[5] et quatre compagnies et demie aux ordres de Fay se réfugièrent dans l’île de Saint-Christophe tandis que l’Etat-major du bataillon, le reste du bataillon et le drapeau soit 17 officiers et 238 hommes furent évacués vers Saint-Domingue et arrivèrent au Cap le 3 octobre. Les compagnies présentes dans l’île de Saint-Christophe rentrèrent en France dès le mois de décembre.

1793 :

Désormais séparé en deux parties, les hommes restés à Saint-Domingue assistèrent impuissant au pillage et à l’incendie du Cap au mois de juin, puis le 20 juin furent défaits à plat de couture par les rebelles noirs où ils perdirent tous les papiers du bataillon. Désormais amoindrie par les tués, les maladies et les fièvres cette partie du bataillon était quasi moribonde.

Les hommes rembarqués pour la France servirent selon Belhomme à reformer le bataillon à Brest, le 1er mai, avec son dépôt. Ils furent affectés à l’armée des Côtes de Brest, le commandant Dumont indique qu’ils étaient alors 215 présents, à Rostrenen, le 10 février. Ils furent envoyés à Brest en passant par Carhaix, Châteaulin, Le Faou et Landernau où ils arrivèrent le 16 pour servir sur les navires de l’escadre de Brest. Passés en revue le 27 mai dans cette ville par le général Serres de Gras, le bataillon reçut un apport de 145 réquisitionnaires du Finistère (25 juin). Le bataillon fut entièrement réorganisé du 28 juin au 1er juillet. Envoyé contre les Vendéens, il servit à la bataille de Pontorson qui fut une défaite et où ils éprouvèrent des pertes (19 novembre).

1794 :

Le contingent de Saint-Domingue alors commandé par le chef de bataillon Glénat, ne comptait plus que 45 hommes, son chef faisant par ailleurs des protestations sur la réorganisation du 3ème de l’Aisne en France, alors que son drapeau était toujours dans l’île.

Le bataillon en France, reçut à nouveau des renforts, notamment le 13 janvier, 226 réquisitionnaires du district de Brest, dont 106 désertèrent presque aussitôt, et 145 autres réquisitionnaires du district de Lesneven, le 11 avril suivant. Le bataillon servit dans plusieurs affaires contre les chouans entre mai et juin 1794, puis il fut embrigadé.

1795 :

Dans la fournaise des guerres de l’Ouest, le bataillon qui aurait dû former le 2ème bataillon de la 141ème demi-brigade, resta de fait indépendant à l’armée des Côtes de Brest. Il prit part aux combats contre les chouans à Lesneven, Pontorson, puis à la bataille de Quiberon.

1796 :

Il fut à nouveau embarqué pour l’île de Saint-Domingue en avril, où il retrouva le reste du bataillon commandé par Mayeux. Il faisait alors la campagne de Curaçao et assista au combat du Cap.

1798 :

Les restes du bataillon comprenant alors le chef de bataillon, 50 volontaires et 62 hommes de la 141ème demi-brigade de bataille rentrèrent en France sur le bateau La Cocarde Nationale et débarquèrent à Brest, le 6 décembre. Dix-neuf officiers et 358 autres hommes furent renvoyés par le général Hédouville en France, sur la frégate La Sirène et l’aviso L’Enfant-Prodigue qui arrivèrent à Lorient le 17 décembre.

1799 :

Les débris du 3ème bataillon de l’Aisne furent incorporés pour une part le 12 février, dans la 82ème de ligne, et pour une autre part dans la 19ème légère le 14 mars.

Embrigadement/Amalgame :

1ère formation :

La 141ème demi-brigade de bataille fut formée selon Belhomme, le 9 juillet 1794, à Brest. Toutefois Louis Susanne indique la date du 8 juillet et le commandant Dumont la date du 16 juillet, aux landes de Crozon. Sa formation comprenait le 1er bataillon du 77ème,  le 3ème de l’Aisne (2ème de l’Aisne si l’on en croit Bertaud et Roucaud qui sont les seuls à défendre cette thèse contre trois autres auteurs, Belhomme, Susane et Dumont) et le 7ème du Calvados.

2ème formation :

A cette date le 3ème bataillon de l’Aisne (2ème de la 141ème demi-brigade) fut versé dans la 82ème demi-brigade de ligne et dans la 19ème demi-brigade légère. Le commandant Dumont précise que l’opération se fit à l’armée d’Angleterre, il indique que les hommes, les sous-officiers et quelques officiers furent incorporés dans les rangs de la 82ème demi-brigade de ligne le 12 février 1799. Les officiers restants furent versés le 14 mars 1799 dans la 19ème demi-brigade légère[6].

La compagnie de grenadiers qui était demeurée en France fut incorporée dans le 86ème de ligne.

État des Cadres à la formation, revue du 4 septembre 1791[7] :

Lieutenant-colonel Pierre Bordier De Beaumont, originaire de Saint-Pardoux, 53 ans et chevalier de Saint-Louis.

Lieutenant-colonel en second Louis-Marie-Joseph De Fay De Quincy, originaire de Chignolles, 40 ans.

Quartier-maître trésorier Aimé-Jean Harlay, originaire de La Fère, 21 ans.

Adjudant-major Nolbé.

Adjudant sous-officier Pierre-Charles-Eléonore Rorquin, originaire de Paris, 28 ans.

Chirurgien-major, César-Auguste Deruez, originaire de l’Echelle, 29 ans.

Compagnie de grenadiers :

Capitaine Pierre-Abraham-Benjamin Caron, originaire d’Hargicourt, 24 ans, lieutenant Jacques Pioches originaire de Charmes, sous-lieutenant George Durif originaire de La Fère.

1ère compagnie de Chauny :

Capitaine Pierre Glenat originaire de Fontaine dans l’Isère, lieutenant Jean-François Lamotte originaire de Beautor, sous-lieutenant Antoine Lecomte originaire de Chauny, 39 ans.

2ème compagnie de Chauny :

Capitaine Jean-Hubert De La Pierre, lieutenant Jean-Charles Baudier, sous-lieutenant Pierre-Alexis Garret originaire d’Ivilaire dans le Doubs, 33 ans.

3ème compagnie de Chauny :

Capitaine Jean-Baptiste Penaut originaire de Chauny, 25 ans, lieutenant Jacques-Antoine Tronquoy originaire de Chauny, 22 ans, sous-lieutenant François-Christophe Pontieu originaire de Frières-Faillouël, 25 ans.

4ème compagnie de Chauny :

Capitaine Jean-Baptiste-Louis Mayeux originaire de Guny, 22 ans, lieutenant Noël Lescot originaire de Coucy, 18 ans, sous-lieutenant Edouard-Honoré Gaudelot originaire de Coucy, 20 ans.

5ème compagnie de Saint-Quentin :

Capitaine Pierre-Alexandre Gosset originaire de Bohain, lieutenant Pierre Vatin, sous-lieutenant Henry Bénard.

6ème compagnie de Saint-Quentin :

Capitaine Charles-François Gérard originaire de Villers-Saint-Christophe, 22 ans, lieutenant Pierre-François-Sylvestre Dumez originaire de Villers-Saint-Christophe, 24 ans, sous-lieutenant Mathias Guincourt originaire de Villers-Saint-Christophe, 23 ans.

7ème compagnie de Saint-Quentin :

Capitaine Pierre-Joseph-Eléonore Monoury originaire de Saint-Quentin, 20 ans, lieutenant Amand-Fidèle-Constant Maguinet originaire de Saint-Quentin, 20 ans, sous-lieutenant Charles-Etienne Raison originaire de Saint-Quentin, 31 ans.

8ème compagnie de Saint-Quentin :

Capitaine Louis-Alexandre Clerc dit Leclerc originaire de Ribemont, 59 ans, lieutenant Pierre-Joseph Paris originaire de Montigny-en-Arrouaise, 30 ans, sous-lieutenant André-Amand-François Paris originaire de Sissy, 20 ans.

État des cadres au moment de l’embrigadement, date non précisée :

Chef de bataillon J. M. Armspach,

Quartier-maître trésorier L. A. B. Dumez,

Adjudant-major P. F Desteuque,

Adjudant sous-officier et chirurgien-major non connus.

Compagnie de grenadiers :

Capitaine S. Chiot, lieutenant J. M. Lecot, sous-lieutenant A. C. Gourlin.

1ère compagnie :

Capitaine Pierre Joseph Paris (lieutenant en 1791 dans la 8ème compagnie), lieutenant J. A. Courmontaine, sous-lieutenant A. Carette.

2ème compagnie :

Capitaine A. F. C. Maguinet, lieutenant J. H. D. Poête, dous-lieutenant C. Bourgogne.

3ème compagnie :

Capitaine Pierre-François-Sylvestre Dumez (enrôlé en 1791, alors lieutenant 6ème compagnie), lieutenant A. J. Harlay, sous-lieutenant N. Rivière.

4ème compagnie :

Capitaine Pierre-Alexis Garret (sous-lieutenant dans la 2ème compagnie en 1791), lieutenant J. T. Chuquet, sous-lieutenant J. J. Déhan.

5ème compagnie :

Capitaine André-Amand-François Paris (sous-lieutenant dans la 8ème compagnie en 1791), lieutenant J. B. Pringet, sous-lieutenant P. Stombe.

6ème compagnie :

Capitaine Charles-François Gérard (déjà capitaine de cette compagnie en 1791), lieutenant P. S. Fournier, sous-lieutenant J. M. Dautigny.

7ème compagnie :

Capitaine Pierre-Joseph-Eléonore Monoury (déjà capitaine de cette compagnie en 1791), lieutenant C. A. Pudepièce, sous-lieutenant J. L. Jamart.

8ème compagnie :

Capitaine Louis-Alexandre Le Clerc (déjà capitaine de cette compagnie en 1791), lieutenant P. F. L. Delfrère, sous-lieutenant J. B. Dufour.

Article de Didier Davin et Laurent B.

sehri

[1] Belhomme, Histoire de l’Infanterie de France.

[2] Commandant Dumont, Les bataillons de volontaires nationaux, p. 13.

[3] Journal Militaire de 1792.

[4] Le Commandant Dumont dans son ouvrage dit que le bataillon fut embarqué à Lorient le 3 août pour la Martinique, le lieutenant-colonel Belhomme dans son ouvrage sur l’infanterie française, et qui se trompe probablement comme souvent, indique qu’il fut embarqué au mois de juillet à Nantes pour Saint-Domingue.

[5] Jean-Pierre-Antoine comte de Béhague de Villeneuve, né en 1727, fils de Pierre inspecteur des ponts et canaux du gouvernement de Calais et de Flandres et de Marie Mollien, entra au régiment de cavalerie Egmont en qualité de trompette (1744), fit la guerre de succession d’Autriche, servit notamment à Fontenoy (1745) puis Lauffeld, réformé (1748), entra dans la maison militaire du Roi, 2e compagnie des mousquetaires, nommé à la tête d’une compagnie de dragons du régiment d’Harcourt (1755), emprisonné quelques mois pour absence sans autorisation (1760), lieutenant-colonel (1761), chevalier de Saint-Louis (1762), gouverneur de Cayenne (1763-1768), brigadier (1768), gouverneur de Brest, Belle-Ile, Houat puis Hoëdic, maréchal de camp (1780), commandant des départements de la province de Bretagne (1790), lieutenant-général, commandeur de Saint-Louis, nommé gouverneur de l’île de Martinique (1791), dénoncé par Rochambeau pour son despotisme, il passa aux Anglais et à l’armée des émigrés. Général en chef de l’armée catholique royale de Bretagne (9 mai 1798), il inspecte la Bretagne en décembre mais ses manières aristocrates sont mal accueillies par les chouans, à son retour en Angleterre, il déclara qu’il n’y avait plus de chouans, ses déclarations furent combattues par Mercier de la Vendée auprès du comte d’Artois, Béhague conserva le titre officiel de l’armée de Bretagne mais Cadoudal en fut officieusement le commandant. Il mourut à Londres le 12 mai 1813.

[6] Commandant Dumont, Les bataillons de volontaires nationaux, p. 13.

[7] Commandant Dumont, Les bataillons de volontaires nationaux, p. 12.