3e bataillon du Mont-Blanc

Date de formation : selon Belhomme, il fut formé le 16 mai 17931. Folliet indique la date du 15 mai2.

3e bataillon du Mont-Blanc

Formation :

Il fut formé à Annecy, avec des volontaires de cette ville, de Rumilly, de Faverges, La Roche, Bonneville, Cluses et Samoëns.

Historique :

1793 :

Dès qu’il fut armé, il fut envoyé au siège de Lyon (armée des Alpes), dans les troupes de seconde ligne. Une fois la ville prise (9 octobre), il fut envoyé à l’Armée de Toulon, arrivant à Ollioules (10 novembre), il renforça les troupes assiégeant la ville. Plusieurs compagnies furent détachées dans différentes positions, il servait à l’aile gauche (11 décembre). Il était fort de 574 hommes et 33 officiers. Le capitaine Challut fut le premier à entrer dans la ville, que les Anglais avaient évacué sous notre feu, à la tête d’un détachement en reconnaissance d’environ 120 hommes (19 décembre). Après la prise de Toulon, il fut envoyé cantonner dans les Hautes-Alpes.

1794 :

Il servit à l’armée des Alpes, occupant des positions de défense.

Embrigadement/amalgame :

1ère formation :

La 18ème demi-brigade légère fut formée le 16 novembre 1794, à Toulon, avec le 3ème bataillon du Mont-Blanc, le 3ème du Vaucluse et le 18ème bataillon d’infanterie légère ou 18ème bataillon de chasseurs (composé de Corses). André Folliet donne la même composition mais la date du 26 novembre3.

2ème formation :

La 18ème légère de 1ère formation fut incorporée dans la 3ème demi-brigade légère de seconde formation. Toutefois Champeaux, qui ne cite pas d’amalgame de première formation, indique que le 3e bataillon du Mont-Blanc fut versé dans la 29e demi-brigade légère de seconde formation4. Cette information est confirmée par André Folliet5 et César Duval6. La biographie du chef de brigade Balleydier confirme cette affirmation, la 18e légère de première formation fut bien versée dans la 29e légère de seconde formation.

sehri

Portraits :

Claude-Joseph-César Balleydier, né à Annecy, le 12 février 1762, fils de Pierre, bourgeois, procureur, notaire et greffier royal, et de Péronne Marchand. Il servit au 69e régiment d’infanterie ci-devant de Châteauvieux. Il s’enrôla dans le régiment suisse de Châteauvieux au service de la France (1780), obtînt son congé (1785), taille de 5 pieds, 3 pouces, 6 lignes, visage ovale et marqué de tâches de rousseurs, les yeux « truités », le nez tirant à gauche, les cheveux et les sourcils châtains foncés. Rentré au pays, il se comporta en mauvais garçon, traînant une mauvaise réputation, joueur invétéré de Baculo. Il fut le premier à s’enrôler dans le 3e bataillon du Mont Blanc, sur le registre ouvert à Annecy (1792). Il fut élu lieutenant-colonel du bataillon (15 mai 1793). Il épousa à Manosque Madelon Dupanloup, dont les quatre frères étaient officiers dans le bataillon (début de l’année 1794). Nommé chef de brigade, il passa à la 18e demi-brigade légère de première formation (novembre), puis dans la 29e demi-brigade légère de seconde formation, dont il assuma le commandement (1796). Il fut blessé et fait prisonnier à Saint-Georges (14 septembre). Il fut échangé après les préliminaires de paix de Leoben (1797). Il fut replacé à la tête de la 29e légère (1798). Il s’illustra au combat de Polo, veille de la bataille de Magnano (4 avril 1799), faisant de nombreux prisonniers (1 500). Il combattit à Magnano (5 avril) et Bassano (27 avril), passant à l’armée batave, puis à l’armée du Rhin, manquant d’être révoqué, il participa aux derniers combats contre les Autrichiens (Burg-Eberach, 3 décembre). Il fut laissé sans emploi et sans ressources (1801), nommé sur intervention d’Augereau commandant de la place de l’île d’Elbe (1802-1803), officier de la Légion d’honneur (1802), puis nommé en 1804, colonel du 18ème régiment d’infanterie légère, camp d’Utrecht. Il fit campagne à la Grande Armée, au 2e corps du général Marmont, brigade d’avant-garde du général Dessaix. Le corps traversa l’Allemagne, poursuivit les Autrichiens, pénétra en Haute-Styrie. L’avant-garde fit un coup de main sur les Autrichiens (9 novembre 1805), il fut tué avec quatre soldats, près de Wordenberg, effectuant alors une reconnaissance. Surpris par des chasseurs tyroliens dans un bois, il abattu ainsi que ses hommes, le 10 novembre 1805. Il laissait une veuve et déjà cinq enfants, qui perçut une pension de 1 000 francs, l’aînée de ses filles fut admise à Saint-Denis.

Jacques-François Bergier, originaire d’Annecy, il fut élu sous-lieutenant à la 6e compagnie du 3e bataillon du Mont Blanc (15 mai 1793).

Nicolas Bétemps, originaire de Cluses, il fut élu sergent-major au 3e bataillon du Mont Blanc (1793), promu sous-lieutenant, il passa dans la 18e demi-brigade légère de première formation (novembre 1794), lieutenant (1795), puis dans la 29e demi-brigade légère de seconde formation (1796), il fut tué au combat de Saint-Michel, le 2 novembre 1796.

Pierre Bévillard, originaire d’Annecy, il fut élu sous-lieutenant à la 8e compagnie du 3e bataillon du Mont Blanc (15 mai 1793), il passa dans la 18e demi-brigade légère de première formation (novembre 1794), puis fut surnuméraire au second amalgame dans la 29e demi-brigade légère de seconde formation (1796).

Joseph Bocquet, né à Annecy, le 12 septembre 1773, il s’enrôla dans le 3e bataillon du Mont Blanc, sergent-major (1793), il passa dans la 18e demi-brigade légère de première formation (novembre 1794), puis dans la 29e demi-brigade légère de seconde formation (1796), il fut fait sous-lieutenant par le général Bonaparte, sur le champ de bataille de Saint-Michel (2 novembre). Il passa à la réforme régimentaire dans le 16e régiment d’infanterie légère (1803), lieutenant (10 mars 1806), il fut tué à la bataille d’Iéna, le 14 octobre 1806.

Bouvier, il s’enrôla dans le 3e bataillon du Mont Blanc, élu sergent (1793), il passa à la 18e demi-brigade légère de première formation (novembre 1794), puis dans la 29e demi-brigade légère de seconde formation (1796), et à la réforme régimentaire dans le 16e régiment d’infanterie légère (1803). Il passa encore dans la 2e légion de réserve (4 novembre 1807), lieutenant premier porte-aigle, au 21e régiment d’infanterie légère (9 juillet 1812).

François Brunet, né à Carouge, le 24 mars 1770, il fut élu sous-lieutenant à la 1ère compagnie du 3e bataillon du Mont Blanc (15 mai 1793), il passa dans la 18e demi-brigade légère de première formation (novembre 1794), puis dans la 29e demi-brigade légère de seconde formation (1796), lieutenant (1er thermidor an XII), capitaine (2 octobre 1808), il obtînt sa retraite.

Antoine Brunier, originaire d’Annecy, il fut élu sous-lieutenant à la 5e compagnie du 3e bataillon du Mont Blanc (15 mai 1793), il passa dans la 18e demi-brigade légère de première formation (novembre 1794), puis dans la 29e demi-brigade légère de seconde formation (1796), il fut fait lieutenant sur le champ de bataille de Saint-Michel (2 novembre).

Claude Burnod, originaire d’Annecy, il fut élu capitaine à la 1ère compagnie du 3e bataillon du Mont Blanc (15 mai 1793), il passa à la 18e demi-brigade légère de première formation (novembre 1794), puis dans la 29e demi-brigade légère de seconde formation (1796), il démissionna le 16 prairial an VII.

Claude Challut, né à Annecy, le 2 juin 1771, il fut élu à la 4e compagnie du 3e bataillon du Mont Blanc (15 mai 1793), il passa à la 18e demi-brigade légère de première formation (novembre 1794), puis à la 29e demi-brigade légère de seconde formation (1796), il fut blessé en Italie (12 ventôse an V), chevalier de la Légion d’honneur, il fut tué à la bataille d’Iéna, le 14 octobre 1806.

François Cucuat, originaire de Cluses, il fut élu lieutenant à la 3e compagnie du 3e bataillon du Mont Blanc (15 mai 1793), il démissionna à la suite d’infirmités causes de ses blessures reçues aux armées.

Bernard Curt, né à Cluses, le 15 août 1769, il fut élu capitaine à la 3e compagnie du 3e bataillon du Mont Blanc (15 mai 1793). Il passa à la 18e demi-brigade légère de première formation (novembre 1794), puis dans la 29e légère de seconde formation (1796). Il prit sa retraite (8 janvier 1808).

Curzilliat, s’enrôla au 3e bataillon du Mont Blanc, sergent (1793), il passa dans la 18e demi-brigade légère de première formation (novembre 1794), puis dans la 29e demi-brigade légère de seconde formation (1796), enfin par la réforme régimentaire dans le 16e régiment d’infanterie légère (1803), sous-lieutenant (10 nivôse an XIII), lieutenant (3 mars 1807), capitaine (22 novembre 1808), il fut tué en Espagne, le 22 juillet 1809.

Jacques Curzilliat, né à Annecy, le 19 novembre 1770, il fut élu sous-lieutenant à la 2e compagnie du 3e bataillon du Mont Blanc (15 mai 1793), passa à la 18e demi-brigade légère de première formation (novembre 1794), puis dans la 29e demi-brigade légère de seconde formation (1796), lieutenant (16 brumaire an XII), capitaine (31 décembre 1807), il fut tué à la bataille de Talavera, le 28 juillet 1809.

Joseph Déage, bourgeois de La Roche, né vers 1760, favorable à la France et à la Révolution, il épousa Françoise-Charlotte Burnod originaire d’Annecy (1790), il fut représentant à l’Assemblée nationale de Savoie (21 octobre 1792), s’enrôla le premier dans le registre des volontaires rochois (30 avril 1793), élu capitaine de grenadiers (15 mai), lieutenant-colonel en second du 3e bataillon du Mont Blanc (30 mai). il passa dans les rangs de la 18e demi-brigade légère de première formation (novembre 1794), chef de bataillon lors de cet embrigadement, puis passa dans la 29e demi-brigade légère de seconde formation (1796). Il fut massacré par les insurgés vénitiens durant les Pâques véronaises (13 avril 1797). Sa veuve perçut à partir de l’an VIII, une pension de 200 francs.

Joseph Décret, originaire de Bonneville, il fut élu lieutenant à la 2e compagnie du 3e bataillon du Mont Blanc (15 mai 1793), il passa dans la 18e demi-brigade légère de première formation (novembre 1794), puis dans la 29e demi-brigade légère de seconde formation (1796), il fut tué à la bataille de Saint-Georges, le 15 septembre 1796.

Antoine Dupanloup, né à Annecy, le 15 février 1768, il fut élu sous-lieutenant à la compagnie de grenadiers du 3e bataillon de l’Ain (15 mai 1793), lieutenant (18 septembre 1794), il passa dans la 18e demi-brigade légère de première formation (novembre), puis dans la 29e demi-brigade légère de seconde formation (1796), nommé capitaine (29 octobre 1807), puis obtînt sa retraite (1810).

Gaspard Dupanloup, né à Annecy, le 28 mars 1765, il fut élu à la 5e compagnie du 3e bataillon du Mont Blanc (15 mai 1793), il passa à la 18e demi-brigade légère de première formation (novembre 1794), puis dans la 29e légère de seconde formation (1796), il obtînt sa retraite, le 7 janvier 1808.

Joseph Dupanloup, né à La Roche, le 16 avril 1770, il s’enrôla dans le 3e bataillon du Mont Blanc (15 mai 1793), nommé quartier-maître trésorier, il passa dans la 18e demi-brigade légère de première formation (novembre 1794), puis dans le 13e régiment d’infanterie légère (1803), capitaine, il obtînt sa retraite (7 juin 1809).

Nicolas Dupanloup, né à Annecy, le 18 juillet 1769, il fut élu lieutenant à la 4e compagnie du 3e bataillon du Mont Blanc (15 mai 1793), il passa dans la 18e demi-brigade légère de première formation (novembre 1794), puis dans la 29e demi-brigade légère de seconde formation (1796), il obtint sa retraite (7 janvier 1808).

Favre, il s’enrôla dans le 3e bataillon du Mont Blanc (1793), il passa dans la 18e demi-brigade légère de première formation (novembre 1794), puis dans la 29e demi-brigade légère de seconde formation (1796), et à la réforme régimentaire dans le 16e régiment d’infanterie légère (1803), sous-lieutenant (12 février 1807), ensuite à la 2e légion de réserve (4 novembre).

Jean Lathuile, né à Annecy, le 25 octobre 1761, il fut élu lieutenant dans le 3e bataillon du Mont Blanc (15 mai 1793), il passa dans la 18e demi-brigade légère de première formation (novembre 1794), puis dans la 29e demi-brigade légère de seconde formation (1796), il mourut le 18 messidor an XII.

Pierre Martin, originaire de La Roche, il fut élu sous-lieutenant à la 4e compagnie du 3e bataillon du Mont Blanc (15 mai 1793), il passa dans la 18e demi-brigade légère de première formation (novembre 1794), lieutenant (1795), il passa dans la 29e demi-brigade légère de seconde formation (1796), blessé à l’assaut de la redoute de Saint-Jean, puis à Clausen (1797).

Claude Moltard, originaire de Faverges, il fut élu lieutenant à la 6e compagnie du 3e bataillon du Mont Blanc (15 mai 1793), il passa dans la 18e demi-brigade légère de première formation (novembre 1794), puis passa dans la 29e demi-brigade légère de seconde formation (1796), il fut mis à la suite d’une unité (28 nivôse an VII).

Paul Paris, originaire de Rumilly, il fut élu sous-lieutenant à la 7e compagnie du 3e bataillon du Mont Blanc (15 mai 1793), lieutenant, il passa dans la 18e demi-brigade légère de première formation (novembre 1794), puis dans la 29e demi-brigade légère de seconde formation (1796), il obtînt sa retraite en 1811.

Claude Périlliat, né à Annecy, le 15 septembre 1770, il fut élu sergent-major au 3e bataillon du Mont-Blanc (15 mai 1793), sous-lieutenant à la 3e compagnie (17 mai), il servit au siège de Toulon, passa dans la 18e demi-brigade légère de première formation (novembre 1794), puis dans la 29e demi-brigade légère de seconde formation (1796), lieutenant (8 floréal an VII), « pour bonne conduite à la suite de la bataille du 16 germinal sous Vérone »7, il avait été cité à l’ordre du jour pour ce fait d’arme. Il servit à l’armée de l’Ouest (1800), puis à l’armée gallo-batave (1801), il passa à la réforme régimentaire dans le 16e régiment d’infanterie légère (1803), il reçut un certificat de bonne conduite du colonel Harispe, commandant son régiment, 2e division de l’Armée des Côtes de l’Océan, au camp de Brest (17 fructidor an 12) : « il a joui, au rapport avec tous les officiers avec lesquels il a vécu et de tous les chefs qui l’ont connu l’estime générale justement méritée par son zèle à remplir ses devoirs, par sa bravoure dans les combats, par la douceur et la pureté de tous ses mœurs, par toutes les qualités aimables qui le distinguent et qui sont les heureux effets de son bon naturel et le fruit de l’éducation soignée a reçue »8. Aide de camp du général Chambarlhac (30 prairial an XII), chevalier de la Légion d’honneur (25 novembre 1808), servant alors dans le 43e de ligne. Il mourut avant 1814.

Jean Petit, élu sergent-major au 3e bataillon du Mont Blanc (15 mai 1793), sous-lieutenant dans l’année.

François Philippe, originaire d’Annecy, né le 20 janvier 1774, fils de Joseph-Marie, procureur et conseiller de ville et d’Andréanne Pomel. Il s’enrôla dans les volontaires d’Annecy et fut élu lieutenant de grenadiers au 3e bataillon du Mont Blanc (15 mai 1793), capitaine (30 mai), il servit lors du siège de Toulon, détaché comme adjoint à l’état-major du général Delort, il retourna à son unité. Il entretenait une correspondance suivie avec son père, lettres qui avaient été conservées au moins jusqu’à l’aube du XXe siècle. Il écrivit (septembre 1794) : « A cinq heures du soir tous les camps restèrent vides, chacun partit selon l’ordre qu’il avait. Pour moi, je formai l’avant-garde de la colonne qui devait attaquer la Chenal des grenadiers des Landes et de la Lozère et je me mis en avant avec eux. Nous fîmes une halte à l’emplacement du camp des Espagnols de 1744, pour attendre le restant de la troupe, et la pluie commença à tomber. A trois heures du matin, je m’avançai davantage avec les mêmes compagnies et je fus m’établir à l’extrémité du Longet, au même endroit d’où j’avais fait partir une reconnaissance. La pluie n’ayant pas discontinué, nous étions morts de froid et nous attendions le jour avec impatience. Il vint, mais nous étions si mouillés et abîmés de fatigue que nous ne pouvions pas croire qu’on nous fit attaquer. Il était effectivement six heures du matin et nous n’avions encore entendu aucun coup de fusil. Delort, qui était à la tête de 300 hommes et qui avait passé, comme nous, la nuit au bivouac et à la pluie, se rendait aux sollicitations des soldats et de plusieurs officiers qui demandaient que l’on se retirât. A l’instant nous apercevons deux colonnes descendre par la gorge de Saint-Véran, dont la plus faible venait jusqu’à nous et l’autre descendait. Nous rappelons à l’instant les grenadiers et nous nous rassemblons. Plusieurs coups de canon se font entendre du côté de la vallée, il neigeait alors à ne pas s’y voir à dix pas. Mais le courage ranima les forces. Nous joignons la colonne de Saint-Véran que je trouvai commandée par le général Gouvion, et, sous ses ordres, nous descendons. J’avais jusqu’ici beaucoup entendu parler de feu, de prises de camp, de bravoure, mais je n’en avais jamais vu et je brûlai d’en voir. Je ne quittai point les grenadiers des Landes et de la Lozère. Après avoir fait cinquante pas dans la côte, nous trouvons un poste de peu d’hommes qui nous fusillaient en se retranchant derrière les pierres. Nous leur rendîmes quelques coups de fusils, les grenadiers se mirent à marcher en avant, aussitôt on entend le pas de charge, quelques coups de fusil annoncent la fuite de l’ennemi et rien n’arrête nos soldats. Nous nous engageons dans une montagne horrible, c’était celle où j’avais aperçu un poste retranché. Le général Gouvion dispose sa troupe en deux colonnes, dont l’une s’empare des hauteurs et l’autre marche avec lui à travers un bois. Le premier poste retranché est attaqué, après une petite résistance il est à nous et à chaque pas l’on fait quelques prisonniers. De là, l’ennemi se replie sur une seconde redoute plus forte que la première et s’y fait une résistance opiniâtre. Elle ne fait qu’enflammer le courage des grenadiers et le sous-lieutenant de ceux de la Lozère, ennuyé de ne pouvoir en chasser cinq ou six de ceux qui s’y tenaient encore, saute le retranchement, tombe avec un sabre sur l’un d’eux, mais son sabre se casse. Sans se déconcerter, il somme les autres de se rendre et, quoiqu’il fût lui-même désarmé, il fit cinq prisonniers dont il reçut les armes. Cette redoute enlevée, on poursuit les fuyards à travers les rochers, le canon avait discontinué de tirer du côté opposé. Nous vîmes de tous côtés des colonnes de Français qui tenaient les hauteurs, nous nous reconnûmes et le cri de Vive la République ! Mille fois répété, fut le mot de ralliement pour nous et celui d’alarme des Piémontais. A l’instant toute la troupe chasse devant elle ces lâches et se joint dans le vallon de la Chenal. Redoutes, camps, canons, provisions, l’ennemi oublie tout, trop heureux de n’être embarrassé de ses équipages. Deux de nos colonnes tiennent les hauteurs de droite et de gauche et le reste poursuit le camp de la Chenal. L’on entendait le pas de charge battre à cinquante endroits différents. Vive la République française ! Était constamment dans l’air, et quelques coups de fusils, qui faisaient justice à des paysans rebelles, annoncèrent la solennité de la fête9». Il passa dans la 18e demi-brigade d’infanterie légère (novembre 1794), mais il eut une jambe gelée dans les postes avancés alpins et fut envoyé au repos un moment dans sa famille (jusqu’au printemps 1795). De retour dans les postes avancés, il écrivit une lettre à son père (13 octobre 1795) : « Je vous remercie de l’intérêt que vous prenez à ma santé, effectivement, elle mérite des éloges, car elle résiste à tous les mauvais temps, à toutes les rigueurs possibles. Je suis toujours à mon poste, on nous a enlevés de Borghetto, pour nous faire monter à la montagne. Nous sommes donc aujourd’hui proche le Petit Gibraltar, à trois heures et demie de nos subsistances, à deux heures de la fontaine la plus rapprochée, et si haut qu’il y fait très froid, de manière que la fièvre s’empare de tout le monde. Balleydier est à Monaco, la maladie des uns, les prétextes des autres, ont bien diminué notre bataillon, car il devait être de 475 hommes, et il se trouve réduit à 164. Il nous restait un chef de bataillon, qui s’ennuie à son tour et s’en va aussi. Dupanloup de la Roche, notre quartier-maître, est rongé de fièvre depuis dix-huit jours, de sorte que le conseil d’administration m’a chargé de la comptabilité. J’ai par conséquent beaucoup d’occupations, mais j’ai accepté pour qu’il ne fut pas dit que notre bataillon était complètement à l’abandon. La dernière affaire qui a eu lieu était au poste où nous sommes actuellement. L’ennemi est en force bien retranché et nombreux. Chaque jour, il y a des fusillades tout le long de la ligne et rarement nous avons le désavantage. Un de nos chasseurs était l’autre jour à une découverte, le brouillard était épais, à peine se voyait-on à dix pas. Il tombe sans sans s’en douter sur un poste de six Croates, il se jette derrière une pierre et laisse tirer l’ennemi, ensuite il ajuste son coup, en tue un. Quatre ennemi veulent l’emporter, il en reste un cinquième, mais notre chasseur lui tomba dessus et nous l’amena prisonnier. Ce petit trait de bons sens et de courage m’a d’autant plus fait plaisir que ce jeune homme est du Mont Blanc. Il nous arrive journellement des bataillons et nous espérons pousser plus loin notre quartier d’hiver. Pour moi, je désire bien ardemment voir Gênes et nous n’en sommes qu’à deux journées. Ce sera peut-être nous qui forcerons le fier empereur à signer la paix dictée par notre sage gouvernement, il faut un tel début au Directoire exécutif.Nous ne savons rien de ce qui se passe en France, on nous dit que les émigrés avaient voulu hausser la voix, mais j’espère qu’ils ne se feront pas dire deux fois de se taire »10. Il s’illustra à la bataille de Loano (23 novembre), où il fut atteint d’un coup de feu au bras et à la poitrine, combattant à l’avant-garde. Remis de sa blessure, il passa dans la 29e demi-brigade légère de seconde formation (1796). Il s’illustra à la bataille de Lodi (10 mai). Il commandait les éclaireurs de six compagnies de carabiniers sous les ordres de Dupas. Ils s’élancèrent sur le pont, Philippe fut criblé de blessures et tomba blessé de l’autre côté de la rive, recevant encore un coup de sabre à la jambe droite, un coup de lance à la main gauche, quatre coups de sabre à la tête et un coup de feu qui lui fractura la jambe gauche. Il survécut à ses blessures, mais celle à la jambe le laissa estropié et invalide, ne pouvant plus continuer le service actif. Il fut alors nommé dans le service des places. Commandant de Crémone (octobre), commandant des îles Sainte-Marguerite (1797), il aurait fait tirer sur les deux frégates de Bonaparte qui rentraient avec lui d’Égypte (1799), prenant les navires pour ceux de la Royal Navy. Nommé chef de bataillon (avril 1800), il obtînt son congé mais ne s’était jamais véritablement remis de ses blessures, il mourut à Menthon, le 30 octobre 1803.

François Philippe, né à Saint-Germain, le 15 juillet 1774, volontaire dans le 3e bataillon du Mont Blanc (15 février 1793), il passa dans la 18e demi-brigade légère de première formation (novembre 1794), puis dans la 29e demi-brigade légère de seconde formation (1796), et à la réforme régimentaire dans le 16e régiment d’infanterie légère (1803), sergent (20 nivôse an XIII), lieutenant (25 février 1807), il fut tué à la bataille de Talavera, le 28 juillet 1809, en Espagne.

Joseph Rossier, il fut élu à la 7e compagnie du 3e bataillon du Mont Blanc (15 mai 1793).

Claude Rubellin, originaire de Rumilly, en Haute-Savoie, en 1773, il fut élu capitaine à la 2e compagnie du 3e bataillon du Mont Blanc, compagnie formée des volontaires rumilliens (15 mai 1793). Il passa dans la 18e demi-brigade légère de première formation (novembre 1794), noté comme « un homme brave et vertueux, connaissant parfaitement son état, très zélé, ayant beaucoup de moyens »11. Il se distingua à la prise du poste de Saint-Étienne, qu’il enleva sur les Piémontais, à la tête de 25 hommes (1795). Il passa par amalgame dans les rangs de la 29e demi-brigade légère de seconde formation (1796). Il entra le premier dans la redoute de Saint-Jean (avril), puis opposa une belle résistance à la tête de quatre compagnies, au combat de Tormini, dans lequel il fut finalement fait prisonnier (29 juillet). Il fut échangé aux préliminaires de paix de Leoben (1797), passant ensuite à la réforme régimentaire dans le 16e régiment d’infanterie légère (1803), il servit à l’armée des Côtes de l’Océan (1804-1805), chevalier de la Légion d’honneur (1804), puis à la Grande Armée (1805-1807). Il passa à l’armée d’Espagne (1808), nommé chef de bataillon (22 novembre), il fit la campagne du Portugal. Il fut attaqué à la Palma, par un corps de 4 000 fantassins et 600 cavaliers. Il battit en retraite en combattant pendant deux heures, et avec son bataillon se fraya un passage dans les lignes ennemies. Il fut cité à l’ordre du jour de l’armée pour ce fait (10 octobre 1810). Officier de la Légion d’honneur (6 août 1811), il sauva son régiment à l’affaire de Barnos (5 novembre 1811), par un mouvement hardi qui lui permit d’éviter l’anéantissement. Par la suite, il démontra encore son énergie au siège de Terifo. Il fut nommé major du 23e léger, passa à la Grande Armée et fit la campagne de Saxe (1813), se distingua à Leipzig (16-19 octobre), puis à la tête de jeunes conscrits, au dépôt du régiment, où il organisa un 4e bataillon à Auxonne (1814). Il défendit cette place, commandant supérieur avec environ 1 200 conscrits, contre un corps autrichien de 15 000 hommes. Il conserva la place et l’arsenal, jusqu’à la fin de la guerre et l’abdication de Napoléon. Le vieux soldat fut mis à la retraite à la Première Restauration, il préféra ne pas rentrer en Savoie, retournée à la couronne de Piémont, et s’installa en France, à Saint-Tropez (1815). Il y mourut, le 16 décembre 1835. Il laissait une veuve, Émilie Coste, et un fils Louis, fils majeur propriétaire demeurant à Sainte-Maxime. Ce dernier toucha une somme de 961,10 francs de la Chancellerie de la Légion d’honneur, aréage de la pension que touchait son père défunt (29 octobre 1836).

Tissot, il s’enrôla dans le 3e bataillon du Mont Blanc, élu sergent (15 mai 1793), il passa dans la 18e demi-brigade légère de première formation (novembre 1794), puis à la 29e demi-brigade légère de seconde formation (1796), puis à la réforme régimentaire dans le 16e régiment d’infanterie légère (1803), sous-lieutenant (29 octobre 1806), il fut tué à la bataille d’Eylau (8 février 1807).

Amédée Tochon, originaire d’Annecy, il fut élu lieutenant à la 5e compagnie du 3e bataillon du Mont Blanc (15 mai 1793), il passa dans la 18e demi-brigade légère de première formation (novembre 1794), puis dans la 29e demi-brigade légère de seconde formation (1796), il démissionna (29 brumaire an XII).

Maurice-Christophe Vindret, né à Scionzier, le 8 juin 1761, il s’enrôla dans le 3e bataillon du Mont Blanc, élu sergent (1793), adjudant sous-officier, il passa dans la 18e demi-brigade légère de première formation (novembre 1794), lieutenant (15 ventôse an III), il passa dans la 29e demi-brigade légère de seconde formation (1796), fait lieutenant sur le champ de bataille de Saint-Georges par le général Bonaparte (28 fructidor an IV, 15 septembre), capitaine (18 brumaire an VII), il passa à la réforme régimentaire dans le 16e régiment d’infanterie légère (1803), il obtînt sa retraite (25 avril 1806).

sehri

Article de Laurent Brayard, iconographie de Jérôme Croyet

1 Belhomme, Histoire de l’Infanterie en France.

2 André Folliet, Les volontaires de la Savoie, 1792-1799, p. 161.

3 André Folliet, Les volontaires de la Savoie, 1792-1799, p. 230.

4 Champeaux, État militaire de la République française en l’an douze, p. 157.

5 André Folliet, Les volontaires de la Savoie, 1792-1799, p. 163.

6 Le 2e bataillon du Mont-Blanc, la 19e demi-brigade de bataille à l’Armée d’Italie, le brigadier-général Dichat, César Duval, député de la Haute-Savoie, Chambéry, 1897, page 5.

7 Base Leonore.

8 Base Leonore.

9 André Folliet, Les volontaires de Savoie, 1792-1799, pages 267 à 271.

10 André Folliet, Les volontaires de la Savoie, 1792-1799, pages 234 et 235.

11 André Folliet, Les volontaires de Savoie, 1792-1799, p. 266.