Le traité de Saint-Ildefonse du 1er octobre 1800 entre la France et l’Espagne prévoyait le transfert de l’île d’Elbe, alors possession du duché de Toscane, sous souveraineté française en échange de la principauté de Piombino. Cet accord fut confirmé par la paix de Lunéville du 9 février 1801 et par le traité d’Aranjuez du 25 mars 1801. Il fut accepté par l’Angleterre lors du traité d’Amiens du 25 mars 1802. Le roi de Naples Ferdinand IV renonça à toutes les propriétés et droits qu’il y possédait encore par le traité de Florence du 29 mars 1801. L’île fut donc officiellement annexée par la France en 1802 par le Sénatus-consulte du 26 août 1802.
Didier Davin nous indique que c’est le général Rusca qui commanda l’île d’ Elbe à partir de décembre 1801. Napoléon écrivit à Berthier le 17 juillet 1803 :
« envoyez de France deux chefs de bataillon pour commander les deux bataillons francs du pays ».
Bataillons de l’île d’Elbe :
1er bataillon auxiliaire de l’île d’Elbe, formé le 3 août 1801,
1er bataillon franc de l’île d’Elbe, formé le 13 avril 1803,
2e bataillon franc de l’île d’Elbe, formé le 13 avril 1803.
Portrait :
Jean-Baptiste-Dominique Rusca, né le 27 novembre 1759, à la Brigue dans les Alpes-Maritimes. Il naquit sujet du roi de Piémont-Sardaigne, et fit des études de médecine à Nice, capitale du comté. Il se rallié vite aux idéaux révolutionnaires (1789-1791), se lia avec des partisans de la Révolution en France et fut bientôt banni et ses biens furent confisqués. Il se réfugia en France à Toulon et servit bientôt dans l’armée du siège comme médecin militaire dans les hôpitaux de campagne. Il entra au service comme chef de bataillon au 6e bataillon de sapeurs (1er mai 1793), il servit à l’armée d’Italie sous Dumerbion, servant à la prise du col de Fouvelus et à la prise de la forteresse de Saorge (29 avril 1794), il s’illustra lors d’un combat à Bore, où seul il mit hors de combat trois dragons autrichiens (un tué, deux prisonniers), et reçut un sabre d’honneur (juillet). Il passa à l’armée des Pyrénées-Orientales, servant sous Pérignon puis Schérer, chef de brigade (13 juin 1795), il s’illustra à l’affaire de Crospia puis après le traité de Bâle et la paix avec l’Espagne, passa de nouveau à l’armée d’Italie, général de brigade (22 novembre), il s’illustra à la bataille de Dego (14-15 avril 1796), faisant une centaine de prisonniers et prenant deux canons, puis au camp de Ceva (7 mai), à la bataille de Lodi (10 mai), il fut blessé de deux coups de feu à la cuisse gauche à la défense de la place de Salo (31 juillet). Il resta convalescent avant de passer à l’armée de Rome (11 avril 1798), sous Championnet, il battit une force napolitaine à Torre-de-Palma (28 novembre), mettant en déroute avec deux bataillons 14 000 ennemis, leur faisant 300 prisonniers et prenant 32 canons et 40 caissons, puis servit à la prise de Naples (23 janvier 1799), général de division (5 février), il fut blessé de deux coups de feu à la bataille de la Trebbia (17-19 juin), et fut fait prisonnier par les Autrichiens qui le gardèrent prisonnier jusqu’à la paix (début 1801). Il fut nommé commandant de l’île d’Elbe (14 décembre 1801-28 mai 1805), chevalier de la Légion d’honneur (16 octobre 1803), commandeur dans l’ordre (14 juin 1804), il fut envoyé à l’armée d’Italie (1809), commandant d’une division dans le Tyrol, il battit Chasteler près de Villach en Carniole, lui faisant 900 prisonniers. Baron de l’Empire (13 mars 1811), il ne fut pas employé par la suite, restant en disponibilité, puis fut nommé commandant de la 2e division de réserve de Paris (20 janvier 1814), commandant du camp de Soissons (12 février), il fut tué sur les remparts de Soissons lors de la défense de la ville contre les coalisés, le 14 février 1814. Les Russes lui rendirent le lendemain les honneurs (15 février).
1er bataillon auxiliaire de l’Elbe:
Date de formation : 3 août 1801.
Formation :
Il fut formé le 3 août 1801 et se composait de neuf compagnies recrutées dans l’île. Il fut bientôt licencié le 19 février 1802
1er bataillon franc de l’île d’Elbe :
Date de formation : 13 avril 1803.
Formation :
Créé par un décret du 13 avril 1803 et recruté dans l’île, il se composait de quatre compagnies de 100 hommes et reçut l’apport de quelques déserteurs étrangers du dépôt de Gênes, et de déserteurs français du dépôt de Marseille.
Portrait :
Alexandre Duchoqué, né à Tournai, le 2 octobre 1769, entra capitaine au régiment de Tournai (25 février 1793), aide de camp du général Salm (21 avril 1799), chef de bataillon (19 juin), attaché au 1er bataillon franc de l’île d’Elbe (22 juillet 1803), jusqu’au 31 octobre 1810, il passa ensuite au 1er régiment de la Méditerranée (1er novembre), commandant de la 86e cohorte, puis chef de bataillon au 137e de ligne, il fut tué à la bataille d’Hoyerswerda, le 28 mai 1813.
2ème bataillon franc de l’île d’Elbe :
Date de formation : 13 avril 1803.
Formation :
Créé par un décret du 13 avril 1803 et recruté dans l’île, il se composait de quatre compagnies de 100 hommes et reçut l’apport de quelques déserteurs étrangers du dépôt de Gênes, et de déserteurs français du dépôt de Marseille.
Article de Laurent Brayard et Didier Davin