Bataillon de réquisitionnaires de la Charente :
Date de Formation : 9 avril 1793.
Formation :
Avec les hommes issus de la levée des 300 000 hommes, le département de la Charente forma un nouveau bataillon de volontaires fort de 1 200 hommes. Le département annonça que :
« les dangers de la Patrie nous ont déterminés à armer de suite un bataillon pour être prêt à se porter où les dangers de la Patrie l’appelleront, nous nous empressons de vous en donner avis »1.
Historique :
1793 :
Devant les troubles des conflits politiques entre la Montagne et la Gironde, l’idée première fut de l’envoyer à Paris, ordre donné par le Ministre de la Guerre au département. Il fut alors dirigé sur Niort. Parmi les 1 200 hommes, 400 étaient destinés à remplacer les pères de famille partis dans les renforts pour l’Armée des Sables-d’Olonne (mars). Les 800 autres formèrent une unité nouvelle qui fut renforcée par deux pièces de canon avec leurs boulets. Les commissaires de l’armée étaient enthousiastes notamment par la possibilité de renvoyer dans leurs foyers les gardes nationaux « plus embarrassant qu’utiles, bras enlevés à l’agriculture ». Les premiers pères de famille furent en effet renvoyés chez eux :
« A l’Armée des Côtes de la Rochelle on a commencé à renvoyer les pères de famille les plus utiles chez eux, vous avez vu ensuite l’arrêté qui ordonne le renvoi d’un quart des gardes nationaux restants, et successivement on fera partir ceux qui ne sont pas d’une utilité reconnue »2.
Il ne fut pas possible d’y procéder dans l’instant à cause de la situation militaire, le directoire du district de Poitiers prévient celui de Ruffec en Charente :
« notre position est cruelle, nous ne pouvons vous la taire, l’ennemi s’est emparé de Thouars, où il y avait 14 pièces et 12 000 hommes de garnison et paraît vouloir se porter sur Loudun, Poitiers est sans canons. Le commissaire près de l’Armée des Pyrénées-orientales qui assista hier à nos séances a envoyé quérir à Angoulême 8 pièces d’artillerie ».
Les hommes de ce bataillon était de valeur très inégale :
« un certain nombre des enrôlés sont de beaux hommes, mais beaucoup ont été enrôlés bien qu’ils soient de taille insuffisante et de complexion délicate, il en est qui refusent de partir sous prétexte de commissions qui leur ont été conférées par le département ou d’exemptions qui leur ont été accordées, ils se montrent peu soigneux, ils usent leurs uniformes en les portant sans précautions ni soins, on en voit même qui profitent de leurs armes pour se permettre l’entrée des maisons, comme à Sonneville dans la Charente et exiger de l’argent ou des vivres à des habitants, si bien que le Directoire doit intervenir pour réprimer les excès, d’autres reviennent sur leurs pas, après quelques jours de route comme l’indique l’adjoint du ministre de la Guerre François : ils tournent le dos à l’ennemi contre lequel la Patrie les a envoyés, ces lâches cherchent à couvrir leur désertion par de faux certificats et des billets d’hôpitaux supposés, à la faveur desquels ils s’échappent à la surveillance des municipalités »3.
Devant la situation le département des Deux-Sèvres appela aussi à l’aide. Le commissaire Pierrat de la Charente demanda l’envoi de tout ce qu’il serait possible de trouver, hommes et canons. 500 volontaires de Confolens étaient déjà arrivés à Niort (7 mai), et ils reçoivent des fusils (8 mai). Environ 150 d’entre eux du district d’Angoulême furent dirigés vers Saint-Maixent escortant un convoi d’artillerie pour l’armée républicaine se trouvant à Parthenay :
« mais leur attitude n’est pas très ferme, ceux de la Rochefoucauld, égarés par quelques malveillants, se mutinent et ne rentrent dans l’ordre que devant les prières et les menaces des commissaires charentais »4.
Au début de juin fut procédé aux premiers licenciements des réquisitionnés extraordinaires de mars et mai 1793, « leur impatience était extrême, ceux du bataillon de l’Houmeau qui était leur commandant se montraient surtout pressants, ils veulent absolument être remplacés »5. Le nouveau général en chef Biron accéda à leur plainte, en décidant que l’on renverrait dans leurs foyers tous les hommes mariés des gardes nationales des campagnes, au fur et à mesure que les renforts et troupes de ligne arriveraient. Un premier quart fut licencié à Niort sous la surveillance du commissaire de la Charente Trémeau et de son collègue Lassée. Le 2 juin, l’arrêté de Biron fut promulgué, mais il revînt dessus (7 juin) car créant un fâcheux exemple affaiblissant grandement le moral de ceux restant sous les armes. Cependant les licenciements s’effectuèrent dans les bataillons d’Angoulême et de la Rochefoucauld, puis pour ceux de Confolens, Lecoq à Parthenay et Saint-Maixent. Il avalisa le retour des hommes de Cognac, puis à la Rochelle et Rochefort où se trouvaient deux autres bataillons de la Charente. Vers le milieu du mois de juin le quart des réquisitionnés étaient partis.
Ce bataillon provisoire fut sans doute réincorporé dans une autre unité après l’été 1793.
Article de Laurent Brayard
1 P. Boissonnade, Histoire des volontaires de la Charente pendant la Révolution, 1791-1794, Angoulême 1890, p. 173.
2 P. Boissonnade, Histoire des volontaires de la Charente pendant la Révolution, 1791-1794, Angoulême 1890, p. 174.
3 P. Boissonnade, Histoire des volontaires de la Charente pendant la Révolution, 1791-1794, Angoulême 1890, p. 200.
4 P. Boissonnade, Histoire des volontaires de la Charente pendant la Révolution, 1791-1794, Angoulême 1890, p. 175.
5 P. Boissonnade, Histoire des volontaires de la Charente pendant la Révolution, 1791-1794, Angoulême 1890, p. 194.