Bataillon de chasseurs de la Charente

bataillon-de-volontaires-nationaux

Bataillon des chasseurs de la Charente :

Date de formation : Selon Belhomme1, il fut formé le 21 septembre 1792, avec quatre compagnies de chasseurs de la Charente formées au mois d’août.

Historique :

1793 :

L’insurrection vendéenne qui avait éclatée le 12 mars, se propageait. En Bretagne, où l’ébullition était déjà forte, des mouvements insurrectionnels éclatèrent, toutefois de moindre importance, comme dans le district de Fougères (18 mars). Lemas écrit dans son livre sur le district de Fougères :

« Les insurgés appartenant la plupart aux paroisses de Luitré, Parigné, La Chapelle-Janson, Beaucé, Landéan, croyaient trouver à Laignelet l’administrateur du district chargé de présider au tirage au sort de la levée des 300 000 hommes. Ils se préparaient à lui faire un mauvais parti. Déçus dans leur attente, ils se vengèrent sur le curé constitutionnel qu’ils maltraitèrent et dont ils pillèrent le presbytère. Puis ayant sonné le tocsin, ils se mirent à parcourir les communes voisines en désarmant tous ceux qui passaient pour dévoués à la cause de la Révolution, et en les entraînant malgré eux dans leurs rangs. Leur nombre ayant grossi, ils se portèrent sur Fleurigné où ils voulurent mettre à mort le curé. Prévenu à temps, ce prêtre assermenté, put se réfugier à Fougères, sa cure fut dévastée et mise au pillage. A Louvigné-du-Désert règne aussi l’insurrection, les patriotes étaient menacés dans leur propriété, leur vie, le maire et des officiers municipaux avaient été blessés, l’arbre de la liberté est abattu aux cris de Vive le Roi, et les insurgés y avaient attaché des rubans blancs »2.

Le 19 mars, les insurgés semblaient menacer le chef-lieu de district, Fougères. 100 hommes, soit une compagnie avaient toutefois été envoyés au secours de Rennes, ce qui réduisit la défense du chef-lieu à 400 hommes et une vingtaine de gendarmes. A cinq heures du matin, un détachement de 60 gardes nationaux équipés d’une pièce d’artillerie se dirigea sur Fleurigné, dans le but de dissiper le rassemblement et d’appréhender les chefs. Un courrier fut envoyé à Ernée, pour demander des secours. Les gendarmes furent envoyés en reconnaissance dans toutes les directions, afin de mesurer l’importance de l’insurrection. Dans la journée à Landéan, le tirage au sort de la levée ne put avoir lieu, l’administrateur Foubert s’y rendit pour présider la cérémonie, mais il fut entouré de factieux, et il fut grièvement blessé par la foule en colère. Il ne dut la vie qu’au secours du maire de Landéan, Bossard et de Le Tanneur des Vilettes. Un témoin, convoqué au tirage au sort, patriote du nom de Julien Boismartel raconte :

« Muni d’un bâton j’accompagnai ce rassemblement où je rencontrai le nommé Deslorié muni d’un sabre, lequel m’a annoncé être allé me chercher chez nous et qu’il ne m’aurait rien arrivé de bon si je ne m’étais pas trouvé, je me rappelle avoir vu Louvière-Larcher demeurant à Louvigné, Lagogné, Malle, Jardin-Brel de la Bazouges, Pichon, de la Cherulais, armé d’un fusil à deux coups, le sieur Desvillettes-Letanneur, les deux Boisguy, un jeune homme vêt d’un habit blanc armé d’un sabre de hussard, dont je ne sais ni le domicile ni le nom, ne l’ayant jamais vu que ce jour-là et différentes personnes que la multitude et le grand nombre m’ont fait passer la mémoire, que loin de les examiner je ne cherchais qu’à m’échapper de cet attroupement auquel j’étais le plus suspect à cause du patriotisme qui me fut reproché par quantité de personnes, en me disant que je coursais les prêtres que j’avais bien fait des farces à La Bazouges, mais que j’étais maintenant réduit et abaissé. Néanmoins je fus obligé malgré moi de suivre cet attroupement sans savoir leur but, ni ce qu’ils se proposaient de faire »3.

Les représentants en mission Billaud-Varennes et Sevestre passèrent à Landéan (19 mars), au milieu de la foule insurgée. Ils réussissent à passer en cachant leur identité et se rendirent à Rennes. Le détachement de 60 gardes atteignit Fleurigné sans encombre, les quelques groupes d’insurgés se dispersèrent à leur arrivée. Ils furent rejoints par une compagnie de chasseurs de la Charente forte de 300 hommes et se rendant à Vitré pour défendre cette ville. Ensemble, ils prirent la direction de Fougères, dispersant 200 insurgés en embuscade à la sortie de Fleurigné. Il était temps pour eux, sur leur arrière, 2 000 paysans s’étaient rassemblés. Ils entrèrent dans Fleurigné et pillèrent les voitures des volontaires de Charente qui étaient à l’arrière. Les rebelles attaquèrent Fougères défendu par la Garde nationale en avant de la ville, sur la route de Fleurigné à Beaucé. Ils furent repoussés une première fois, puis forcèrent les gardes nationaux à former le carré.

La situation était grave, ils essayèrent de battre en retraite vers Fougères, lorsque les chasseurs charentais arrivèrent au pas de charge. Les rebelles furent mis en fuite, ils laissèrent leurs morts et blessés, les gardes nationaux firent quelques prisonniers. Une autre bande attaqua la ville venant de Landéan et de Laignelet, celle qui aurait pu s’emparer de Billaud-Varennes et Sevestre. La Garde nationale fit front à nouveau. Des parlementaires des communes de Landéan, La Bazouges-du-Désert, Louvigné, Saint-Germain, Parigné, Le Chatelier et d’autres, furent reçus par le district. Ils demandèrent l’annulation du tirage au sort. Les administrateurs impressionnés négocièrent et déclarèrent porter à la connaissance de la Convention Nationale leur demande. Les parlementaires se retirèrent mais la foule refusa de se disperser, elle s’excita puis se lança à l’assaut de la ville. Les gardes nationaux firent feu, le canon tonna, en quelques minutes les insurgés furent dispersés. Il y eut deux tués dans leurs rangs et quelques blessés. La Garde nationale eut quelques blessés également. Les prisonniers furent conduits au château de Fougères4.

Les renforts ne cessaient d’affluer, bientôt arriva la Garde nationale de Saint-Marc-le-Blanc, et d’autres gardes nationaux. Des estafettes furent envoyées pour détourner les renforts, notamment des gardes nationales du département de la Manche vers Louvigné-du-Désert. Le 20 mars, des patrouilles furent dirigées vers les villages de Luitré, Fleurigné, Laignelet et Landéan, foyer de l’insurrection. Un autre détachement fut dirigé vers Le Loroux, pour se réunir à la Garde nationale de Saint-Ellier. Mais l’insurrection était partout, le bourg de Parcé tomba aux mains des insurgés, qui le pillèrent, mettant à sac la cure du curé constitutionnel qui réussit à s’enfuir. Ils envahirent ensuite la maison du Maire, le sieur Duronceray. Sommé de rejoindre les insurgés, le maire refusa, il fut conduit avec son frère et un nommé Rondeau sur un tertre situé à deux kilomètres de la commune au lieu-dit Montégu. Après avoir été frappé, le maire fut fusillé, mais il ne fut pas tué sur le coup. Il implora les insurgés de ne pas l’achever, mais l’un d’eux lui enfonça un couteau dans la gorge. Son frère et Rondeau furent à leur tour fusillés. Parcé livré au pillage devînt le théâtre d’une orgie, les insurgés se ruèrent sur le vin et firent ripailles5.

La Garde nationale pourtant accourut : deux compagnies envoyées par le district tombèrent à l’improviste sur les rebelles. Ils furent dispersés, 18 furent fait prisonniers et envoyés au château de Fougères. L’intervention énergique des gardes nationales et des chasseurs de la Charente eut raison pour le moment de l’insurrection. Les paysans rentrèrent chez eux, quelques-uns se réfugièrent dans les bois de Monbelleu, appartenant à des émigrés. Ordre fut donné de le couper entièrement ce qui fut fait dans les semaines suivantes. Au château de Fougères, 91 prisonniers furent jugés par une commission militaire formée par le directoire du district de Fougères, avec Jean-François Beaulieu, président, Louis Cavé, Antoine Brun, Jean Thomas et Pierre-Michel Deshayes, Antoine Brun et Louis Cavé étant des officiers de la compagnie des chasseurs Charentais. La commission statua du 2 au 21 avril 1793. Le 12, elle condamna à mort les assassins du Maire de Parcé, Duronceray. Le bataillon resta sur place, dans le département de l’Ille-et-Vilaine, puis se dirigea à l’Armée des Côtes de Brest. Il servit à la bataille de Treize-Septiers (6 octobre), à celle de la Tremblaye, où il fut partiellement décimé (15 octobre), puis à la bataille de Cholet (17 octobre).

Après la défaite de Torfou et la retraite sur Nantes, Canclaux n’avait pas perdu son temps en réflexion, après avoir refait ses troupes, il imagina un nouveau plan moins compliqué que celui décidé au mois d’août. Il voulait faire marcher seulement deux colonnes : l’Armée de Brest et les Mayençais s’avanceraient de Nantes sur Clisson et Montaigu. L’autre colonne appartenant à l’Armée des Côtes de la Rochelle partirait de Niort, pour s’avancer vers le cœur de la Vendée. Les Mayençais n’avaient pas encore été entamé, leur force restait intacte, et Canclaux disposait des 17 compagnies de grenadiers réunis sous le commandement de Blosse, qu’il considérait comme un atout, il disait de lui « qu’il valait à lui tout seul un bataillon ». Le 25 septembre, il sortit de Nantes, passa par Remouillé, reprit Clisson et le 1er octobre reprit à nouveau Montaigu. Kléber continua sur Saint-Fulgent à l’orée du bocage.

Il forma trois colonnes, la première composée des chasseurs de Kastel, de la Légion des Francs et des chasseurs de la Côte d’Or (commandée par le chef de bataillon Targe). L’adjudant-général Blosse commandait la seconde colonne, avec ses 17 compagnies de grenadiers de l’Armée des Côtes de Brest et les chasseurs de la Charente. La troisième colonne aux ordres de Travot était formée d’une compagnie du 7ème bataillon de chasseurs, d’une compagnie de la Légion Nantaise, du bataillon des grenadiers Réunis et d’une demi-brigade non-identifiée. Canclaux et Merlin avaient amené également deux pièces d’artillerie légère, aux ordres du chef de bataillon Scherb. Ils suivirent en échelon avec le 4ème bataillon du Haut-Rhin et un bataillon du 62ème régiment d’infanterie.

D’Elbée et Bonchamps se rassemblèrent pour repousser l’ennemi. L’avant-garde des Mayençais était commandée par le capitaine Targe, dit Jean Bart. Le choc eut lieu à Treize-Septiers, Targe refoula les avant-gardes vendéennes, mais tomba sur le gros de l’armée vendéenne. Il en avertit aussitôt Kléber. Targe était effrayé et sans artillerie. Kléber audacieux voulait sa revanche de Torfou et reprendre l’artillerie perdue. En trois colonnes, Targe à gauche, Blosse à droite et Kléber au centre, les bleus s’élancèrent. Les blancs ne les avaient pas attendus dans la plaine, ils s’étaient repliés des hauteurs pour les couverts des haies. Le combat dura deux heures, jusqu’à l’arrivée des renforts et du gros avec Canclaux. Kléber raconte :

« La colonne de Targe seconde par les grenadiers du 9ème régiment d’infanterie s’empare de deux pièces de canon, une de 8 et l’autre de 4, avec deux caissons […] il m’est impossible de rendre les sentiments que m’ont inspirés Blosse et ses grenadiers, ils se sont conduits en héros et ont profondément gravé dans mon âme l’estime que mérite toujours la prudence alliée au courage. Rien n’a pu les arrêter, ils ont su vaincre les obstacles, à la fin du combat, totalement dépourvus de cartouches, ils n’ont fait usage que de la baïonnette, Blosse s’est mis à pied et combattant au milieu d’eux, il n’a cessé de les encourager par son exemple. Verger Capitaine des grenadiers de Maine-et-Loire et commandant l’un des bataillons de grenadiers (réunis) mérite beaucoup d’éloges. La valeur et le sang froid de Boisgérard, chef de mon État-major, de Nattes, de Dubreton, mes adjudants-généraux, le zèle et l’activité du chef de brigade Travot, de Billig chef du 4ème bataillon du Haut-Rhin, de Bellet, adjoint de Blosse ont beaucoup contribué au succès de cette journée

Les bois et les halliers furent pris, les Vendéens repoussés, malgré des corps à corps meurtriers, à découvert, c’était la défaite. Les républicains maîtres de Treize-Septiers s’avancèrent jusqu’à Saint-Symphorien, ils mirent le feu à tout ce qu’ils trouvèrent sur la gauche et leur droite, ils avaient le massacre des blessés de La Galissonnière à venger6. Les Mayençais avaient pris leur revanche, mais Canclaux reçut sa destitution le même jour. Son expérience et ses succès faisaient des envieux et des jaloux, dénoncé, Ronsin voulait sa tête et quelques autres, ne supportant pas leurs succès qui mettaient en exergue l’incompétence des généraux patriotes. Il dénonça Canclaux et Aubert-Dubayet : le premier comme noble, le second pour froideur patriotique. Canclaux fut mis à pied, Aubert-Dubayet fut remplacé par Kléber, le marquis de Grouchy fut suspendu, Duhoux dut démissionner, Rey, Gauvilliers, Mieszkowski, Beffroy et Nouvion furent également écartés comme responsable du fiasco du plan du mois d’août.

Le bataillon participa ensuite à la bataille de la Tremblaye (15 octobre). Ayant pris Mortagne, les républicains poursuivirent leur avance. Ils rencontrèrent les Vendéens à Saint-Christophe. Kléber envoya le bataillon des chasseurs de Kastel commandé par le chef de brigade Tyrant, ainsi que Targe avec le bataillon des Francs. Les rebelles lâchèrent pied, la confusion était grande entre les deux armées. Un nouveau corps vendéen fit son apparition sur la queue de colonne. Les coureurs vendéens avaient en effet signalé que les bleus étaient au bourg de la Romagne et qu’ils brûlaient le village. Les Vendéens accoururent de Cholet, sous les ordres d’Elbée et Bonchamps formant la colonne de gauche. La colonne de droite commandée par Lescure marcha directement sur les divisions de Nantes et de Luçon qui firent leur jonction. Cette séparation des troupes vendéennes leur fut funeste. Le front était trop grand, les communications difficiles. Lescure s’engagea mal, toujours téméraire, il fut frappé d’une balle à la tête, qui ne le tua pas mais la blessure était mortelle. Il tomba devant ses troupes, à cheval, l’épée à la main, les exhortant à l’attaque. Ils furent frappés de stupeur, Lescure très aimé, et surnommé le Saint du Poitou était vénéré par ses hommes. Ses troupes refluèrent emportant leur général.

Du côté des bleus, le général Bard se porta sur l’arrière de la colonne, point menacé, afin de rallier les républicains qui commençaient de lâcher pied. Il reçut deux coups de feu et dut se retirer, Marceau prenant le commandement de ses troupes. Il était alors adjudant-général de la division de Luçon, Armée des Côtes de la Rochelle. Après un combat meurtrier et acharné, les deux colonnes vendéennes se replièrent mais elles furent mollement poursuivies. Les vendéens se rallièrent devant Cholet, retranchés dans les fossés. Les colonnes républicaines qui s’étaient avancées furent foudroyées par un feu intense. Le terrain perdu par les Vendéens fut regagné, deux pièces d’artillerie vendéenne perdues furent reprises. La nuit interrompit le combat. Les troupes vendéennes tenaient le pont en avant de Cholet qu’ils avaient barricadé avec des charrettes. Le combat fut très confus, les mémoires des témoins, Savary, Kléber, Poirier de Beauvais étant parfois contradictoires. Ce qui est certain c’est que les pertes furent lourdes des deux côtés, la bataille fut revendiquée par les deux camps. Les Vendéens avaient certes repoussé les républicains, mais ils ne les avaient pas vaincus. De la même façon, les républicains avaient refoulé les vendéens sur Cholet, mais ils ne les avaient pas vaincus. D’un côté comme de l’autre, les pertes en officiers étaient grandes. Les républicains avaient perdu Tyrant, chef de brigade des chasseurs de Kastel, Besson adjudant-général, Bachelay adjoint à l’État-major, Morillon quartier-maître de la Légion des Francs, l’adjudant-général Labruyère fut grièvement blessé, percé de coups de fusil et de baïonnette, laissé pour mort. Kléber avoua 500 tués, indiquant que le bataillon des chasseurs de la Charente fut cruellement touché. Il indique également dans ses mémoires, une perte vendéenne de 1 200 à 1 500 hommes et 4 canons, difficile de trouver ici la vérité. Le général Léchelle inquiet, avait passé toute la bataille à l’arrière, avec un bataillon bien à l’abri dans un ravin. Il rejoint l’armée à la nuit tombée, mal reçu par Kléber et Turreau.

Le bataillon participa aux opérations qui eurent lieues durant la Virée de Galerne, après le passage de la Loire par les Vendéens. Notamment à la défense de Fougères. Alors que l’Armée vendéenne approchait, la garnison concentrée à Fougères se composait :

Commandant en chef : adjudant-général Brière, sous le commandement supérieur du général Peyre commandant le département de la Manche. Brière était un officier courageux et énergique mais très ardent, il manqua selon Lemas des connaissances militaires nécessaires pour se défendre avantageusement. Il n’écouta pas les conseils avisés de l’officier d’artillerie Obenheim qui lui conseillait de se tenir sur la défensive et de se fortifier dans Fougères.

Bataillon de chasseurs de la Charente,

19ème bataillon d’infanterie légère,

Trois autres bataillons de volontaires dont le 8ème du Calvados, le 6ème bataillon de la Côte d’Or et le bataillon de grenadiers et de canonniers de Coutances.

Une compagnie détachée de canonniers, la compagnie des canonniers du Contrat Social,

3 à 4 000 hommes des gardes nationales des bourgs de Fougères, Saint-Georges (Ille-et-Vilaine), Louvigné (Ille-et-Vilaine), Saint-Marc-le-Blanc (Ille-et-Vilaine), Saint-Georges-de-Reintembault (Ille-et-Vilaine), Mortain (Manche), Viré (Calvados), Coutances (Manche), Granville (Manche).

Le chef de la Garde nationale de Fougères Boissier-Malherbe avait été destitué par le représentant du Peuple Pocholle, dénoncé par le Comité de Surveillance, il fut détenu chez lui. Le drapeau se trouvait encore chez cet homme, lorsque l’adjudant-général Brière en fut informé le 31 octobre. Le général Peyre, donna l’ordre de célébrer une cérémonie, où les défenseurs et les habitants jurèrent fidélité à la république et jurèrent devant l’arbre de la liberté de défendre la ville jusqu’à la mort. La cérémonie eut lieu, alors que le 1er novembre, l’armée vendéenne qui venait de quitter Laval, marchait sur Mayenne7.

Le 1er novembre, les Vendéens avaient dispersé « l’armée » du général Lenoir, formée de 17 000 hommes de levée en masse. Il n’y eut pas de combat, en un instant, les hommes se débandèrent s’enfuirent. Le général Lenoir, quasiment seul avec le représentant Letourneur, dut fuir et se replia sur Alençon. Le bataillon combattit ensuite à la bataille d’Ernée (2 novembre). L’Armée vendéenne n’arriva sur place à Mayenne que dans la soirée, traînant avec elle beaucoup de malades et de blessés. D’après un agent secret, ils laissaient 200 personnes dans un hôpital, la dysenterie faisant déjà des ravages dans les rangs des rebelles, ils en mouraient chaque jour beaucoup. L’arbre de la Liberté fut coupé, un citoyen fut massacré pour n’avoir pas voulu crier « Vive le Roi ! », et les maisons des habitants furent pillées par les Vendéens. Ils avaient faim et manquaient de tout. Après un séjour d’une nuit dans la ville de Mayenne, les Vendéens se remirent en marche le lendemain pour Ernée, en Ille-et-Vilaine. Le 8ème bataillon du Calvados et les bataillons de réquisitionnaires qui défendaient Ernée n’attendirent pas les Vendéens : comme à Mayence, ils s’enfuirent.

Le général Brière envoya le bataillon des chasseurs de la Charente, qui à marche forcée arriva à Ernée (2 novembre), au moment où l’avant-garde vendéenne entrait dans la ville. Ils repoussèrent cette avant-garde et poursuivent hardiment les insurgés, mais ils tombèrent bientôt sur le gros des forces vendéennes. Ils se trouvaient peut-être à un contre vingt, sans doute plus. Ils furent totalement écrasés par l’armée Royaliste. Les Charentais malgré des prodiges de bravoure furent massacrés, à peine la moitié revint à Fougères dans la plus grande panique. Les Vendéens prirent Ernée, pillèrent les grains et les fourrages, brûlèrent les archives. C’est ici que Lescure rendit son âme, le Saint du Poitou était mort. Dans la soirée du 2, le district de Fougères fit partir tous ses registres, ses caisses, les barils d’argenterie du district de la commune pour Rennes, escortés des administrateurs Foubert et Vigron. Le 3 au matin, le convoi arriva à Rennes, les Vendéens étant proches de Fougères, où se livra la bataille du même nom.

Le 2 novembre, trop tardivement, les troupes et la population creusèrent fébrilement des retranchements. La route de Laval fut coupée, à toutes les portes, des pièces de canon furent placées, l’officier du génie Obenheim fit son maximum pour convaincre Brière de se retrancher dans la ville, mais le général ne l’entendit pas de cette oreille. Il plaça le 19ème bataillon d’infanterie légère à plus d’une lieue en avant de la ville en face d’Ernée. Il marcha sur l’ennemi, son dispositif étant très lâche. Vers 10 heures du matin, l’armée vendéenne se mit en route pour Fougères. Stofflet conduisait l’avant-garde avec les tirailleurs, La Rochejaquelein disposa son armée en bataille en trois corps. Le centre, la colonne la plus faible suivit la route. Deux colonnes à droite et à gauche flanquaient le centre. Derrière s’avançait la cavalerie du prince de Talmont et de Forestier, l’arrière garde composée d’un imposant convoi de voitures chargées de munitions et de vivres, mais aussi de blessés et accompagnée par des milliers de femmes et de civils, à pied ou à dos de cheval, sur des chariots tirés par des bœufs.

L’avant-garde vendéenne tomba sur celle de Brière et le 19ème bataillon d’infanterie légère. Ils ouvrirent le feu, et chargèrent en pensant l’ennemi en petit nombre. Les Vendéens sur le commandement de La Rochejaquelein reculèrent et s’enfuirent. Les républicains les chargèrent ne voyant pas le danger. De gauche et de droite surgirent les deux colonnes vendéennes qui prirent de flanc le 19ème bataillon d’infanterie légère. Il fut accablé et écrasé. Encerclés, les hommes refusèrent de se rendre et préférèrent la mort. Ce sacrifice ne fut pas inutile, un tiers de l’effectif put s’enfuir en désordre et rejoindre Fougères, où par ailleurs ils jetèrent l’épouvante dans la garnison. Devant Fougères le combat se poursuivit, les canonniers du Contrat Social se défendirent avec courage, les bleus tirent la ligne durant une heure et demie. Mais les excellents tirailleurs de Stofflet étaient de bons tireurs, ils accablèrent d’un feu dévastateur les républicains. Soudain, la cavalerie de Talmont se présenta sur l’arrière de la ville. Ce fut la panique, 400 défenseurs chargés de défendre ce côté, s’enfuirent et s’enfermèrent dans le château de Fougères. Les Vendéens pénètrent dans la ville, 300 royalistes furent libérés des geôles républicaines, puis marchèrent ensemble sur la première ligne républicaine ainsi totalement tournée. Le sauve qui peut devint général. Dans toutes les directions les bleus tentèrent de s’enfuir, poursuivis par les Vendéens qui ne firent pas de quartier. Toutes les maisons furent fouillées de haut en bas, et les soldats républicains pris furent fusillés sans miséricorde. Les 400 soldats du château furent faits prisonniers. Les Vendéens se contentèrent de leur couper les cheveux et de les renvoyer. Les autres furent traités selon l’officier du génie Obeheim d’une manière honteuse, ce fut une véritable boucherie, Crétineau-Joly raconte :

« On massacre tout ce qui se présente sous l’habit militaire, on investit les habitations, on en fait sortir ceux qui s’y sont ménagés une retraite, et ils meurent sous le fer des prisonniers que peu d’heures auparavant ils allaient immoler ». Beauchamp dans son Histoire de la Guerre de Vendée, dit « des soldats se jettent dans les maisons et s’y cachent pour échapper à la mort, mais les vendéens les poursuivent et ne leur font point de quartier, aussitôt découverts, aussitôt fusillés ».

Un autre historien Th. Muret dans son livre Les guerres de l’Ouest dit simplement que les fusillés furent d’anciens prisonniers bleus tondus et ayant trahis leur serment de ne plus servir contre le Roi. A la mairie, Le sueur le maire et des notables patriotes furent également faits prisonniers. Théodore Lemas raconte à leur sujet :

« Ils furent entraînés au château, entourés d’une foule de vendéens, déjà ivres. Ils descendirent la rue de la Pinterie presqu’au milieu d’une obscurité complète, obscurité qui permit à quelques-uns de s’échapper, la pluie qui n’avait cessé de tomber toute la journée, augmentait la confusion, et le trouble de cette troupe […] Dans la cour du château au milieu des cadavres qui couvrent le sol, Le Sueur revêtu de son écharpe tricolore est fusillé contre le mur de la tour Raoul, ses compagnons partagent le même sort, leur nombre et leur qualité a été oublié »8.

1795 :

Le bataillon fut versé le 5 novembre 1795, dans les rangs du 2ème bataillon de chasseurs réunis de l’Armée de l’Ouest. L’opération eut lieu à Challans, le bataillon se composait également de la compagnie des chasseurs bons tireurs de l’Oise et de la Somme, des compagnies franches d’Evreux, du Finistère, de Saintes, de Guingamp et de Saint-Jean-d’Angély.

Embrigadement/amalgame :

Toutefois, cette incorporation n’a peut-être pas été réalisée ou a été provisoire car nous trouvons trace d’un possible amalgame.

1ère formation :

Néant.

2ème formation :

D’après Belhomme, la 6ème demi-brigade légère9 de seconde formation fut formée à Saint-Brieuc, avec la 19ème demi-brigade légère de 1ère formation, le bataillon des chasseurs de la Charente, le bataillon de chasseurs des Quatre-Nations et la compagnie de Chasseurs d’Évreux.

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Article de Laurent Brayard

1 Belhomme, Histoire de l’Infanterie en France, tomes 3 et 4.

2 Théodore Lemas, Un district breton dans les guerres de l’Ouest et de la Chouannerie, 1793-1800, p. 23.

3 Idem, p. 24 et 25.

4 Ibidem, p. 27 et 30.

5 Ibidem, p. 32.

6 Kléber en Vendée, p. 182.

7 Thédore Lemas, Un district Breton durant les guerres de l’Ouest et de la Chouannerie, 1793-1800, p. 53 à 54.

8 Idem, p. 62.

9 Belhomme fait une erreur, il citait la 16ème demi-brigade légère, mais il s’agit bien de la 6ème, tome 4, p. 141.