Légion des Ardennes

Date de formation : elle fut formée sur l’ordre du général Dumouriez en date du 13 juillet 1792.

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Formation :

Elle devait se composer en théorie d’un bataillon de chasseurs et d’un bataillon de grenadiers ayant chacun neuf compagnies de 105 hommes. La formation fut organisée par le général Miaczynski. Le 10 décembre, un membre du comité de la guerre de la Convention nationale fit un rapport sur la levée de la légion, il fut décrété que :

Article 1, la légion que le général Dumouriez a autorisé la levée dans le mois de juillet 1792, sous la dénomination des Ardennes, conservera son nom et sera formée comme il suit : savoir de deux bataillons d’infanterie légère et de quatre escadrons de cavalerie légère.

Article 2, les appointements, soldes et masses seront en tout conformes à celles des différentes armes qui leur correspondent dans les troupes de ligne, conformément au tableau annexé au présent décret.

Article 3, la trésorerie nationale tiendra à la disposition du ministre de la guerre, jusqu’à concurrence de la somme de 605 732 livres dix sous, pour les appointements et soldes de ces troupes pendant le cours de l’année, et jusqu’à concurrence de 751 549 livres pour les différentes masses, le tout d’après l’aperçu présenté par le ministre de la guerre, joint au présent décret.

Article 4, les dépenses nécessaires pour l’achat des chevaux, pour leur harnachement et pour l’engagement, l’habillement, équipement et armement, tant de la cavalerie que de l’infanterie légère, seront évaluées, d’après l’aperçu présenté par le ministre de la guerre, à la somme de 1 621 567 livres 5 sous. La trésorerie nationale tiendra, à la disposition du ministre jusqu’à concurrence de cette somme1.

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Légion à pied des Ardennes :

La compagnie de grenadiers du bataillon des chasseurs de Grandpré fut incorporée dans la Légion des Ardennes (1er octobre 1792). Le 1er mars 1793, la légion servait dans les rangs de l’armée de Belgique commandée par le général Dumouriez, flanqueurs de gauche du général Miaczinski. Elle était forte de 954 hommes.

Amalgame :

Néant, la Légion fut dissoute le 28 juin 1793.

Portraits :

Gabriel-Marie-Théodore-Joseph comte de Hédouville, né le 27 juillet 1755, à Laon dans l’Aisne, fils de officier de l’armée royale et chevalier de Saint-Louis. Il fut envoyé étudier au collège militaire de La Flèche, puis fut page de la reine Marie Leszczynska, puis fut envoyé à l’École militaire de Paris (1769), sous-lieutenant au 16e régiment de dragons (6 juillet 1773), lieutenant, capitaine, il servit durant la bataille de Valmy (20 septembre), colonel à la légion à pied des Ardennes (1er octobre 1792), il envoya comme don patriotique sa médaille de chevalier de Saint-Louis à la Convention nationale (1er décembre)2. Général de brigade (8 mars 1793), chef d’État-major à l’armée de la Moselle puis envoyé en Hollande, il servit à divers combat dont celui de Menin et s’empara de Poperingue (5-8 septembre) durant la bataille de Hondschoote, puis s’illustra à la bataille de Kaiserslautern (28-30 novembre), mais fut exclu de l’armée comme aristocrate. Il fut arrêté et bientôt transféré à Paris, puis jeté dans la prison de l’Abbaye, il fut jugé par le tribunal révolutionnaire et acquitté (16 janvier 1794), puis laissé sans affectation. Il fut rappelé au service après la chute de Robespierre, envoyé comme chef d’État-major à l’armée de Côtes de Cherbourg, général de division commandant en chef l’armée des Côtes de Brest (25 octobre 1795), chef d’État-major à l’armée de l’Ouest du général Hoche (février 1796), commandant en chef des 12e, 13e et 14e divisions militaires (4 juillet 1797), commissaire extraordinaire du Directoire à Saint-Domingue (1798), il échoua à circonvenir les forces noires du général Toussaint Louverture et rentra en France, commandant en chef des 1ère, 15e et 16e divisions militaires (1799), commandant en chef de l’armée de l’Ouest, ministre plénipotentiaire en Russie (1801-1804), chevalier de la Légion d’honneur (1804), grand officier de l’ordre, Sénateur (1805), il fut nommé gouverneur de Linz, ministre plénipotentiaire auprès de la Confédération du Rhin (1806), chevalier de l’ordre du Lion de Bavière et grand-croix de l’ordre de la Fidélité de Bade, Premier Chambellan de Jérôme Bonaparte roi de Westphalie, ministre plénipotentiaire auprès de Francfort, comte de l’Empire (1808), Sénateur à Rome (1810), il vota la déchéance de Napoléon Ier et se rallia à Louis XVIII, Pair de France, chevalier de Saint-Louis, il préféra rester à l’écart durant les Cents Jours (1815). Il reprit sa place de Pair de France, et eut la faiblesse de voter la mort du maréchal Ney (décembre). Il fut confirmé au titre de comte (1817). Il mourut le 30 mars 1825, dans son château de Fontaine-aux-Cossons, à Vaugrineuse, alors dans le département de la Seine.

Catherine Pochetat, s’enrôla dans la légion des Ardennes formée à Sedan, et servit comme canonnier, elle servit à la bataille de Jemappes où elle aida le 71e régiment d’infanterie ci-devant Vivarais, à repousser l’offensive des dragons de Cobourg. Elle fut blessée dans la bataille et eut un cheval tué sous elle (6 novembre 1792). Un décret du 26 juin 1793, déclara qu’elle avait bien mérité de la Patrie et lui accorda une pension de 300 livres. Elle fut nommée sous-lieutenant.

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1er bataillon de la légion des Ardennes dit des grenadiers :

D’après Didier Davin, le 1er bataillon se distingua lors du siège de Thionville (1792), où il se trouvait dans les rangs de la garnison assiégée. Il fit plusieurs sorties. En 1793, il participa à l’expédition organisée contre le pays compris entre la Moselle et la Sarre aux mains des coalisés. Il s’illustra ensuite à l’expulsion des Prussiens de Deux-Ponts (9 brumaire an II), puis à la bataille de Kaiserlautern (8, 9 et 10 frimaire an II). Il combat à la bataille de Dettingen (21 thermidor an II) et durant l’hiver 1794-1795 de novembre à avril, il servit blocus de Mayence (novembre 1794-avril 1795).

Il forma au Quesnoy, après le 28 juin 1793, le 12ème bis bataillon de chasseurs (ou d’infanterie légère).

Embrigadement/amalgame :

1ère formation :

Il entrerait dans la composition de la 201ème demi-brigade de bataille de première formation. Mais Didier Davin à l’appui de Camille Rousset nous indique qu’il fut formée le 1er nivôse an III, une 23ème demi-brigade légère de première formation, avec le 26ème bataillon de chasseurs (lui-même 1er bataillon de la Légion du Centre), du 11ème bis bataillon de chasseurs (lui-même 1er bataillon de la Légion des Ardennes) et du 16ème bis bataillon de Chasseurs (formé en 1793 avec quatre compagnies franches de Sedan).

2e formation :

Elle fut versée dans la 16e demi-brigade légère de seconde formation3.

État-major :

Lieutenant-colonel : Pierre Margaron.

Adjudant-major : Louis Lefeuvre.

Capitaines : Morand, Fouilhouse, LeFol, Boblique, Demormand, Guillemain, Janney, Rahn.

Portrait :

Pierre baron Margaron, né le 1er mai 1765, à Lyon dans le Rhône. Il entra à la suite dans l’armée royale, sous-lieutenant à la suite (1788), lieutenant-adjoint à l’État-major de l’armée du Nord (avril 1792). Capitaine à la 1ère compagnie franche (1er juillet 1792), plus tard versée dans la légion des Ardennes (15 août), chef de bataillon commandant la légion des Ardennes (15 octobre), adjudant-général, chef de brigade (15 avril 1793), il fut suspendu de ses fonctions (30 juillet), puis fut réintégré à son grade, envoyé à l’armée du Nord (4 octobre 1794), adjudant-général une fonction d’état-major correspondant au grade de colonel (13 juin 1795), il servit à l’armée de Sambre et Meuse (20 septembre 1796), chef de brigade au 1er régiment de cavalerie (3 nivôse an VII), il fut envoyé à l’armée d’Italie, il servit à la bataille de la Trebbie (17-20 juin 1799), division Montrichard, puis fut blessé d’une balle à la bataille de Novi (15 août 1799), il eut la jambe droite cassée à Passano, en remplissant une mission pour le général Championnet. En l’an IX, par suite d’un contrordre du général en chef Brune, il fut enveloppé avec 200 chevaux et deux canons par un corps de cavalerie ennemie sortie de Vérone. Il effectua deux charges vigoureuses, reprit le village de San-Massino, soutint deux attaques, repoussa l’ennemi et lui prit 100 chevaux, puis servit au passage de l’Adige (1er janvier 1801). Margaron fut nommé général de brigade (11 fructidor an XI), puis servit au camp de Saint-Omer, puis de Boulogne (1803-1805), armée des Côtes de l’Océan, commandeur de la Légion d’honneur (14 juin 1804), commandant d’une brigade de cavalerie légère dans le 4e corps de Soult, il fit la campagne d’Autriche à la Grande Armée (1805), il fut blessé ensuite deux fois à Austerlitz (2 décembre). Mis en disponibilité et en convalescence à cause de sa blessure, il fut rappelé pour la campagne de Prusse (1806), à poste dans le corps de Soult, il servit à Iéna (14 octobre) puis à Nossentin (1er novembre), et Lübeck (7 novembre). Il servit encore durant la campagne de Pologne (1806-1807), à Biezun (23 décembre), puis à Mohrungen (25 janvier 1807). Il fut ensuite envoyé dans le corps d’observation de la Gironde sous Junot (1807-1808), entra en Espagne (18 octobre), atteignant Salamanque (12 novembre), puis occupant Lisbonne au Portugal (30 novembre). Après le début de la guerre en Espagne, il mit en déroute à Leira, un corps de 20 000 insurgés, leur tuant 8 à 900 hommes et faisant prisonnier le reste, s’emparant ensuite de Thomar. A la bataille d’Evora (juillet 1808), il enfonça le centre de la ligne portugaise à la tête du 86ème régiment d’infanterie et prit trois canons. Il se signala à Vimeiro (21 août), défaite française face à Wellington, qui voit finalement la capitulation de Junot et son rapatriement en France par la Royal Navy. Il fut renvoyé en Espagne, 2e corps (janvier 1809), baron de l’Empire (29 janvier), il retourna en France, commandant du département de la Haute-Loire (6 septembre 1810-22 juillet 1812), général de division (16 août 1813), gouverneur de Leipzig (20 septembre), il servit durant la bataille de Leipzig (16-19 octobre), puis se replia en France. Il se rallia à Louis XVIII lors de la Première Restauration (1814), chevalier de Saint-Louis (8 juillet), inspecteur de la gendarmerie (18 juillet), inspecteur-général durant les Cents Jours (1815), mis en non-activité (22 octobre), puis rappelé comme inspecteur général de la gendarmerie nationale (14 août 1816), en disponibilité (3 juillet 1821), il mourut à Paris, le 16 décembre 18244.

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2ème bataillon de la légion des Ardennes dit des chasseurs :

Il forma à Tours, après le 28 juin 1793, le 15ème bis bataillon de chasseurs.

Embrigadement/amalgame :

2e formation

Edmond Poupé dans son article de 1902, sur les volontaires du 10ème bataillon du Var, indique que ce bataillon fut incorporé en deuxième amalgame dans la 30ème demi-brigade légère. Le Journal militaire de l’an 7 confirme ce fait ainsi que Champeaux5.

État-major :

Lieutenant-colonel Pierre Gabriel de Hédouville.

Adjudant-major Louis-Joseph Lafosse.

Capitaines Bardouaud, Louyrette, Monestier, Boutarel, Cava, Le Coq, Cassier.

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Légion des Ardennes à cheval ou hussards :

1793 :

Le 1er mars, la légion à cheval des Ardennes forte de 296 hommes servit dans les rangs de l’armée de Belgique commandée par le général Dumouriez, flanqueurs de gauche du général Miaczinski. Le 23 avril, les hussards des Ardennes au nombre de 200 hommes étaient dans la division des flanqueurs de droite du général Murnan. Les hussards des Ardennes étaient encore 187 hommes (30 mai) dans l’avant-garde de l’Armée combinée des Ardennes et du Nord sous les ordres de Custine. Après avoir formé un éphémère 6ème hussards, ils devinrent le 23ème régiment de chasseurs à cheval en septembre.

Armée des Ardennes

Portrait :

Jean-Baptiste Cacault, naquit le 6 janvier 1769, à Surgères en Charentes-Inférieure. Il s’enrôla dans le 58e régiment ci-devant de Rouergue (1784), caporal (1786), sergent (1788), participa à l’expédition de Martinique (en révolte, 1790-1791). De retour en France, il s’enrôla dans les hussards de la Légion des Ardennes (22 avril 1792), maréchal des logis, il passa dans le 3e bataillon de Château-Thierry, élu lieutenant-colonel (10 septembre). Il servit à l’armée des Ardennes, blessé d’un coup de sabre lors de l’évacuation de Château-Thierry, chef de bataillon, il passa par amalgame dans la 172e demi-brigade de bataille, chef de brigade, il s’illustra à la prise de Thuin (1794), servit à l’armée de Sambre et Meuse, mais fut mis en non activité et admis au traitement de réforme (1797). Il ne fut réintégré dans son grade et remis en activité qu’en 1799, commandant du département des Pyrénées-Orientales, il servit ensuite en Italie, servant au blocus de Finale (1800-1801), commandant de la 26e division militaire de Worms (1801), officier de la Légion d’honneur (1804), campagne d’Italie (1805), campagne de Prusse et de Pologne (1806-1807), il obtînt un congé (février 1808). Il fut rappelé et envoyé en Espagne (9 octobre), puis dirigé vers l’Allemagne (mars 1809), il servit à la bataille de Wagram (6 juillet), général de brigade (14 août), et baron d’Empire (15 juillet). Renvoyé en Espagne au 8e corps d’armée (janvier 1810), il fit la campagne de Portugal sous Masséna, commandant de Ciudad-Rodrigo (30 juillet), mis en disponibilité suite à une fausse accusation (2 juillet 1811). Napoléon le rappela en activité (5 février 1812), nommé commandant de l’île d’Aix (22 février), puis du département d’Ille-et-Vilaine (29 juillet). Le désastre en Russie le rappela à la Grande Armée, campagne de Saxe (1813), il fut grièvement blessé à la bataille de Jüterbog (6 septembre), ce qui obligea à l’amputation de son bras droit. Il ne survécut pas à sa blessure et mourut le 30 septembre à Torgau.

État-major :

Lieutenant-colonel Antoine Decrest de St Germain.

Lieutenant-colonel en second Paul Bernard Lefebure- Deville.

Capitaines Dejean de Mauville, Beauregard, Guiton, Hélis, Rolin, Le Gay, Terrier, Bianois de Baine.

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Article de Didier Davin et Laurent Brayard

1 Procès verbal de la Convention nationale, imprimé par son ordre, tome quatrième.

2 Procès verbal de la Convention nationale, imprimé par son ordre, tome quatrième.

3 Champeaux, État militaire de la République française en l’an douze, 4e partie, p. 165.

4 Dezaunay, Histoire du 1er régiment de cuirassiers, p. 281.

5 Champeaux, État militaire de la République française en l’an douze, 4e partie, p. 165.