Date de formation : selon Belhomme, il fut formé le 1er novembre 17911.
Formation :
Il fut formé de 570 volontaires des districts de l’Eure-et-Loir, qui furent rassemblées à Chartres tardivement (1er novembre 1791), il fut immédiatement formé en compagnies et organisés en bataillon (6 novembre). Il fut passé en revue pour acter sa formation.
Historique :
1791 :
Il fut mis en route (9 novembre), passa par Château-Thierry (18 novembre), par Epernay et arriva à Reims (21 novembre), pour rejoindre la réserve de l’armée du Centre, commandée par le général Vietinghoff. Il reçut son drapeau lors d’une cérémonie de remise.
1792 :
Le 1er janvier, il était en garnison à Reims2. Il se signala lors d’une rixe sanglante avec le 1er bataillon de la Côte d’Or (15 janvier)3. La rixe éclata par la faute de mauvais éléments et de l’indiscipline régnant dans le bataillon, malgré les efforts des officiers. Il quitta Reims (5 mai), pour se rendre à l’armée du Centre du général Lafayette. Il passa par Rethel, puis à Montmédy (9 mai), où il resta en garnison comptant un effectif de 540 hommes. Il fut ensuite envoyé à Sedan, puis à Verdun (30 août), participant à la défaite de la ville, qui fut très courte car la place capitula honteusement au bout de trois jours, et suite à diverses trahisons et pressions dans la ville (2 septembre). Il fut autorisé par les termes de la capitulation à se replier et fut envoyé à l’arrière, armée de l’Intérieur. Il arriva à Châlons et 300 volontaires ayant servit durant le terme d’une campagne, décidèrent de rentrer dans leur foyer comme l’autorisait la loi et les termes de leurs engagements (7 septembre). Le bataillon fut réorganisé au camp de Châlons par les soins de Marceau, puis servit à l’avant-garde du général Dillon, campant à Futeau, servant à l’affaire de Bienne (20 septembre), puis participant à la poursuite des forces coalisées (octobre). Il fit partie des troupes d’invasion de la Belgique sous les ordres du général Dumouriez (armée du Nord), colonne du général Égalité (duc de Chartres). Il servit à la bataille de Jemappes (6 novembre), s’illustrant en reprenant les drapeaux perdus du 104e d’infanterie et du 9e des fédérés. Le 14 novembre, il faisait partie des troupes de l’armée de Belgique du général Dumouriez, corps de bataille, colonne du général Ihler (6ème brigade). Il servit à la prise de Liège (28 novembre), et y prit bientôt ses quartiers d’hiver à Hougnoul, sa compagnie de grenadiers cantonnant à Maillien, armée des Ardennes.
1793 :
Le 1er janvier, il se trouvait à Ogneul, armée du Nord. Toutefois sa compagnie de grenadiers était toujours détachée dans l’armée des Ardennes du général Valence. Le 1er mars, le bataillon servait dans les rangs de l’armée de Belgique commandée par le général Dumouriez, corps d’armée principal à Namur. Il était fort de 297 hommes, puis servit à la bataille de Neerwinden (18 mars), et se replia après la défaite et la trahison de Dumouriez, retraitant jusqu’à Lille. Il réclama des renforts au département pour son complément, alors en garnison au Quesnoy (15 avril), puis réitéra sa demande à Armentières (26 avril), avant de recevoir au camp de la Madeleine, un renfort de 430 hommes de l’Eure, de l’Eure-et-Loir et de la Somme, issus de la levée des 300 000 hommes (3 mai)4. Cependant la situation en Vendée étant très grave, il dut fournir comme toutes les unités de l’armée du Nord, une compagnie qui fut envoyé à Orléans (capitaine Faucheux, lieutenant Bonnel, sous-lieutenant Grandin), où elle entra dans le 12e bataillon de la formation d’Orléans (13 mai)5. Il servit à l’affaire de Commines (22 juillet), à celle de Bois-le-Duc (1er octobre), à la bataille d’Entrammes, terrible défaite républicaine (25-26 octobre), puis il prit ses quartiers d’hiver à Mérignies, fort de 479 hommes.
1794 :
Il servait dans la brigade du général Osten (1er janvier), et fut de nouveau renforcé avec des recrues de la levée en masse (4 février), soit 391 réquisitionnaires, dont 175 d’Abbeville (Somme), 116 de Péronne (Somme), 100 du Pas-de-Calais, et un peu plus tard de 87 hommes de Louviers dans l’Eure (28 avril)6. Le bataillon faisait toujours partie de l’armée du Nord sous les ordres du général Pichegru, même brigade, fort de 932 hommes (19 avril). Il se trouvait embrigadé de fait depuis le début de l’année avec le 8e bataillon de la Meurthe, et se trouvait au camp de Sainghin (mai), puis servit à la bataille de Tournai (22 mai), aux sièges de Valenciennes et de Condé (27-29 août), puis servit durant la campagne de Hollande. Il fut amalgamé par la suite.
Embrigadement/amalgame :
1ère formation :
La 164ème demi-brigade de bataille fut formée le 3 décembre 1794, à Douai, selon Belhomme, le 4 décembre 1794 selon Louis Susane, le 5 décembre selon selon le commandant Dumont, qui indique comme lieu de formation, Drumel. Elle se composait du 2ème bataillon du 90ème régiment d’infanterie, du 1er d’Eure-et-Loir et du 8ème de la Meurthe.
2ème formation :
Le 20 février 1796, la 164ème de bataille devint la 29ème demi-brigade de ligne à l’armée du Nord.
État des cadres au moment de la formation du bataillon (6 novembre 1791)7
État-major :
Lieutenant-colonel Louis-Pierre Huet, de Nogent-le-Rotrou, 42 ans,
Lieutenant-colonel en second Victor-Damien Poullion dit Desgranges, de Bonneval, 23 ans,
Quartier-maître trésorier Jean-Étienne Legendre, de Chartres, 19 ans,
Adjudant-major François-Séverin Marceau-Desgraviers, de Chartres,
Adjudant sous-officier Louis-Michel Letort, de Saint-Germain, département de Seine-et-Oise,
Chirurgien-major Lefèvre.
Compagnie de grenadiers : capitaine Philippe Delisle, d’Étampes, 28 ans, lieutenant Étienne Hermier-Mauville, de Chartres, 34 ans, sous-lieutenant Louis-Antoine Paillard.
1er compagnie (de Chartres) : capitaine Claude-René Romier, de Chartres, 25 ans, lieutenant Guillaume-Germain-André Doyen, de Chartres, sous-lieutenant Louis-Charles Delaunay, de Paris.
2e compagnie (de Chartres) : capitaine François-Séverin Marceau-Desgraviers, de Chartres, 22 ans, lieutenant François-Bonnaventure Petit, de Chartres, 27 ans, sous-lieutenant Honoré-Jacques-Denis Maugars, de Chartres, 21 ans.
3e compagnie (de Châteauneuf) : capitaine Louis-Constantin Pinguenet, de Courville, 25 ans, lieutenant Simon Hérodes, de Mortagne dans l’Orne, sous-lieutenant Jean-Baptiste-Nicolas-Marie Texier, de Courville, 21 ans.
4e compagnie (de Dreux et Janville) : capitaine Jean-Rémy Faucheux, de Janville, 25 ans, lieutenant Jean-Charles Moucheron, de Moutiers, sous-lieutenant Jean Robert, d’Oulins, 27 ans.
5e compagnie (de Dreux) : capitaine Nicolas Brisset, de Dreux, 36 ans, lieutenant Louis-Laurent Gastelais, de Louye dans l’Eure, 22 ans, sous-lieutenant Ambroise Bonnel, de Dreux, 28 ans.
6e compagnie (de Châteaudun) : capitaine François Rougé-de-Montaut, de Châteaudun, lieutenant Jean-Baptiste Bois, de Saint-Denis-lès-Ponts, 18 ans, sous-lieutenant Louis-César Galloup, de Châteaudun, 23 ans.
7e compagnie (de Chartres) : capitaine Jacques-Louis Richer, de Maintenon, 27 ans), lieutenant Pierre-Joseph Marie, de Chartres, 28 ans, sous-lieutenant Louis Legrand, de Saint-Piat.
8e compagnie (de Nogent-le-Rotrou) : capitaine René-Joseph-Abraham Bureau, de La Bazoche-Gouet, 23 ans, lieutenant Pierre-Charles Sortais, de Nogent-le-Rotrou, 25 ans, sous-lieutenant René-Jean-Gabriel Gouju, de Nogent-le-Rotrou, 23 ans.
État des cadres au moment de l’amalgame8
État-major : chef de brigade E. Hermier-Mauville, quartier-maître trésorier L. Gohon, adjudant sous-officier A. Lecomte.
Compagnie de grenadiers : capitaine L. Monasson, lieutenant H. Barbereau, sous-lieutenant A. M. F. Courbet.
1ère compagnie : capitaine Letort, lieutenant C. Cabart, sous-lieutenant R. Cornu.
2e compagnie : capitaine François-Bonnaventure Petit (lieutenant dans la compagnie en 1791), lieutenant Honoré-Jacques-Denis Maugars (sous-lieutenant dans la compagnie en 1791), sous-lieutenant F. N. Poilvilaine.
3e compagnie : capitaine Jean-Baptiste-Nicolas-Marie Texier (sous-lieutenant dans cette compagnie en 1791), lieutenant Jean Robert (sous-lieutenant à la 4e compagnie en 1791), sous-lieutenant P. Leduc.
4e compagnie : capitaine A. L. Jolly, lieutenant A. Rogeard, sous-lieutenant L. J. D. Lepine.
5e compagnie : capitaine P. Germond, lieutenant J. P. Louvet, sous-lieutenant L. Dallier.
6e compagnie : capitaine Jean-Baptiste Bois (lieutenant dans la compagnie en 1791), lieutenant Louis-César Galloup (sous-lieutenant dans la compagnie en 1791), sous-lieutenant E. Brodeau.
7e compagnie : capitaine Louis Legrand (sous-lieutenant dans la compagnie en 1791), lieutenant A. L. Supersac, sous-lieutenant J. Maréchal.
8e compagnie : capitaine P. C. Sortais, lieutenant René-Jean-Gabriel Gouju (sous-lieutenant dans la compagnie en 1791), sous-lieutenant R. Chenaye.
Portraits :
Jean Bade, soldat dans la 5e compagnie du bataillon, il reprit à l’ennemi le drapeau d’un régiment d’infanterie lors de la bataille de Jemappes (6 novembre 1792).
Louis-Pierre Huet, né le 16 décembre 1749, à Nogent-le-Rotrou dans le département de l’Eure-et-Loir, fils d’un maçon. Il s’engagea comme soldat dans le régiment ci-devant de Provence (décembre 1766), sergent (1772), fourrier (mars 1775), adjudant sous-officier (15 septembre 1780), porte-étendard (9 janvier 1788), puis se retira du service (24 septembre 1790). Capitaine dans la garde nationale de Nogent-le-Rotrou (2 décembre 1790), il s’enrôla dans le 1er bataillon d’Eure-et-Loir et fut élu lieutenant-colonel (4 novembre 1791). Il signa la capitulation de Verdun (2 septembre 1792), général de brigade à l’armée de Moselle (20 septembre 1793), général de division (29 septembre), il commande la 1ère division de cette armée (5 novembre), et servit à la bataille de Kaiserslautern (28 novembre). Il fut suspendu à Blieskastel (3 décembre), par les représentants en mission Lacoste et Baudot qui notèrent : « qu’il n’a plus les forces physiques nécessaires pour le commandement », il fut rappelé au service, devant servir à l’expédition de Jersey qui n’eut pas lieu (5 janvier 1794), puis nommé par le Conseil exécutif provisoire à l’armée des Côtes de Cherbourg (9 février), chargé dans les départements de l’Eure et de la Seine-Inférieure de la défense des côtes et de la surveillance des transports d’approvisionnement pour Paris (durant l’année 1794). Commandant à Rouen une division de l’armée de l’Intérieur (mars 1796), réformé (1er vendémiaire an V), mais employé à nouveau dans la 11ème division militaire (octobre 1797). Admis au traitement de réforme selon sa demande du 15 février 1799 (5 février 1800), il mourut dans sa ville natale, le 21 novembre 1810.
François-Séverin Marceau-Desgraviers, né le 1er mars 1769, à Chartres dans l’Eure-et-Loir, fils du procureur du bailliage de Chartres. Il entra au service comme soldat au régiment ci-devant d’Angoumois (1785), puis obtînt son congé. Il entra dans la garde nationale parisienne (juillet 1789), puis s’enrôla dans le 1er bataillon d’Eure-et-Loir, élu capitaine dans la 2e compagnie (le 6 novembre 1791), adjudant-major (1er décembre), lieutenant-colonel en second (25 mars 1792). Il servit au siège de Verdun et porta au Roi de Prusse la capitulation de la place (2 septembre), puis passa sur sa demande dans les cuirassiers légers de la légion germanique (4 septembre). Il fut envoyé en Vendée, passa capitaine au 19ème régiment de chasseurs à cheval (1er mai 1793) Il sauva le représentant du peuple Bourbotte des rebelles lors du désastre de Saumur (10 juin), la Convention déclara qu’il a bien mérité de la Patrie (13 juin). Il servit à la division de Luçon sous le général Lecomte et se signala à la bataille de Luçon (14 août), puis à celle de Chatonnay (5 septembre). Adjudant-général puis général de brigade (16 octobre) après sa belle conduite à la bataille de la Tremblaye, il contribua grandement à la victoire de Cholet (17 octobre), puis fut promu général de division (10 novembre). Il poursuivit les Vendéens sans relâche durant la Virée de Galerne, combattit à Antrain (18 novembre), nommé à titre provisoire commandant de l’armée de l’Ouest (27 novembre) Il fut vainqueur à la bataille du Mans (13 décembre), puis à Savenay (23 décembre). Dès le 25 décembre, malade et écœuré par les massacres, il quitta son commandement et obtînt un congé (30 décembre). Il demanda expressément à servir aux frontières et fut envoyé à l’armée des Ardennes (avril 1794). Il commanda une nouvelle division (créée le 8 mai), puis passa à l’armée de Sambre et Meuse. Il prit Thuin (10 mai), puis commanda l’avant-garde de l’armée des Ardennes (27 mai). Commandant deux divisions, Mayer et Marceau (juin) il commanda l’extrême droite des forces républicaines à la bataille de Fleurus (26 juin), s’y couvrant de gloire. Il servit à l’armée de Sambre-et-Meuse, notamment à la bataille de l’Ourthe (2 octobre), puis au blocus de Mayence sous Michaud (avril 1795). Il assiégea Ehrenbreistein (septembre) et repassa le Rhin. Il se défendit à Neuwied (18 octobre), s’empara des gorges de Stromberg (10 novembre). Accablé par les Autrichiens, cerné, il se fit jour par la force et rejoignit les Français (7 décembre). Il fut encore vainqueur à Soultzbach (17 décembre) et signa un armistice avec le général autrichien Kray (31 décembre). Commandant les trois divisions de l’aile gauche de l’armée de Sambre et Meuse et surveilla le Rhin (août 1796) avec quatre divisions. Il s’empara du fort de Koenigstein (29 juillet) et couvrit la retraite de l’armée, il combattit à Limburg (16 septembre), à Freylingen (18 septembre), et arrêta l’ennemi à Altenkirchen, c’est là le 19 septembre, qu’un chasseur tyrolien le blessa au côté gauche d’une balle. Porté chez le commandant prussien de la ville, il agonisa et mourut à 3 heures du matin le 21 septembre. Il fut inhumé à Petersberg et honoré par ses ennemis. A l’anniversaire de sa mort, il fut incinéré et ses cendres recueillies et placées dans une urne déposée dans un tombeau en forme de pyramide élevé selon les plans du général Kléber.
Jacques-Louis Richer, né le 30 décembre 1764 à Maintenon, en Eure-et-Loir, fils du notaire et procureur fiscal de cette ville, soldat au régiment ci-devant de Champagne (12 septembre 1780-7 août 1786), capitaine au 1er bataillon des volontaires de l’Eure-et-Loir (1er novembre 1791-6 octobre 1792), lieutenant en second (4 septembre 1792), lieutenant en premier (4 novembre), servant aux cuirassiers de la légion germanique, capitaine (13 mai 1793), capitaine provisoire au 11e régiment de hussards (26 juin), confirmé dans ce grade (9 juillet 1794), chef d’escadron (5 avril 1796), pour prendre rang à partir du 7 décembre 1795, aide de camp du général Augereau (28 septembre 1797), chef d’escadron de la gendarmerie nationale (20 septembre 1801), adjudant commandant et employé en qualité d’aide de camp auprès du maréchal et duc de Castiglione (Augereau, 2 septembre 1812), retraité (1er janvier 1816), il mourut le 17 juillet 1818
Article de Laurent Brayard
1 Belhomme, Histoire de l’Infanterie en France, tomes 3 et 4.
2 Journal Militaire de 1792.
3 Commandant Dumont, Les bataillons de volontaires nationaux de 1791, p. 75.
4 Commandant Dumont, Les bataillons de volontaires nationaux de 1791, page 101.
5 Commandant Dumont, Les bataillons de volontaires nationaux de 1791, page 101.
6 Commandant Dumont, Les bataillons de volontaires nationaux de 1791, page 101.
7 Commandant Dumont, Les bataillons de volontaires nationaux de 1791, page 100.
8 Commandant Dumont, Les bataillons de volontaires nationaux de 1791, page 101.