1er bataillon des Landes

1er bataillon des LandesDocument transmis par M. Daniel Ferre que nous remercions chaleureusement

Date de formation: selon Belhomme et le commandant Dumont1, il fut formé le 17 novembre 17912.

Formation :

Il fut composé de 568 hommes des districts de Dax, de Mont-de-Marsan et de Tartas, rassemblés à Mont-de-Marsan, le 18 octobre 1791, formés en compagnies (19-20 octobre), formé en bataillon (20-22 octobre), puis immédiatement renvoyé dans ses foyers pour s’habiller et s’équiper. Il ne fut réunit de nouveau que le 16 novembre, à Mont-de-Marsan et fut passé en revue par le maréchal de camp de Gestas, assisté du commissaire des guerres Ginet et du commissaire du département Lacaze.

Historique :

1791 :

Il se mit en marche pour Saint-Sever (17 novembre), puis fut logé à son arrivée chez l’habitant. Il fut bientôt très inconfortable de le nourrir, sans parler des incidents, les hommes durent eux-mêmes fournir l’habillement et l’équipement et les armes furent envoyées de l’arsenal de Bordeaux.

1792 :

Le 1er janvier, il était en garnison à Dax3. Il entra en révolte et sédition (mars), ayant appris que le département se refusait à rembourser l’habillement et envoyé des délégués pour menacer les administrateurs. L’affaire fit beaucoup de bruits, et il fallut après bien des heurts promulguer une amnistie générale. Le 1er bataillon des Landes fut envoyé dans le département de l’Ardèche. Il passa par Montauban, Caussade (21 août), Caylus (22 août) et Villefranche (24 août), Rodez (26 août), Saint-Saturnin (28 août), Maruéjouls (29 août), puis Lyon (octobre). Début juillet, le comte de Saillans avec 600 insurgés royalistes avait tenté une opération contre le château de Banne (camp de Jalès). Le bataillon se trouvait alors en Ardèche (19 août). De Lyon, le bataillon fut ensuite envoyé à l’armée des Alpes, passé en revue à Conflans (14 novembre), fort de 546 hommes. Il hiverna à Moutiers (15 décembre), à la surveillance de la vallée la Vannoise.

1793 :

En janvier, il se trouvait à Annecy et Chambéry, un détachement se trouvant à L’Hôpital de Conflans, armée des Alpes. Il cantonna au camp de la Tarentaise (avril), puis à Saint-Jean de Maurienne (1er mai). Il fut passé en revue à Bois-Plan Ledoyen (7 mai), fort de 681 hommes, ses grenadiers étant détachés au 4e bataillon de grenadiers réunis de l’armée, à Moutiers (22 mai), ses 22 pionniers étant à Bourg-Saint-Maurice. En juillet, il campait au camp de Bramans dans la Maurienne. Le 15 août, le 4ème bataillon de l’Ain était aussi dans cette vallée sous le commandement du général Ledoyen4 qui commandait une brigade d’environ 4 500 hommes. Nous y apprenons la mission du bataillon et de ses hommes. Pendant que le 1er bataillon du 23ème d’infanterie de ligne se trouvait à Termignon avec six canons, des avant-gardes surveillaient le Mont-Cenis à Lanslebourg et à Entre-Deux-Eaux face au col de la Vannoise. Un autre ouvrage défendu par huit canons et le 1er bataillon des volontaires des Landes barrait et contrôlait le débouché du Mont-Cenis. Les deux camps étaient en communication par une redoute défendue par un bataillon de grenadiers et deux pièces de canon. Plus en arrière le 6ème bataillon de l’Ain était en réserve à Aussois, le 5ème bataillon de la Gironde était à Modane et Notre-Dame-du-Charmais. Le 4ème bataillon était à Saint-Michel et couvrait la ligne de retraite en surveillant les passages qui menaient dans la vallée de la Maurienne5. Avec la brigade qui défendait la vallée de la Tarentaise, la brigade du général Ledoyen6 faisait partie de la division du général Dornac. Il fut dispersé dans diverses positions de surveillance, comprenant un effectif de 779 hommes, 16 en congé et 101 dans les hôpitaux, 77 étaient encore en détachement dans les avant-postes. Puis il quitta la vallée pour se rendre à Saint-Michel (13 novembre), passant à Montmélian, La Mure, Gap, Digne et Brignoles, avant d’arriver devant Toulon (3 décembre). Il servit durant les dernières opérations du siège de Toulon (jusqu’à sa reprise, 19 décembre). Il faisait partie de la 2ème division du général Dours, armée des Alpes (21 décembre).

1794 :

Il servit ensuite dans les rangs de l’armée d’Italie, de 1794 à son amalgame. Il cantonna à Monaco (1er janvier), puis à Nice (3 février), réduit à 534 hommes), passant à Antibes (5 mars).

Embrigadement/amalgame :

1ère formation :

La 70ème demi-brigade de bataille fut formée le 21 mars 1795, à Utelle, selon Belhomme, le 18 mars 1794 selon Susane et le commandant Dumont. Elle se composait du 2ème bataillon du 35ème régiment d’infanterie, du 1er des Landes et du 1er de l’Ardèche. Cette demi-brigade continua de servir à l’Armée d’Italie.

2ème formation :

Le 16 mars 1796, la 70ème de bataille devînt à l’armée d’Italie, la 75ème demi-brigade de ligne.

troupes de la République

Portraits :

Antoine Digonet, né le 23 janvier 1763, à Crest dans la Drôme, il entra au service comme soldat dans le 39e régiment d’infanterie de ligne, et fit la guerre d’indépendance d’Amérique (1778-1783), il combattit au siège de Yorktown (1781) où il fut blessé à la jambe droite, caporal, sergent, sergent-major, il rentra en France avec un congé absolu. Il s’enrôla dans le 2e bataillon des Landes, élu adjudant-major (octobre 1792), il servit à l’armée des Pyrénées-Orientales (1793), il passa lieutenant-colonel commandant le 4e bataillon des Landes (1er mai), il fut blessé au bras lors d’une bataille (5 février 1794), général de brigade (14 avril), division Marbot, il s’illustra dans de nombreuses batailles jusqu’à la paix qui fut signée avec l’Espagne (mai 1795). Il fut envoyé avec sa brigade en Vendée, armée de l’Ouest (1795-1796), il fut vainqueur de Charette à Saint-Fulgent (mars 1796), détruisant les derniers espoirs du général vendéen, bientôt acculé, fait prisonnier et fusillé à Nantes. Commandant des départements de la Charente-Inférieure et des Deux-Sèvres, il servit contre les insurgés royalistes durant l’insurrection de 1799, marchant contre Bourmont qui s’était emparé du Mans, il reprit la ville, l’artillerie perdue et participa à la pacification générale. Il fut ensuite envoyé à l’armée du Rhin, du général Moreau, se distingua à la bataille d’Engen (3 mai 1800), puis au combat de Biberach (9 mai). Il servit à des postes de l’intérieur en Italie et en Allemagne (1801-1810), puis demanda et obtînt sa retraite, il mourut à Modène, en Italie, le 17 mars 1811.

Jean-Baptiste-Isidore baron Lamarque d’Arrouzat, né le 23 août 1762 à Doazon dans les Basses-Pyrénées. Il s’enrôla comme volontaire au 1er bataillon des Landes, élu capitaine (17 octobre 1791). Il servit avec le bataillon à l’armée des Alpes (1792), au siège de Toulon (1793). Il passa ensuite à l’armée d’Italie (1794-1797), et successivement à la 70e demi-brigade de bataille par amalgame (1795), puis dans la 75e demi-brigade de ligne (1796). Il servit à la bataille d’Arcole (15-17 novembre). Il servit ensuite à l’armée d’Helvétie puis à celle d’Orient (1798-1801). Il servit au combat de Nazareth (11 avril 1799), et durant l’expédition de Syrie. Il devînt chef de bataillon (octobre 1799), puis rentra en France et tînt garnison à Orléans (1802-1804). Major au 45e d’infanterie de ligne et chevalier de la Légion d’honneur (1804), il servit à la Grande Armée, campagne d’Autriche (1805), de Prusse (1806) et de Pologne (1807), au 1er corps d’armée de Bernadotte. Colonel du 3e régiment d’infanterie légère (20 août 1808), il servit durant la campagne d’Allemagne, notamment à la bataille meurtrière d’Essling (21 et 22 mai), officier de la Légion d’honneur, puis il s’illustra encore à la bataille de Wagram (6 juillet), baron de l’Empire (15 août). Il passa en Espagne servant à l’armée de Catalogne (1810-1813), il s’illustra à la bataille de Figuières (3 mai 1811), à celle d’Altafulla (24 janvier 1812), général de brigade (24 mai), gouverneur de Lérida (25 juillet 1813), il fut victime d’un odieux et double stratagème ou la parole anglaise fut violée à plusieurs reprises et fait prisonnier de guerre. Il resta captif jusqu’à la paix (1814) et rentra en France, il se rallia à Napoléon durant les Cents Jours, employé au 9e corps d’observation des Pyrénées (20 avril 1815), mis en demi-solde après la Seconde Restauration (1er juillet), chevalier de Saint-Louis (10 décembre 1817), inspecteur de la 11e division militaire (16 juin 1819), mis en retraite (1er janvier 1825). Il mourut à Pau, le 30 avril 1834.

Soustrat, lieutenant-colonel commandant le 1er bataillon des Landes, demeurant alors en garnison à Conflans en Savoie, fit envoyer comme don patriotique sa médaille de Saint-Louis à la Convention nationale (9 décembre 1792)7.

Villard, capitaine dans un bataillon provisoire formé au moment de la levée des 300 000 hommes, il fut nommé sous-lieutenant au 1er bataillon des Landes8.

État des cadres du bataillon à sa formation (revue du 17 novembre 1791)9

État-major :

Lieutenant-colonel Aderian Mallet de Soustras, originaire de Labatut, 57 ans,

Lieutenant-colonel en second Raymond Caunègre, de Moliès, 32 ans,

Quartier-maître trésorier Jacques Truol, de Romans dans la Drôme, 36 ans,

Adjudant-major Jacques Destanque, de Campagne, 28 ans,

Adjudant sous-officier Amant Genous, de Mont-de-Marsan, 28 ans,

Chirurgien-major Lafenestre.

Compagnie de grenadiers : capitaine Jean-Louis-Marie Lagardère, de Dax, 40 ans, lieutenant Joseph Labadie, 25 ans, sous-lieutenant Étienne Deslous de Castelnau, 38 ans.

1ère compagnie (de Peyrehorade) : capitaine Gratien Gardera, de Peyrehorade, 35 ans, lieutenant Pierre Discazeaux, de Peyrehorade, 27 ans, sous-lieutenant François-Bernard Saint-Amon, de Bagnères dans les Hautes-Pyrénées, 23 ans.

2e compagnie (de Pouillon) : capitaine Louis Hontarède, de Habas, 23 ans, lieutenant Pierre-Jean Hontarède, de Habas, 24 ans, sous-lieutenant Fabien Cazaulx, de Labatut.

3e compagnie (de Gabarret) : capitaine Joseph Cambos, de Mont-de-Marsan, 35 ans, lieutenant Joseph Girard, de Gabarret, 31 ans, sous-lieutenant Antoine Cazeneuve, d’Arx.

4e compagnie (de Roquefort) : capitaine Louis Fayt, de Roquefort, 24 ans, lieutenant Joseph Servat, sous-lieutenant Pierre Saint-Guirons, de Roquefort, 27 ans.

5e compagnie (de Parentis) : capitaine Augustin Darricau, de Tartas, 18 ans, lieutenant Étienne Pomade, de Parentis, 21 ans, sous-lieutenance vacante.

6e compagnie (de Mont-de-Marsan) : capitaine Marcellin Dufourg, de Saint-Gein, 22 ans, lieutenant Jean-Baptiste Lasserre, de Mont-de-Marsan, 30 ans, sous-lieutenant Jean Lubet, de Bargues, 22 ans.

7e compagnie (de Dax) : capitaine Jean-Baptiste Pardailhan, de Dax, 24 ans, lieutenant Bernard Lartigau, de Dax, sous-lieutenant Joseph Caunègre, de Moliès, 31 ans.

8e compagnie (de Montfort) : capitaine Jean-Baptiste-Isidore Lamarque d’Arrouzat, de Doazon, 29ans, lieutenant André Labat, de Montfort, 18 ans, sous-lieutenant Étienne Planté, de Montfort, 21 ans.

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État des cadres du bataillon au moment de l’amalgame10

Etat-major : chef de bataillon R. Caunègre (en second en 1791), quartier-maître J. Vidouze, adjudant-major C. Barbé, chirurgien-major Desmons, adjudant-sous-officier A. Genous (même grade en 1791).

Compagnie de grenadiers : capitaine Jean-Louis-Marie Lagardère (à ce grade en 1791), lieutenant Étienne Deslous (sous-lieutenant en 1791), sous-lieutenant J. Castets.

1ère compagnie : capitaine Gratien Gardera, lieutenant Pierre Discazeaux, sous-lieutenant François-Bernard Saint-Amon (tous à ce grade en 1791).

2e compagnie : capitaine Louis Hontarède, lieutenant Jean Hontarède, sous-lieutenant Fabien Cazaulx (tous à ce grade en 1791).

3e compagnie : capitaine Joseph Cambos, lieutenant Joseph Girard (ces deux hommes à ce grade en 1791), sous-lieutenant S. Cappe.

4e compagnie : capitaine Jacques Truol (quartier-maître trésorier en 1791), lieutenant J. Lalanne, sous-lieutenant B. Lanusse.

5e compagnie : capitaine A. Darricau, lieutenant Étienne Pomade (tous les deux à ce grade à en 1791), sous-lieutenant G. Badie.

6e compagnie : capitaine Gaulin, lieutenant Jean-Baptiste Lasserre (à ce grade en 1791), sous-lieutenant J. P. Vives.

7e compagnie : capitaine Jean-Baptiste Pardailhan, lieutenant Bernard Lartigau, sous-lieutenant Joseph Caunègre (tous à ce grade en 1791)

8e compagnie : capitaine Jean-Baptiste-Isodore Lamarque, lieutenant André Labat, sous-lieutenant Étienne Planté (tous à ce grade en 1791).

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Article de Laurent Brayard

1 Commandant Dumont, Les bataillons de volontaires nationaux de 1791, page 173.

2 Belhomme, Histoire de l’Infanterie de France, tomes 4 et 5.

3 Journal Militaire de 1792.

4 Jean-Denis Le Doyen (1751-1802) général originaire de Liège, soldat 1765. Servit de 1770 à 1783. En 1791, lieutenant, puis capitaine à l’armée du Midi (1792), armée des Alpes (fin 1792), chef de brigade et arrêté par les insurgés lyonnais (31 mai 1793). Remis en liberté, nommé général de brigade (21 juin), commanda en Maurienne sous Dubourg (juillet). Démis de ses fonctions (octobre), resta sans emploi jusqu’en décembre 1794. Relevé de sa suspension et confirmé dans son grade (11 avril 1795), à nouveau suspendu (25 octobre). Réintégré (novembre), commanda la place de Luxembourg (mars 1796), commandant des troupes du département des Hautes-Alpes (septembre 1797 à février 1798). Admis au traitement de réforme (mai 1798), reprit du service à l’armée d’Italie (avril 1799), inspecteur aux revues (1800), employé dans le corps expéditionnaire de Saint-Domingue (octobre 1801). Il mourut sans doute des fièvres au Cap Français, Georges Six, Dictionnaire… op cit, tome 2, p. 89.

5 Anonyme, Les armées de la République en Savoie (1792-1796), p. 12.

6 C. Duval, L’invasion de la Savoie par l’armée Sarde en 1793, pièce générale.

7 Procès verbal de la Convention nationale, imprimé par son ordre, tomes troisième et quatrième.

8 Décret de la Convention nationale, séance du 18 germinal an 3, bulletin numéro 914.

9 Commandant Dumont, Les bataillons de volontaires nationaux de 1791, page 172.

10 Commandant Dumont, Les bataillons de volontaires nationaux de 1791, page 173.