2e bataillon de la Charente

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2ème bataillon de la Charente :

Ouvrage de référence :

P. Boissonnade, Histoire des volontaires de la Charente pendant la Révolution, 1791-1794, Angoulême 1890

Date de formation : Selon Belhomme, il fut formé le 8 décembre 17911. Formé selon Pierre Boissonnade, le 17 octobre 1791, avec des volontaires des districts d’Angoulême, de Barbezieux et de Cognac.

Historique :

Une fois formé, le 2e bataillon resta en stationnement dans la ville d’Angoulême, jusqu’à son départ pour la frontière. Le bataillon fut passé en revue (28 novembre 1791), par Léridon administrateur du département et le général Marcé à Angoulême. Le 3 décembre, le quartier-maître trésorier remis au général Marcé l’état des volontaires du bataillon. Le bataillon se mit en route pour la frontière les 21 et 22 décembre.

1792 :

Le 1er janvier, le bataillon était en garnison à Château-Thierry2. Il partit de cette localité en mai pour se rendre à La Rochelle. Le bataillon se dirigea d’abord sur Limoges, puis fit étape à Chabarais, Saint-Junien, traversa le département de la Haute-Vienne, en passant par Sainte-Maure, Tours, Amboise dans l’Indre-et-Loire, Blois et Beaugency dans le Loir-et-Cher pour arriver à Orléans. Il fut dirigé ensuite sur Château-Thierry dans l’Aisne, où il se trouvait en garnison (janvier-mai). Le 12 mai, ordre lui fut donné de partir pour la Rochelle qu’il devait atteindre le 26 mai.

Le 24 mars, le commandant du bataillon réclama un renfort de huit hommes pour compléter son effectif. Lors du décret du 5 mai 1792, portant les bataillons de volontaires de 574 hommes à 800, le département devait fournir 120 hommes pour le compléter. Malgré les efforts, en juin le bataillon ne comptait que 666 hommes. Une compagnie d’artillerie fut formée à Angoulême (9 août) forte de 55 fusiliers, un capitaine, un lieutenant, un sergent-major, deux sergents, quatre caporaux et un tambour soit un total de 66 hommes. Au mois d’août enfin l’effectif était presque atteint au complet.

Son ordre de rejoindre la Rochelle (mai) correspondait à l’intention de l’embarquer pour l’île de Saint-Domingue, la perle des Antilles alors en pleine révolte, tant des mulâtres que des noirs. Arrivé à la Rochelle à la fin du mois de mai, le bataillon y séjourna un moment afin de recevoir les 180 hommes encore nécessaire pour compléter son effectif à 800 hommes. Le départ des nouvelles recrues se fit entre le 15 et le 20 juin, qui par étapes se rendirent au port en passant par Beauvais-sous-Matha, Saint-Jean-d’Angély et Surgères. Il dut encore attendre la compagnie d’artillerie en formation, qui ne fut formée à Angoulême que le 12 août. Elle atteignit elle-même enfin la Rochelle le 20 août. A la fin du mois le bataillon s’embarquait pour l’île et débarqua à Port-au-Prince (17 septembre).

1792-1796 :

Il fut ravagé par les fièvres dès son arrivée, fièvres qui décimèrent totalement le bataillon. Le 10 novembre, le lieutenant-colonel Pasquier périssait au camp de la Marmelade, précédé dans la tombe par le lieutenant-colonel en second Monteil. La moitié des hommes du bataillon périt ainsi des fièvres, entre 1792 et 1794, dans les camps malsains du Cap, de la Marmelade ou dans l’hôpital du Port-de-Paix. Fazy Chirurgien-major du 2e bataillon de la Charente en 1793, s’embarqua avec une partie des survivants sur la frégate La Fine qui disparut en mer sur les côtes de la Nouvelle-Angleterre (États-Unis) le 4 octobre 1793.

En 1796, la compagnie de grenadiers forte de 61 hommes en avait perdu 51, 48 morts et trois prisonniers. La 1ère compagnie ne comptait plus que 11 hommes (41 morts et 7 prisonniers), la 2e plus que sept hommes (41 morts, 16 prisonniers), la 3e seulement six hommes sur 66, la 4e quatre hommes, la 5e sept hommes sur 64, la 6e sept hommes sur 64, la 7e 12 hommes sur 63, la 8e six hommes sur 63 et enfin la compagnie de canonniers huit hommes sur 63. Quatre capitaines étaient morts, un parti en congé, fort de 644 hommes à son débarquement, en frimaire an IV, 436 étaient morts, 99 prisonniers de guerre, 10 absents ou en congé, quatre expulsés, quatre congédiés, quatre passés à d’autres corps, il ne comptait plus que 75 hommes, un peu plus d’une compagnie sur les dix du bataillon.

Embrigadement/amalgame :

Il ne fut pas amalgamé ni en première ni en seconde formation car servant dans les colonies3.

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Portraits :

Pasquier, lieutenant-colonel du 2e bataillon de la Charente, il mourut au camp de la Marmelade, le 10 novembre 1792, des fièvres dans l’île de Saint-Domingue.

Monteil, lieutenant-colonel en second du 2e bataillon de la Charente, il mourut au port Margot, le 4 novembre 1792, des fièvres dans l’île de Saint-Domingue.

Cal, quartier-maître trésorier du 2e bataillon de la Charente.

Ragueaud, capitaine de la compagnie de grenadiers du 2e bataillon de la Charente.

Sallée, capitaine de la 1ère compagnie du 2e bataillon de la Charente.

Menaud, capitaine de la 2e compagnie du 2e bataillon de la Charente.

Bucaille, capitaine de la 3e compagnie du 2e bataillon de la Charente.

Pacaud, capitaine de la 4e compagnie du 2e bataillon de la Charente, il devînt en 1795 lieutenant-colonel du bataillon.

Renard, capitaine de la 5e compagnie du 2e bataillon de la Charente.

Lecoq, capitaine de la 6e compagnie du 2e bataillon de la Charente.

Drilhon, capitaine de la 7e compagnie du 2e bataillon de la Charente.

Boucherit, capitaine de la 8e compagnie du 2e bataillon de la Charente.

Tiffon, adjudant-major du 2e bataillon de la Charente, il mourut le 12 novembre 1792, des fièvres dans l’île de Saint-Domingue.

Labonne, désigné par le directoire du département de la Charente au poste de chirurgien-major du 2e bataillon de la Charente.

Fazy, chirurgien-major du 2e bataillon de la Charente (1793), il s’embarqua avec une partie des survivants sur la frégate La Fine qui disparut en mer sur les côtes de la Nouvelle-Angleterre (États-Unis), le 4 octobre 1793.

François Nivet, né le 9 décembre 1761 à Cognac, Charente, fils de Jean marchand orfèvre, et de Jacquelle Nouël, ayant pour parrain François Nivet et pour marraine Marie Nouël. Il fut élu lieutenant au 2e bataillon de la Charente (septembre 1791). Il donna sa démission lorsque ce bataillon fut destiné à passer pour Saint-Domingue. Il s’enrôla et fut élu lieutenant au 1er bataillon des Lombards (de Paris, août 1792) : « j’étais à Paris lorsque la Patrie fut déclarée en danger, je m’enrolais dans le bataillon des Lombards où je fus nommé lieutenant ». Il servit à la bataille de Jemappes (6 novembre), à la prise de Mons et de Bruxelles. Capitaine (janvier 1793), adjoint provisoire à l’État-major de la place de Bruxelles (14 février), aide de camp du général Lavalette (mai), adjudant-général chef de brigade (1er vendémiaire an 2). Non compris dans la réorganisation des états-majors en prairial an 3, et réintégré au grade de capitaine (23 thermidor an 3). Il indiqua dans ses états de service :

« poursuivi par la haine du représentant du Peuple Duhem, ce méchant homme le fit arrêter sous prétexte qu’il avait voulu livrer Lille et le fit traduire devant le tribunal révolutionnaire malgré les réclamations du général en chef Pichegru. Après avoir été détenu pendant trois mois à la prison de la Conciergerie, il fut mis en liberté, Duhem n’ayant rien pu introduire contre lui, sinon prouver la haine qu’il lui portait, cependant ne pouvant le perdre, il fit tant par ses intrigues qu’il le fit priver de son grade d’adjudant-général malgré les services qu’il avait rendu et l’estime dont il jouissait à l’état-major de l’Armée du Nord »4.

Autorisé à rejoindre le 3e bataillon de la Charente (an 4) qu’il quitta l’année suivante. Il fut nommé au commandement du département du Gard, puis ceux de l’Ardèche et de la Lozère qu’il indiqua être :

« en proie aux plus affreux brigandages, chaque jour était marqué par des incendies et des assassinats, son adjoint le capitaine Monchausé, fut assassiné à Aubenas comme il sortait de chez lui de deux coups de feu en travers du corps et mourut sur la place. Il se trouvait alors entouré, n’ayant d’autres troupes à opposer aux brigands dans les bandes se composaient en partie de contrebandiers, que des déserteurs et des réquisitionnaires qui formaient seuls avec quelques gendarmes et des gardes nationaux la force armée du département organisée par les soins de l’administration, il parvînt à force de mouvement de marches et contre-marches à les empêcher de se réunir ainsi qu’ils en avaient formé le projet, poursuivis et pressés alors de tous les côtés, la nuit et le jour, leurs chefs furent successivement arrêtés et envoyés à Montpellier, le plus redoutable d’entre eux, pour ses crimes et qui s’était fait appeler le Roy de Bauzon, parce qu’il avait établi son repaire dans la forêt de ce nom, y fut forcé et pris […] je fus chargé de m’informer de leurs projets et sauver ce département, que six compagnies de colonne mobile, formant à peu près 500 hommes, organisés par les soins de l’administration centrale, composées de déserteurs et de réquisitionnaires qui auraient préféré servir leur pays, plutôt que de se jeter dans ces bandes d’assassins ou la malveillance les invitait à se réunir et que malgré de si faibles moyens de répression et le danger qu’il y eut pour moi de me mettre à la tête d’une pareille troupe,la nuit et le jour, lorsque surtout j’avais été informé que les brigands devaient profiter de ma sécurité pour me faire assassiner ainsi que l’avait été mon infortuné adjoint, je me suis mis au dessus de la crainte et par des battues continuelles je suis parvenu à les empêcher de se réunir ainsi qu’ils en auraient formé le projet, en ayant pris un grand nombre et forcé par suite leur chef à se cacher dans des rochers ou je leur fis la guerre comme aux renards et m’en saisir de plusieurs couverts de crimes ».

Admis au traitement de réforme (an 6.), remis en activité comme adjudant-général dans la 9e division militaire (7 messidor). Envoyé à l’Armée d’Italie (1800), nommé commandant de la ville de Milan, en état de siège. Ses états de service disent :

« Le général en chef de cette armée lui confia le commandement de la place de Milan, les hôpitaux étaient remplis de malades et de blessés qu’avait fourni le champ de bataille de Marengo, il y régnait la plus grande mortalité par le dénuement de linge qu’ils éprouvaient, pour y pourvoir, il toléra les jeux pendant 15 jours et l’argent qu’ils produisirent fut employé à l’achat de 1 200 chemises qui leurs furent distribuées. L’officier qu’il chargea de toucher cet argent sans qu’il en fut en rien distrait et d’acheter ces chemises, employé alors près de lui est maintenant maréchal de camp, Monsieur Ménadier, les jeux furent ensuite interdits avec sévérité » il indique encore que « le général en chef lui ordonna de prendre les mesures pour activer et accélérer la confection du pain nécessaire à l’Armée sur tous les points qu’elle occupe ainsi que former des magasins d’approvisionnements desquels l’Armée puisse tirer avec facilité et sûreté des subsistances ».

Renvoyé à la 9e division militaire (1802), puis à la 5e division militaire à Strasbourg, chevalier de la Légion d’Honneur (1804). Nommé chef d’État-major à la 4e division (1805), nommé chef d’État-major à la 5e division après la suppression du 2e corps d’armée de réserve (8 février 1806). Versé à l’Armée d’Allemagne (28 septembre), nommé commandant de la place de Wittemberg (22 octobre) sous les ordres du général Lemarois. Il remplaça ce dernier au commandement de la place (27 novembre). Il rejoignit le corps du maréchal Lefebvre, faisant le siège de Dantzig (28 avril 1807). Nommé chef d’État-major d’une division se réunissant à Orléans sous les ordres du général Dupas, et destinée à l’Armée d’Espagne (1810), il passa à l’Armée de Catalogne. Ses états de service disent :

« lors du passage de quelques divisions de cette armée par Manrèze, ville considérable de Catalogne, elle fut incendiée, l’hôpital de cette ville qui renfermait plusieurs centaines de prisonniers français et de soldats espagnols malades ou blessés, était menacé d’être atteint par l’incendie mais pour y arriver, il fallait traverser les quartiers embrasés, malgré le danger, et après avoir pris les ordres du Duc de Tarente, il s’y porta à la tête de cent braves déterminés et fit évacuer l’hôpital après avoir mis les malades en sûreté il se rendit à son poste ».

Admis à la retraite (5 novembre 1811), mais remis à nouveau en activité (26 février 1814), chef d’État-major de la 14e division militaire (27 juin). Remis à la retraite (12 février 1815), à nouveau remis en activité (6 avril 1815) et devant rejoindre le général Rapp à l’Armée du Rhin. Cette armée ayant été licenciée, il fut autorisé à rentrer chez lui (3 septembre). Il avait été fait baron probablement par l’Empereur. Il mourut le 29 octobre 1829. Il laissait une veuve, Catherine-Adélaïde Dubois de Bellegarde et deux enfants mineurs, Marie-Henriette-Hortense et Nicolas-Maurice.

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Article de Laurent Brayard

1 Belhomme, Histoire de l’Infanterie en France, tomes 3 et 4.

2 Journal Militaire de 1792.

3 Champeaux, État militaire de la République française pour l’an douze, dédié au Premier Consul d’après son autorisation, 4e partie, p. 151.

4 États de service, document dossier de la Légion d’honneur de Nivet, Base Leonore.