1er bataillon de réquisition du district de Barbezieux :
Date de formation : octobre 1793 à Niort, selon Belhomme, il fut formé le 7 octobre 17931.
Formation :
A sa formation, il était commandé par le chef de bataillon Jourdeneau, ainsi que les officiers suivants : quartier-maître trésorier Gélineau, adjudant-major Favreau, capitaines Bruneau (9e compagnie), Panche (15e compagnie), Sainte-Marie originaire de Baignes (14e compagnie), Rabier (7e compagnie), Frivel (3e compagnie), Gazeau (compagnie de Montmoreau), Bouesset (compagnie d’Aubeterre), Cadiot (11e compagnie), Jouannet (12e compagnie), Dordeau (4e compagnie), Calugier (compagnie de Chalais). Il y avait encore Valette lieutenant et Baudier sous-lieutenant à la 11e compagnie et le lieutenant Girard. Le bataillon avait un chef de bataillon, un quartier-maître trésorier, un adjudant-major, 15 capitaines, 15 lieutenants et autant de sous-lieutenants.
Le district de Barbezieux fournit 1 593 hommes. Ils formèrent un bataillon toutefois formé avec seulement 1 411 hommes.
Historique :
1793 :
D’abord envoyé en Vendée vers le mois d’octobre, un arrêté du Comité de Salut Public (7 décembre) ordonna le retour au département des bataillons de la Charente partis sans équipements et sans armes et étant dans une très grande indigence et misère du fait des ressources énormes déjà absorbées par la guerre de l’Ouest et des nombreuses réquisitions tant d’hommes que de matériels.
1794 :
L’arrêté du comité, du 7 décembre 1793 fut annulé à la mi-janvier. A cette date quatre bataillons étaient rentrés en Charente, quatre encore aux armées. Ils furent cependant tous réorganisés en Charente pour être renvoyés armer aux armées. Durant cette période, le bataillon perdit 194 hommes aux hôpitaux, réduit à 1 256 hommes qui étaient venus de : 186 de Barbezieux, 81 de Brossac, 143 de Montmoreau, 116 de Deviat, 145 de Chalais, 109 d’Aubeterre, 35 de Baignes pour un total de 915 hommes, les autres avaient déserté, il fut recomplété par la suite.
Le bataillon de Barbezieux fut passé en revue par Prieur (fin avril), et reçut l’ordre de se mettre en marche (9 floréal an II). Fort de 1 222 hommes et recomplété, les hommes venaient des localités suivantes : 248 de Barbezieux, 223 de Baignes, 113 de Brossac, 143 de Deviat, 193 de Chalais, 189 de Montmoreau, 170 d’Aubeterre pour un total de 1279, mais 52 ne rejoignirent pas à temps et pouvaient être considérés comme réfractaires.
Il partit de Barbezieux pour Angoulême, puis Chabanais, Saint-Junien, Limoges, Saint-Léonard en Haute-Vienne, Bourganeuf, Guéret dans la Creuse, Gouzon, Montluçon, Montmarais et Moulins dans l’Allier, Bellevue, Lury et Autun en Saône-et-Loire, Nolay, Beaune et Seurre en Côte d’Or, Dôle dans le Jura, Saint-Vic dans le Doubs, Belfort et Arnay avant d’atteindre Colmar (28 mai).
Pendant la marche : « un membre du Comité de surveillance de Barbezieux se plaint avec une vivacité fort exagérée de ce que plusieurs d’entre eux s’introduisent dans les villages pour y voler les volailles. Et il ajoute avec une indignation tragi-comique qu’on a trouvé à l’un de ces volontaires huit poules dans son sac, de nombreuses salades et tout un lot d’oignon, enfin pour comble d’horreur, les mêmes jeunes gens, qui paraissent ce jour-là avoir trop arrosé leur dîner, s’amusent à plumer une poule vivante et à la faire courir sur la route, la plainte significative de ce personnage montre que parfois les volontaires se livraient à la maraude et y joignaient des jeux assez barbares »2.
Le 12 messidor an II, le chef de bataillon Jourdeneau écrivit « que ses volontaires étaient aux trois quarts armés et que dans huit jours il ne leur manquerait rien, on a obtenu un instructeur par compagnie et les manœuvres déjà assez bien ». Ils devaient partir du côté de la Suisse et se mettre à disposition du général Audujoy.
Amalgames :
1ère formation :
Incorporé dans la 54e demi-brigade de bataille avec le 3e bataillon de la Mayenne et la 1ère et 4e demi-brigades de bataille à l’Armée de Rhin et Moselle.
Comme il existait encore des bataillons de réquisitions et de volontaires après avoir formé le premier amalgame avec les bataillons de l’Armée de ligne, les représentants en mission auprès de l’Armée du Rhin, décidèrent la formation de plusieurs demi-brigade provisoire qui devaient être employées au service de garde des places, organisées au nombre de 6. Le bataillon de Barbezieux fut versé le 1er juillet 1795, dans les rangs de la 1ère demi-brigade provisoire de 1ère formation, constituée avec le 8ème bataillon de l’Ain et le 5ème de Maine-et-Loire (Selon Belhomme).
2e formation :
En second amalgame devenu 89e demi-brigade de ligne.
Portraits :
Pierre Grangé, né le 26 janvier 1774 à Labrousse, commune de Saint-Séverin, fils de Pierre laboureur et de Marie Curé sa femme, ayant pour parrain Pierre de Villepastour laboureur et pour marraine Marie Phénieux, baptisé en présence de Jean Moreau tailleur d’habits et de Pierre Chabanne sacristain. Réquisitionné dans le bataillon de Barbezieux. Il fit ensuite les campagnes à l’Armée du Rhin, du Danube, de Suisse dans les rangs de 54e demi-brigade de bataille, puis dans la 89e demi-brigade de ligne, où il avait été versé avec des réquisitionnaires de son bataillon. Nommé caporal (1795) à l’Armée du Rhin. Le 14 prairial an VII, il sauva la vie à son lieutenant en blessant ou tuant deux Autrichiens qui le tenaient en leur pouvoir, puis il entra un des premiers dans une redoute qui fut prise d’assaut. Nommé sergent-major (1800), il passa à la 84e demi-brigade de ligne (21 germinal an VIII). Il était en garnison en Hollande (1803), sous-lieutenant puis décoré de la Légion d’honneur (14 juin 1804). Il fit les campagnes d’Autriche, de Prusse et figurait dans la 4e légion de réserve (1805-1806), nommé lieutenant (28 mai 1807). Il entra en Espagne avec le 2e corps d’observation de la Gironde du général Dupont. Il fit la campagne d’Andalousie, blessé à la bataille de Baylen (18 juillet 1808), d’un coup de fusil à l’aine. Il fut fait prisonnier par la capitulation signée par Dupont (19 juillet). Il connut d’horribles souffrances et une grande misère dans les fers espagnols, sur le terrifiant îlot prison de Cabrera et sur les pontons morbides de Cadix et d’Angleterre. Il fut libéré (16 juin 1814), ayant survécu à six années d’infâmes tortures dans ces véritables camps d’extermination. Placé au dépôt du 122e de ligne, il prit sa retraite (8 octobre) et mourut à Saint-Séverin le 4 juin 1836. Il laissait un unique héritier, Auguste Grangé, demeurant à Labrousse au moment de sa mort, mineur ayant pour curateur son oncle Pierre
Jean Guelain, né le 20 octobre 1773, à Boisbreteau (hameau d’Oriolles), fils de Jean et de Catherine Penard, ayant pour parrain Jean Guelain et pour marraine Anne Penard, baptisé par le curé Despine de Boisbreteau, Réquisitionné par la levée en masse dans le bataillon de Barbezieux. Il fit les campagnes à l’Armée du Rhin (1794-1796), nommé caporal (1798), puis à l’Armée de Hollande (1799), où il passa sergent (1802) et reçut la Légion d’honneur (1804) se trouvant alors sergent-major au 93e de ligne. Il servit durant les campagnes d’Autriche, de Prusse et de Pologne (1805-1807), dans le corps du maréchal Bernadotte (1807), au siège de Colberg en Poméranie, où il fut blessé d’un coup de feu à la cuisse droite. Il fit la campagne d’Allemagne (1809), promu sous-lieutenant (25 avril 1809), il eut le bras droit emporté à la bataille d’Essling, par un boulet de canon (22 mai 1809). Mis à la retraite (1811), il mourut à Barbezieux, le 26 décembre 1839. Il laissait deux fils, Jean-Baptiste-Alexandre demeurant à Oriolles en Charente, et Henri encore mineur sous la tutelle de sa mère Marie Dugalais veuve Guelain demeurant également à Oriolles.
François Antoine, né à Montboyer, arrondissement de Barbezieux, dans le département de la Charente, le 18 janvier 1773. Réquisitionnaire versé dans le 1er bataillon du district de Barbezieux (1794). Il servit en Vendée, puis à l’Armée du Rhin (1794-1801). Caporal (1798), caporal-fourrier (1799), sergent (1800), à l’Armée du Hanovre (1802-1803), puis de Batavie (1804), à la Grande Armée (1807-1808), il passa à l’Armée d’Italie (1808-1809). Chevalier de la Légion d’honneur (30 juin 1809), sergent-major (8 juillet), sous-lieutenant au 22e léger (15 mars 1812). Il fit la campagne de Russie, puis de Saxe (1812-1813), lieutenant (24 mars 1813), blessé d’un coup de feu à la bataille de Lützen (2 mai), capitaine (8 novembre). Il mourut le 13 janvier 1847.
Jean-Baptiste Contableau, né à Saint-Bonnet, Charente, fils de François et de Marie Guisteau et pour parrain Jean-Baptiste Pichot curé de ladite ville et pour marraine Anne-Marie Tithard. Réquisitionnaire de la levée en masse d’août 1793, incorporé dans le 1er bataillon du district de Barbezieux (8 octobre 1793), passa à l’Armée du Rhin (1794-1800). Nommé caporal (mars 1794), caporal-fourrier (1800), sergent, blessé d’un coup de feu à la jambe gauche (10 frimaire an 9), à l’affaire de Haask en Bavière. Il servit à l’Armée de Hollande, puis à la Grande Armée (1804-1809). Blessé d’un coup de feu à l’épaule gauche (26 juin 1809), au combat de Saint-Leonard Fratz. Il passa au 84e régiment d’infanterie de ligne comme sous-lieutenant (25 juillet 1810), passa du 84e au 141e de ligne (25 avril 1812). A l’Armée des Côtes de l’Ouest (1812-1813), lieutenant (30 avril 1813), il fait la campagne de Saxe, blessé à la jambe droite et amputé (19 août). Chevalier de la Légion d’honneur (14 juin 1813), décoré également par ordre du duc de Berry (30 juin 1814). Il mourut le 1er juillet 1837. Il laissait une veuve, Marie Buffeteau ainsi que quatre filles mineures, Aurore, Honorine, Alzire et Azoline Contableau.
Jean Piaud, né le 25 mars 1775, à Barbezieux, Charente, fils de Jean, cordonnier et de Marie Barabaud (ou Sarabaud), ayant pour parrain et marraine Jean Thibault, postillon et Marianne Laboissière. Réquisitionnaire de la levée en masse, incorporé dans le 1er bataillon de réquisition du district de Barbezieux (8 octobre 1793). Il fit campagne à l’Armée de l’Ouest (1793-1794). Envoyé à l’Armée de Rhin et Moselle puis du Rhin (1795-1798). Il passa à l’Armée d’Angleterre, puis à l’Armée d’Helvétie, ensuite du Danube (1798-1799). Adjudant sous-officier (1800). Il servit à l’Armée du Rhin, blessé à l’affaire en avant de Haag, d’un coup de feu dans le dos (10 frimaire an 9). Il servit à l’Armée du Hanovre (1804-1805), à l’armée Gallo-batave (1805), lieutenant (27 février 1807), adjudant-major (16 février 1808). Passa à la Grande Armée (1809) et eut le bras droit emporté d’un coup de boulet, à la bataille de Wagram (6 juillet), chevalier de la Légion d’honneur (8 juillet). adjudant-major capitaine (16 août). Il fut réformé pour sa blessure, servant alors au 84e régiment d’infanterie de ligne. Il déclara s’installer dans l’Ain, dans la commune de Bergy à compter du 1er janvier 1835. Il mourut le 18 septembre 1844, à Irigny dans le Rhône. Il laissait une veuve, Marie Doyen, domiciliée à Ferney-Voltaire et deux fils, Jean-Lémond Piaud négociant demeurant à Rive de Gris, dans la Loire et Jacques-Philippe-Théodore-Lucien Piaud, négociant demeurant à Lyon.
Article de Laurent Brayard
1 Belhomme, Histoire de l’Infanterie en France, tomes 3 et 4.
2 P. Boissonnade, Histoire des volontaires de la Charente pendant la Révolution, 1791-1794, Angoulême 1890, p. 279.