Date de formation : selon Belhomme, il est formé le 15 novembre 17921.
Historique :
1793 :
En janvier, il se trouvait à Belfort2. Il servait à l’armée du Rhin et fit ensuite partie de la garnison de Mayence, fameuse par le siège qu’elle soutint durant le printemps et l’été 1793. Le bataillon fut compris dans la capitulation (23 juillet) de ce qui était devenue l’armée de Mayence. La garnison sortit de la ville avec les honneurs de la guerre et ne put servir contre les coalisés durant l’espace d’une année. Après un court repos, elle fut envoyée en Vendée, le gouvernement français considérant les troupes vendéennes comme des rebelles.
L’avant-garde de l’armée arriva à Saumur le 2 septembre commandée par le général Kléber, forte de 2 500 hommes, 50 chasseurs à cheval et canons. Un conseil de guerre décida son rattachement aux forces du général Canclaux. Ils étaient la première colonne des 18 000 hommes qui formaient cette armée. Ils arrivèrent avec les cris de « Vive la République » et « Terreur des brigands ! ». Les soldats de l’armée des Côtes de Brest de Canclaux étaient enchantés de son arrivée et célébrèrent sa gloire par une carmagnole de la Vendée : « Patriotes réjouissez-vous, l’armée de Mayence est avec nous, elle est venue nous aider pour purger la Vendée ! ».
Nous remarquons dans cette avant-garde les compagnies franches de Marigny. Kléber commandant l’avant-Garde, Vimeux la 1ère division, Beaupuy la 2ème, Haxo la réserve. L’avant-garde sortit de Nantes (8 septembre), et arriva devant le poste de Port-Saint-Père (10 septembre), derrière la petite rivière de l’Acheneau. La Cathelinière et ses bandes défendaient la position, mais furent surpris par les tirs d’obusiers qu’ils subissaient pour la première fois. Le capitaine Targe, chef de bataillon de la Légion des Francs fit passer ses hommes à la nage. Les Vendéens furent balayés laissant deux drapeaux et sept canons. Les cavaliers de Marigny semèrent la mort dans les rangs du corps vendéen de Monsieur de Couëtus, au combat de Saint-Jean-de-Corcoué (13 septembre).
Après la prise de Machecoul et renforcée par la Légion Nantaise du général Beysser, les bleus marchèrent sur Montaigu (16 septembre) cherchant à accrocher Charrette qui venait de s’esquiver. Les défenseurs paniquèrent et furent submergés par les cavaliers de Marigny. Montaigu fut prise, les Vendéens avaient perdu 600 hommes, pour ainsi dire massacrés. Kléber et Beysser marchèrent sur Clisson (17 septembre) ayant entendu dire que les bandes du Loroux, de Maisdon et de Vallet se dirigeraient de cette localité pour les attaquer. L’armée de Mayence commandée par Aubert-Dubayet se trouva réunie avec les forces de Canclaux dans cette localité. Ne voyant pas paraître les forces de l’armée des Côtes de la Rochelle de Rossignol (18 septembre), Canclaux rétrograda, Kléber fut chargé d’éclairer l’armée sur Torfou et Cholet afin de surveiller les rassemblements ennemis. En réalité, les autres colonnes républicaines avaient été sévèrement rossées par les Vendéens.
Kléber progressa toutefois vers Torfou, les chasseurs à cheval de Marigny et son infanterie légère en tête avec les flanqueurs de Chevardin de la Saône-et-Loire. Ils tombèrent en avant des hauteurs de Torfou sur les troupes vendéennes. Les chasseurs furent surpris par des tirs et ne purent progresser cloués par le feu des Vendéens. En deux colonnes les chasseurs de Cassel et la légion des Francs sous les ordres de Marigny, prirent la crête d’assaut. Ils étaient opposés aux bandes de Charrette, de Joly et de Savin qui reculèrent. L’avant-garde de Kléber forte de 2 000 hommes tomba en fait sur une armée vendéenne forte d’au moins 20 000 hommes, rangés en bataille et commandés également par d’Elbée et Lescure. Ils lancèrent la charge, deux bataillons de l’armée de Mayence plièrent sur la gauche, un bataillon de la droite déplacé sur cette position préféra la fuite, des cris éclatant « nous sommes coupés ! ».
La position étant devenue intenable, Kléber étant blessé légèrement à l’épaule, la retraite était inévitable. Elle s’effectua dans d’affreuses conditions et ils furent harcelés par d’innombrables combattants vendéens. Kléber abandonna sur le terrain six canons, deux obusiers et tous ses chariots. Les 2ème bataillons du Jura, 7ème et 8ème des Vosges avaient résisté jusqu’à la limite de leurs forces, le commandant Chevardin et ses chasseurs de la Saône-et-Loire se sacrifièrent au pont de Boussay pour laisser le temps aux unités en fuite de prendre le large. Kléber lui ordonna de tenir une heure pour sauver l’armée, ce qu’il fit mais il tomba durant le combat.
Après cette bataille, les forces de Canclaux étaient en grand danger, réduites à 12 000 hommes. Kléber forma l’arrière-garde, ils évacuèrent Clisson (22 septembre), accompagnés par un énorme convoi de 1 200 chariots remplis de provisions, de munitions et du fruit des pillages opérés dans la région. Environ 100 chariots étaient intercalés avec un bataillon, la cavalerie flanquant l’armée. Ils furent attaqués à La Galissonnière par une autre armée vendéenne, la division de Bonchamps qui normalement aurait dû être appuyée par les forces de Lescure, Charrette et d’Elbée. Elle s’attaqua à la tête du convoi et s’empara des ambulances des blessés de Torfou. Les paysans irrités par les incendies, les meurtres et le pillage exterminèrent tout ce qu’ils trouvèrent devant eux sans faire de quartier.
Les Vendéens furent toutefois repoussés par une charge de 25 dragons de l’Ille-et-Vilaine et par les chasseurs de la Mayenne. Deux autres fois, les bandes de Bonchamps revinrent à la charge et furet repoussées. Canclaux et l’armée de Mayence échappèrent à l’extermination et rallièrent le camp de Sorinières (23 septembre). L’armée de Mayence reprit son mouvement en avant (25 septembre). Elle reprit position à Clisson, puis à Montaigu (1er octobre), Kléber éclairant le chemin vers Saint-Fulgent.
Le capitaine Targe dit Jean-Bart forma l’avant-garde bleue avec la légion des Francs. Il se heurte aux Vendéens qu’il refoula près de Saint-Fulgent (6 octobre), mais il se trouva en présence d’une importante armée vendéenne. Cette bataille dénommée des Treize Septiers par Émile Gabory ; et de Saint-Symphorien par les auteurs plus anciens ; fut la revanche des Mayençais, qui dans un corps à corps affreux repoussèrent les Vendéens. Malgré ce dernier succès la Vendée n’avait pas été écrasée, Canclaux dénoncée comme noble fut destitué, Aubert-Dubayet également remplacé (par Kléber) et bon nombre d’officiers généraux des différentes armées furent limogés. Le bataillon servit ensuite à la bataille de Cholet (17 octobre), où son chef fut blessé3. Il servit ensuite durant toute la poursuite de l’armée vendéenne qui avait traversé la Loire lors de la Virée de Galerne (octobre-décembre).
1794-1797 :
Il continua de servir dans l’Ouest jusqu’à son amalgame tardif en seconde formation au début de l’année 1797.
Embrigadement/amalgame :
1ère formation :
Néant.
2e formation :
Il fut versé dans la 30e demi-brigade légère de seconde formation (4 janvier 1797)4.
État-major :
Chef de bataillon Gouy, blessé lors de la bataille de Torfou, le 19 septembre 1793.
Article de Laurent Brayard
1 Belhomme, Histoire de l’Infanterie en France.
2 Journal Militaire de 1793.
3 Émile Gabory, La Révolution et la Vendée.
4 Champeaux, État militaire de la République française en l’an douze, p. 158.