3e bataillon du Finistère

3ème bataillon du Finistère :

bataillon-de-volontaires-nationaux

Date de formation : selon Belhomme, il fut formé le 23 octobre 17911. Belhomme fait certainement une confusion avec le 1er bataillon du Finistère. Au départ, ce bataillon dit de Quimper, aurait dû prendre le numéro 1, mais le bataillon formé à Brest qui aurait dû prendre le numéro 3 prit le numéro 1. Ce bataillon ne fut formé que le 31 janvier 17922.

Formation :

Sa formation débuta à Quimper dès l’été 1791, mais elle fut longue et laborieuse. Très difficilement 320 volontaires furent rassemblés à Quimper (7 janvier 1792), et finalement formés en bataillon (31 janvier). Il fut passé en revue par un commissaire des guerres et les commissaires du département Kergariou et Pascal, ainsi que le maréchal de camp la Bourdonnaye (2 février).

Historique :

1792 :

Le bataillon partit de Quimper pour se rendre à Nantes (13 mai)3. Il resta un moment dans cette place pour s’équiper, se mit finalement en route (2 juin), passant par Hennebont (5 juin), Auray (6 juin), Vannes (7 juin), Muzillac (8 juin), La Roche-Bernard (9 juin) où cantonnèrent trois compagnies, six autres à Redon. Il fut embarqué à Paimboeuf (15-17 juillet), fort de 447 hommes pour rejoindre l’armée de Saint-Domingue4. Cependant des incidents, probablement une forte résistance des hommes pour ne pas rejoindre cette destination, éclatèrent et trois compagnies furent finalement débarquées à l’île de Ré et à Rochefort. Elles furent cependant de nouveau embarquées pour l’île de Saint-Domingue (1er septembre). Le bataillon fut débarqué à Port-de-Paix (17 septembre), envoyé dans l’instant en garnison au Cap Français, en compagnie du 1er bataillon de la Loire-Inférieure, du 1er bataillon du Morbihan et du 2e bataillon de la Charente. Ils furent rapidement décimés par les maladies et les fièvres.

1793 :

Il était toujours dans l’île en janvier5. Il ne put empêcher la prise du Cap Français par les rebelles noirs, qui mirent à sac et incendièrent la ville (19 et 20 juin). Très affaibli, il fut envoyé en garnison à Saint-Louis-du-Nord. Le lieutenant-colonel Granval et cinq officiers profitèrent d’une occasion pour rentrer en France avec un congé de convalescence d’un an (14 septembre) et abandonnèrent leurs hommes.

1794 :

Cinq officiers et sept volontaires demandèrent à rentrer en France pour y servir (février). Il fournit un état des lieux (1er septembre), indiquant qu’à son arrivée de France en septembre 1792, il comprenait 35 officiers et 512 hommes. La mort avait emporté 18 officiers et 376 soldats ou sous-officiers, 8 officiers et 52 hommes avaient été rapatriés en France, il ne restait alors plus sous les drapeaux que 9 officiers et 65 hommes (22 septembre).

1795-1796 :

Le détachement restant du 3e du Finistère continua son service dans l’île, commandé par le chef de bataillon Mougeot, signalé encore en 1795, puis le 1er septembre 1796. Probablement encore réduit par d’autres pertes, Jean Guerniou indique que son sort, ainsi que celui de son drapeau, ne sont pas connus6, il fut probablement engloutit quasiment jusqu’au dernier homme dans l’île. Cependant nous savons qu’il y eut quelques survivants comme en témoigne la biographie de Jean-Étienne Saint-Martin (rapatrié en 1799). Les officiers rentrés en France, à savoir Granval, Gremel, Du Buisson, Chanavat, Toutain et Laudin, en plus de sept volontaires, se trouvaient à Brest (15 février 1795), quand ils demandèrent à servir dans un autre corps. Il furent incorporés dans le bataillon provisoire des Côtes de Brest (22 octobre)7.

Embrigadement/amalgame :

Il ne fut pas amalgamé ni en première, ni en seconde formation car se trouvant aux colonies8.

État des cadres au moment de la formation (revue du 2 février 1792)9

État-major :

Lieutenant-colonel Jacques Kerguelen de Kerbiguet, de Quimper,

Lieutenant-colonel en second Joseph Granval, de Quimperlé,

Quartier-maître trésorier Augustin-Joseph Laudin, de Bains, 34 ans,

Adjudant-major Benoît Mougeot de Vitasseau,

Adjudant sous-officier Louis Motret, de Lorient dans le Morbihan,

Chirurgien-major François Tassy, de Quimper.

Compagnie de grenadiers : capitaine Gabriel Lucin, de Rouen en Seine-Inférieure, lieutenant Michel Du Loin, sous-lieutenant Gilles Beaumont, de Chales.

1ère compagnie : capitaine Hébert, de Morlaix, lieutenant Yves-Marie Toutain, de Brest, 22 ans, sous-lieutenant Perrot, de Brest.

2e compagnie : capitaine La Croix, de Morlaix, lieutenant Lerat, sous-lieutenant Jean-Étienne Saint-Martin, originaire de Cognac, en Charente.

3e compagnie : capitaine Louis Bouraiche, de Château-Thierry dans l’Aisne, lieutenant Jacques Renaudin, sous-lieutenant Blondeau.

4e compagnie : capitaine Michaud, lieutenant Rousselet, sous-lieutenant Julien Lalande.

5e compagnie : capitaine Louis-Marie Du Buisson, de Brest, 25 ans, lieutenant Pierre Chavanat, de Bezarides dans le Vaucluse, 29 ans, sous-lieutenant Jean Maisonneuve, de Paris.

6e compagnie : capitaine Louis Papillard, de Brest, lieutenant Rollant, sous-lieutenant Michel Ferret, de Brest.

7e compagnie : capitaine Gremel de Nancy, lieutenant Marmonier, sous-lieutenant Bouillet.

8e compagnie : capitaine Le Gros, lieutenant Blain, sous-lieutenant Le Née.

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État des cadres au moment de l’amalgame, 22 septembre 179410

État-major : chef de brigade Benoît Mougeot (adjudant-major dans le bataillon en 1791), chirurgien-major Fenouillet, quartier-maître trésorier, adjudant-major et adjudant sous-officier postes vacants.

Compagnie de grenadiers : capitaine vacant, lieutenant J. Deville, sous-lieutenant C. Toudy.

1ère compagnie : capitaine et lieutenance vacants, sous-lieutenant Chezelle.

2e compagnie : capitaine Louis Bouraiche (capitaine à la 2e compagnie en 1791), lieutenant Lapert, sous-lieutenance vacante.

3e compagnie : capitaine Gilles Beaumont (sous-lieutenant à la compagnie de grenadiers en 1791), lieutenance vacante, sous-lieutenant J. Darolle.

4e compagnie : capitaine et lieutenance vacants, sous-lieutenant Pelletier.

5e compagnie : capitaine vacant, lieutenant Martin, sous-lieutenance vacante.

6e compagnie : capitaine Jean-Étienne Saint-Martin (sous-lieutenant à la 2e compagnie en 1791), lieutenance vacante, sous-lieutenant V. Debray.

7e compagnie : capitaine Giraud, lieutenant Juvin, sous-lieutenance vacante.

8e compagnie : capitaine J. Renaudin, lieutenance et sous-lieutenance vacantes.

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Portraits :

Du Buisson, originaire de Brest, capitaine commandant la 5e compagnie du 3e bataillon du Finistère (31 janvier 1792).

Hébert, originaire de Morlaix, capitaine commandant la 1ère compagnie du 3e bataillon du Finistère (31 janvier 1792).

Kerguelen de Kerbiguet, originaire de Quimper, lieutenant-colonel du bataillon à sa formation (31 janvier 1792). Il mourut dans l’île de Saint-Domingue avant la fin de l’année 1793.

La Croix, originaire de Morlaix, capitaine commandant la 2e compagnie du 3e bataillon du Finistère (31 janvier 1792).

Mougeot, chef de bataillon commandant les restes pitoyables du 3e bataillon du Finistère en 1795, soit moins de 75 hommes.

Papillart, originaire de Brest, capitaine commandant la 6e compagnie du 3e bataillon du Finistère (31 janvier 1792).

Jean-Étienne Saint-Martin, né le 26 janvier 1762 à Cognac, fils de Jean et de Jeanne Coulon, ayant pour parrain Jean Bourguignon et pour Marraine Catherine Barraud en présence de René Imbaud, de l’huissier Louis Dorel et des sieurs Louis Rolland et Pierre Heraud. Il s’enrôla au 31e régiment ci-devant du Perche, puis à bord du vaisseau le Héros (1779-1781), pendant la campagne de l’indépendance de l’Amérique, promu au grade de sergent (1786), ayant obtenu un congé absolu (décembre 1791). S’enrôla au 3e bataillon du Finistère (16 janvier 1792), élu capitaine (11 décembre), il servit à l’île de Saint-Domingue aux côtés du 2e bataillon de la Charente (1792-1797). Il fut blessé d’un coup de feu à la jambe droite (3 novembre 1793), à la prise du fort de Jean-Rabelle d’un coup de biscaïen à la cuisse, il servit à la prise du Borgne (1794), encore blessé au siège de Saint-Marc contre les Anglais. Durant le siège, il avait provoqué en duel le chef des Anglais et pris 42 hommes et deux pièces d’artillerie. Nommé chef de bataillon (1797) et rentra en France (1799). Nommé chef de bataillon du 1er bataillon auxiliaire de la Charente, passant dans la 1ère demi-brigade de ligne. Il servit durant les campagnes du Rhin et d’Italie (1800). Major au 20e de ligne (novembre 1803), décoré de la Légion d’honneur (1804), il rejoignit son régiment à l’île d’Elbe, et fit les campagnes à l’Armée d’Italie et de Naples (1806-1808). Nommé colonel au 1er régiment de ligne (30 avril 1807). Il fit les campagnes d’Allemagne et d’Italie (1809), participant à la bataille de Sacile (16 avril), sous les ordres du Prince Eugène. Il fut blessé de trois coups de sabre à la tête, au bras et à la main droite en se jetant dans la mêlée. Il reçut le titre de baron, retourna à Naples (1810) et passa à l’Armée d’Espagne (1811). Le 28 novembre, à la tête de 1 000 hommes, il fut attaqué au village de Saint-Ybanez, aux débouchés des montagnes de Miranda de Castanas, par 2 000 fantassins, 1 500 cavaliers et deux canons sous les ordres du chef de guérilla Carlos et de Julian surnommé Platow. Il forma ses hommes en carré, plaçant au centre le convoi d’argent qu’il escortait et lutta sept heures durant, sans se faire entamer et réussissant sa marche. Cet exploit lui valut d’être cité à l’ordre du jour de l’Armée d’Espagne. Officier de la Légion d’honneur (janvier 1812), il resta en Espagne jusqu’en 1814. La Restauration le nomma chevalier de Saint-Louis et général de brigade. Assiégé en 1815, lors des Cent Jours, dans la place de Valenciennes, il refusa de se rendre aux alliés et seulement au Roi : « je mourrai en la défendant ». Louis XVIII qui ne manquait pas d’esprit, le félicita plus tard pour sa résistance et lui adressa cet éloge : « si tous les généraux s’étaient conduits comme vous, je ne serais pas aujourd’hui Roi de France ». Il fut admis à la retraite (18 octobre 1815), et mourut à Cognac le 21 août 1828.

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1 Belhomme, Histoire de l’Infanterie en France, tomes 4 et 5.

2 Jean Guerniou, Historique des bataillons de volontaires des côtes du Nord et du Finistère pendant la Révolution, 1791-1798, p. 17.

3 Journal Militaire de 1792.

4 Jean Guerniou, Historique des bataillons de volontaires des côtes du Nord et du Finistère pendant la Révolution, 1791-1798, p. 17.

5 Journal Militaire de 1793.

6 Jean Guerniou, Historique des bataillons de volontaires des côtes du Nord et du Finistère pendant la Révolution, 1791-1798, p. 17.

7 Commandant Dumont, Les bataillons de volontaires de 1791, page 107.

8 Champeaux, État militaire de la République française en l’an douze, 4e partie, p. 153.

9 Commandant Dumont, Les bataillons de volontaires de 1791, page 106.

10 Commandant Dumont, Les bataillons de volontaires de 1791, page 107.