2e bataillon de réquisition de Cognac, dit le Montagnard

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2e bataillon de réquisition du district de Cognac dit le Montagnard :

Date de formation : il fut formé en septembre 1793, chef de bataillon Duffaud.

Formation :

Le district de Cognac fournit 1 594 hommes, le canton de Cognac 266, Châteauneuf 223, Jarnac 249, Lignères 116, Rouillac 272, Salles 161, Segonzac 307. Le canton de Cognac définit le 2 octobre comme jour de départ pour les réquisitionnaires, ceux de Jarnac et Châteauneuf le 4 octobre. Seuls 1 432 hommes de levée se rendirent à Niort du fait des réfractaires ou désertions et autres excuses pour tenter d’éviter le service. Mais l’incorporation ne se fit que pour 1 254 hommes pour les deux bataillons à Niort. Les hommes venaient de : 217 de Cognac, 173 de Châteauneuf, 196 de Jarnac, 82 de Lignères, 197 de Rouillac, 127 de Salles, 262 de Segonzac.

Historique :

Les deux bataillons de réquisitions de Cognac subirent une désertion galopante, ils étaient stationnés à Coulonges et à Champdeniers. Leur conseil d’administration envoya au département pour rassembler les déserteurs et les renvoyer aux bataillons, le capitaine de la 6e compagnie, Jean Tabuteau et le quartier-maître trésorier Jean Moëquet. Les hommes des bataillons étaient de toute façon sans vêtements, sans armes et sans chaussures. Le Conseil d’administration écrivit : « Nos volontaires étaient rendus à leur destination longtemps avant que les districts voisins n’eussent formé les leurs, partis avec tant de hâte qu’ils n’ont pas eu le temps de se pourvoir de hardes ni de souliers »1. Les deux bataillons du district de Cognac furentt dirigés à la fin du mois d’avril 1794 vers Angoulême pour être envoyés aux armées, fort chacun de 4 à 500 hommes. Au début de mai, pour ne pas encombrer les routes, Prieur ordonna que le 1er bataillon stationne à Verteuil en attendant son départ, et le 2e à Ruffec. La ville d’Angoulême ne pouvait supporter la résidence de si nombreuses troupes, car il y avait disette et manque de vivres dans les dépôts et les réserves du chef-lieu.

Le 2e bataillon de Cognac fut effectivement mis en route de Ruffec (27 avril). Il traversa la Vienne, le Cher, la Nièvre, l’Yonne, la Côte d’Or, le Jura, le Doubs pour arriver dans le Haut-Rhin à Colmar. Ayant séjourné un jour à Poitiers, un autre à Chauvigny dans la Vienne, il passa par les villes de Saint-Savin dans la Vienne, du Blanc, d’Argenton de Châteauroux et d’Issoudun dans l’Indre, de Bourges et Beaujais dans le Cher, de la Charité, Varzy et d’Amaiz dans la Nièvre, de Tonnerre et Avallon dans l’Yonne, de Semur, Avirost, Sombernon, Pont-de-Panis, Dijon et Auxonne dans la Côte d’Or, de Pannier et Vitieu dans le Jura, Besançon dans le Doubs, Belfort et Arnay dans le Haut-Rhin, avant d’atteindre le quartier-général de Colmar. Les cinq bataillons de la Charente envoyés en renfort arrivèrent entre le 20 et le 25 mai 1794.

Le chef de bataillon Duffaud écrivit le 3 juin 1794 à Prieur :

« Je ne puis que te faire mille louanges du brave bataillon que je commande, et persuadé qu’il voulait finir sa route ainsi, j’attendais d’être arrivé à destination pour te faire part d’une conduite aussi digne d’exemple. Oui je puis te dire sans amour propre que nous avons reçu que mille louanges partout où nous sommes passés. On m’arrêtait dans les rues pour me demander si j’étais aussi de la Charente… Aussi dans mon enthousiasme étant au milieu de mes frères d’armes, je leur disais en m’écriant : Oui, les nouveaux bataillons de la Charente qui ne peuvent jamais être flétris par cette épithète de réquisition sont f…, avec Prieur à leur tête, de faire le tour du globe et de porter la liberté à tous les peuples »2.

A son arrivée le bataillon avait un effectif de 520 hommes. Le bataillon se trouvait à Hoenen près de Strasbourg le 3 juin 1794.

Amalgame :

Il fut réuni au 14e bataillon des Vosges comme l’indique le chef de bataillon Duffaud, qui se retrouva à la 165e demi-brigade de bataille. Duffaud fut ensuite signalé lieutenant dans cette unité au 3e bataillon. Il écrivit de Breglio sans doute à l’Armée d’Italie :

« Ayant eu l’honneur de le commander, ayant été chargé par tous mes frères d’armes de vous faire passer ce drapeau, j’ai été fâché de voir qu’on m’a ravi le plaisir de l’envoyer moi-même. Ce qui m’engage à vous écrire, c’est que je serais bien plus fâché encore si, comme on le dit, le chef du 14e bataillon des Vosges en eût doublé les cotillons de sa femme, ce qui ne doit pas être le sort d’un drapeau sous lequel de braves républicains ont fait la guerre »3.

Il semble que le bataillon fut incorporé en premier amalgame dans la 14e demi-brigade légère de première formation qui se trouvait à Oppenheim, à l’Armée du Rhin en fructidor an III.

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Article de Laurent Brayard

1 P. Boissonnade, Histoire des volontaires de la Charente pendant la Révolution, 1791-1794, Angoulême 1890, p. 250.

2 P. Boissonnade, Histoire des volontaires de la Charente pendant la Révolution, 1791-1794, Angoulême 1890, p. 282.

3 P. Boissonnade, Histoire des volontaires de la Charente pendant la Révolution, 1791-1794, Angoulême 1890, p. 292.