1er bataillon des Côtes-du-Nord

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1er bataillon des Côtes du Nord :

Ouvrage de référence : Jean Guerniou, Historique des bataillons de volontaires des côtes du Nord et du Finistère pendant la Révolution, 1791-1798, dans Les cahiers de Tregor, numéro 25, 4e trimestre 1988, bulletin du club d’archéologie et d’histoire de Begard.

Date de formation : il fut formé selon Belhomme, le 18 septembre 17911. Le commandant Dumont confirme la date2.

Formation :

Il fut formé de 531 volontaires de différents districts du département, qui furent rassemblés à Saint-Brieuc, le 18 septembre 1791. Ils furent formés en compagnie et organisés en bataillon dans l’instant. Il fut passé en revue le 23, par le lieutenant-général Toustain, assisté du commissaire des guerres Tuffin et de Messieurs Corvoisier et Bouttier, commissaires du directoire du département. L’effectif comprenait 30 officiers, 521 sous-officiers et volontaires, avec un manque au complet de 21 hommes et tout de même 56 fusils3. La compagnie de grenadiers avait été formé à Saint-Brieuc lors du rassemblement du bataillon, en choisissant huit hommes par compagnie parmi les « plus beaux ».

Historique :

1791 :

Il reçut l’ordre le 4 octobre, de partir pour Lamballe le 8 octobre, il y arriva partiellement armé de 475 fusils, mais quasiment sans équipement, ne possédant que 70 habits. Il resta dans cette ville durant tout l’hiver, pour compléter les fournitures, et armes manquantes et s’entraîner.

1792 :

Il fut affecté à l’armée du Nord (22 avril), Il se mit en route le 1er mai, passant par Dinan, Dol, Pontorson, Avranches, Viré, Caen, Lisieux, Rouen, Amiens et Doullens, atteignant Arras (26 mai), puis Gravelines où il resta en garnison pendant trois mois (à partir du 11 juin)4. Cependant le Journal militaire de 1792, donne une version différente indiquant qu’il partit de Saint-Brieuc le 25 mai et arriva à Cambrai le 18 juin5. Jean Guerniou cite une lettre hélas non retranscrite du volontaire Le Cocq et de son ami Joseph Coati, adressée au directoire du district de Lannion, et envoyée de Graveline (11 juin) :

« il y signale que son bataillon va participer à l’attaque d’Ostende et qu’un colonel et un capitaine d’un régiment de dragons voisins sont passés à l’ennemi avec la caisse et le drapeau du régiment croyant entraîner avec eux le régiment en entier, mais ils se sont trompés et les soldats sont restés tranquilles se contentant seulement de gémir sur la perte de leur masse »6.

Il fut effectivement affecté à l’armée du Nord du maréchal Luckner7. Il reçut le baptême du feu à la bataille perdue de Fontenoy (3 et 4 août), puis combattit au camp de Maulde (31 août). Il se trouvait en garnison dans la place de Condé, lorsqu’il se constitua une compagnie de canonniers (capitaine Toppin et lieutenant Baron). Il cantonnait au camp de Maulde (octobre), lorsque le général O’Moran lança une attaque sur Bon-Secours et échoua devant Blaton. Un contingent de 300 hommes du bataillon participa à ce combat. Le 24 octobre, il faisait partie de la division de droite commandée par le duc de Chartres, 5e brigade d’infanterie (armée d’invasion de la Belgique de Dumouriez)8. Il combattit à la bataille de Jemappes (6 novembre), s’illustrant à la prise des villages de Quaregnon et de Jemappes. Son effectif était alors de 578 hommes. Le 14 novembre, il faisait toujours partie des troupes de l’armée de Belgique du général Dumouriez, corps de bataille, colonne du général Ferrand (5ème brigade), et entra dans Bruxelles, puis dans Louvain (20 novembre). Il prit ses quartiers d’hiver dans cette ville.

1793 :

Il se trouvait à Louvain en Belgique (janvier)9, puis fut détaché au siège de Venloo (17 février). Le 1er mars, le bataillon faisait toujours partie de l’Armée du Nord sous le commandement du général Miranda, division de gauche des généraux Champmorin et Chanal. Il ne comptait plus qu’un effectif de 384 hommes, de nombreux hommes ayant choisi de rentrer chez eux. Lors de leur engagement, les hommes avaient accepté de servir pendant une campagne, celle-ci achevée, ils purent rentrer chez eux, malgré les pressions qu’ils subirent. Ils firent retraite après les défaites françaises, évacuant la Belgique et furent envoyés en garnison à Douai (26 avril). Il y fut renforcé de 390 réquisitionnaires de la levée des 300 000 hommes, originaires des villes de Montfort (Maine-et-Loire), Pontoise (Seine-et-Oise), Alençon (Orne), Argentan (Orne) et Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir)10. Il fournit une compagnie au 3e bataillon de la Formation d’Orléans (12 mai), l’armée du Nord ayant été tenue d’envoyer une compagnie de volontaires ou d’hommes désignés, destinée à former des bataillons (formation d’Orléans), de renforts pour la Vendée, la situation s’étant grandement dégradée face aux insurgés royalistes (capitaine Le Saux, lieutenant Rioche, sous-lieutenant Le Roux)11. Il fut passé en revue, par le chef de brigade Dampierre, comprenant un effectif de 633 hommes sous les drapeaux (à Douai, le 16 mai). Il campa ensuite au camp de la Madeleine vers Lille (15 juillet), puis bivouaqua sur La Lys (août). Il fut durement étrillé à la bataille de Marchiennes (30 octobre), laissant un total de 17 officiers et 343 hommes sur le terrain, faits prisonniers. Il se replia à Douai, pour être recomplété et se refaire, il prit ensuite ses quartiers d’hiver.

1794 :

Il fut de nouveau passé en revue à Douai (9 janvier), par le commissaire des guerres Grand, qui le réorganisa complètement en lui adjoignant un total de 704 réquisitionnaires de la levée en masse, originaires de Chartres (Eure-et-Loir)12. Il entra en campagne, servant toujours dans l’Armée du Nord (mars), campant à l’Écluse (30 mars), puis du camp d’Arleux. Il servait dans la brigade du général Osten, à Péronne (juin), éprouvant des pertes aux combats de Sainghin et de Templeuve (26 juin). Il passa à l’Armée de Sambre et Meuse, division du général Favereau, bivouaqua devant la place du Quesnoy, comptant un effectif de 725 hommes. Il servit au siège de cette ville (16 août), puis à la reddition de Valenciennes (27 août), et à la reprise de Condé (29 août).

1795 :

Les prisonniers du bataillon furent échangés et rentrèrent dans l’unité (fin septembre), la grande quantité de cadres à replacer dans les grades causant des rivalités, remous et problèmes sans fin.

Embrigadement/amalgame :

1ère formation :

La demi-brigade des Côtes du Nord fut formée selon Belhomme, le 20 décembre 1795, à Valenciennes. Le commandant Dumont indique la date du 21 décembre13. Cependant Guerniou indique que cet amalgame se déroula le 21 septembre 179514. Elle se composait du 1er bataillon des Côtes du Nord, du 9ème de la Meurthe et du 6ème des Fédérés.

2e formation :

Elle fut versée en seconde formation dans la 60e demi-brigade de ligne, le 21 mars 179615.

État des cadres à la formation du bataillon revue du 23 septembre 179116 :

État-major : lieutenant-colonel en premier Maurice-Gervais-Joachim Gelin, marquis de Tremargat, originaire de Tremargat, 51 ans, lieutenant-colonel en second Jean-Gabriel Brunot, de Guigamp, 30 ans, quartier-maître trésorier Jacques-Julien Besnier, de Juvigny dans la Manche, 29 ans, adjudant-major Jean Négrier, de Guigamp, 54 ans, adjudant sous-officier Henry Besnard, de Paris, 31 ans, chirurgien-major Claude Ferrari, de Moncontour, 41 ans.

Compagnie de grenadiers : capitaine François-Guillaume-Joseph Soullain, originaire de Lamballe, 28 ans, lieutenant Pierre-Jean Lecocq, originaire de Lannion, 20 ans, sous-lieutenant Jean-François Corlaix, de Saint-Brandan, 26 ans.

1ère compagnie de Guingamp : Claude-Casimir Le Bihan, de Guingamp, 25 ans, lieutenant Alexandre Rousseau, de Questembert en Morbihan, 29 ans, sous-lieutenant Guillaume-Marie Renault, de Guigamp, 22 ans.

2e compagnie de Broons : capitaine Gabriel-Jean Duval, de Plumaugat, 23 ans, lieutenant Mathurin Rioche, de Saint-Jouan-de-l’Isle, 27 ans, sous-lieutenant Jean-Baptiste Barbier, de Caulnes, 25 ans.

3e compagnie de Saint-Brieuc : capitaine Mathurin-Sébastien Leuduger de Fortmorel, de Saint-Brieuc, 29 ans, lieutenant Benoist Tarpin, de Bourg dans l’Ain, 43 ans, sous-lieutenant Jean-Marie Poulain de Corbion, de Saint-Brieuc, 24 ans.

4e compagnie de Lannion : capitaine Joseph-René Le Coat, de Lannion, 24 ans, lieutenant Louis-Philippe Le Cocq, de Lannion, 25 ans, sous-lieutenant Yves-Marie Le Goaziou, de Lannion, 22 ans.

5e compagnie de Lamballe : capitaine Claude-François Meheust, originaire de Lamballe, 25 ans, lieutenant François Haudrère, de Lamballe, 30 ans, sous-lieutenant Henry Bellanger, de Lamballe, 17 ans.

6e compagnie de Pontrieux : capitaine François Le Saux, de Pléhédel, 22 ans, lieutenant Charles Lenay, de Pontrieux, 19 ans, sous-lieutenant Louis-Vincent Corbin, de Lanvollon, 22 ans.

7e compagnie de Loudéac : capitaine François-Marie Chapelain, de Saint-Caradec, 24 ans, lieutenant François-Charles Pelaud, de La Gacilly en Morbihan, 23 ans, sous-lieutenant Urbain-François Milloué, de Loudéac, 22 ans.

8e compagnie de Dinan : capitaine Thomas-Charles Percevault, de Dinan, 26 ans, lieutenant Claude-Louis Lecerf, d’Orbais dans la Marne, 27 ans, sous-lieutenant Julien de Launay, de Dinan, 26 ans.

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État des cadres au moment de l’amalgame, 21 décembre 179517 :

État-major : chef de bataillon J. G. Brunot (en second en 1791), chef de bataillon en second H. Besnard (adjudant sous-officier en 1791), quartier-maître trésorier P. Merite, adjudant-major F. C. Pelaud, chirurgien-major J. Jaunay, adjudant sous-lieutenant J. Delalande.

Compagnie de grenadiers, capitaine F. Haudrère, lieutenant Pierre-Jean Le Cocq (déjà à ce grade en 1791), sous-lieutenant F. Labat.

1ère compagnie : capitaine Claude-Casimir Le Bihan (déjà à ce poste en 1791), sous-lieutenant Guillaume-Marie Renault (déjà à ce poste en 1791).

2e compagnie : capitaine Gabriel-Jean Duval (déjà à ce poste en 1791), lieutenant Jean-Baptiste Barbier (sous-lieutenant en 1791).

3e compagnie : capitaine Benoist Tarpin, (lieutenant en 1791), lieutenant S. Weller.

4e compagnie : capitaine Louis-Philippe Le Cocq (lieutenant en 1791), lieutenant Yves-Maris Le Goaziou (sous-lieutenant en 1791), sous-lieutenant G. Leborgne.

5e compagnie : capitaine Claude-François Meheust (déjà à ce poste en 1791).

6e compagnie : capitaine A. Rousseau, lieutenant Louis-Vincent Corbin (sous-lieutenant en 1791), sous-lieutenant R. Lecomte.

7e compagnie : capitaine François-Marie Chapelain (déjà à ce poste en 1791), lieutenant P. J. Faisnel.

8e compagnie : capitaine Thomas-Charles Percevault (déjà à ce poste en 1791), lieutenant U. F. Milloué.

Canonniers : capitaine P. E. Toppin, sous-lieutenant E. Chauvel.

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Portrait :

Maurice-Gervais-Joachim Gelin, marquis de Tremargat, né vers 1740, originaire de Tremargat, il s’enrôla au 1er bataillon des Côtes du Nord, et fut élu lieutenant-colonel du bataillon (septembre 1791), poste dans lequel il se trouvait toujours au 24 octobre 1792.

Article de Laurent Brayard

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1 Belhomme, Histoire de l’Infanterie en France, tomes 3 et 4.

2 Commandant Dumont, Les bataillons de volontaires nationaux, 1791, p. 79.

3 Jean Guerniou, Historique des bataillons de volontaires des côtes du Nord et du Finistère pendant la Révolution, 1791-1798, p. 7.

4 Jean Guerniou, Historique des bataillons de volontaires des côtes du Nord et du Finistère pendant la Révolution, 1791-1798, p. 8.

5 Journal Militaire de 1792, p. 416.

6 Jean Guerniou, Historique des bataillons de volontaires des côtes du Nord et du Finistère pendant la Révolution, 1791-1798, p. 8.

7 Journal Militaire de 1792.

8 Eugène Cruyplants, La Belgique sous la domination française (1792-1815), 1912, p. 304.

9 Journal Militaire de 1793.

10 Commandant Dumont, Les bataillons de volontaires nationaux, 1791, p. 79.

11 Commandant Dumont, Les bataillons de volontaires nationaux, 1791, p. 79.

12 Commandant Dumont, Les bataillons de volontaires nationaux, 1791, p. 79.

13 Commandant Dumont, Les bataillons de volontaires nationaux, 1791, p. 79.

14 Jean Guerniou, Historique des bataillons de volontaires des côtes du Nord et du Finistère pendant la Révolution, 1791-1798, p. 9.

15 Champeaux, État militaire de la République française en l’an douze, p. 152.

16 Commandant Dumont, Les bataillons de volontaires nationaux, 1791, p. 78.

17 Commandant Dumont, Les bataillons de volontaires nationaux, 1791, p. 79.