21e bataillon de la Charente ou le Vengeur

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21e bataillon de la Charente ou le Vengeur :

Date de formation : mars-juillet 1793

Formation:

Selon Boissonnade, le 21e bataillon de la Charente était sans doute le bataillon le Vengeur, il fut formé avec des réquisitionnaires du district de Cognac.

Il comprenait neufs compagnies et était commandé par le chef de bataillon Beneteau. Parmi les capitaines se trouvaient Alain, Marvaud, Baux, Ducloux, Villeneuve, Philippe Dupuy de Jarnac.

Historique :

1793 :

Le 12 juin, les Charentais s’illustrèrent à l’armée des Sables-d’Olonne dans la division Chalbos à l’attaque du château d’Hermenaud. Une force de 740 hommes partie réoccuper Pouillé et Maillé, attaqua sur sa route le château et le village d’Hermenaud défendus par 4 000 Vendéens. L’artillerie républicaine eut un rôle décisif dans le combat, les artilleurs de la Charente selon Sandoz « ont dirigé un feu le plus vif avec beaucoup d’intelligence », trois fois l’ennemi fut rompu et s’enfuya dans les bois abandonnant ses convois1.

Au moment de l’attaque de Nantes, le général Royrand tenta une diversion (28 juin) en attaquant dans la plaine de Luçon :

« le général Sandoz dans ce combat joue un rôle peu honorable : au moment où, après une vive canonnade, la bataille s’engage, il croit voir les Vendéens chercher à l’envelopper par ces deux ailes, Benaz et Dumon reçoivent l’ordre de reculer, mais le centre abandonné à lui-même sur le lieu du combat enfonce les Vendéens, le bataillon le Vengeur et son brave commandant Lecomte font des prodiges de valeur, défont l’ennemi, lui tuent 300 hommes et lui en prennent 120, le chef de la Légion de Marans, Carnier, et le brave Lecomte dénoncent au général en chef Biron la conduite de Sandoz. Biron envoie pour le remplacer le général Tunck à Luçon avec ces mots empreints d’une insultante ironie : « je voue envoie Tunck pour commander l’attaque, car vous savez assez commander la retraite »2.

Le 17 juillet, le bataillon se trouvait à l’armée des Sables-d’Olonne à Luçon. Cette division sous le commandement de Tunck était forte de 2 000 hommes. Elle livra une bataille contre une force de 5 à 6 000 insurgés au Pont-Charron (25 juillet) :

« il avait avec lui 450 hommes du bataillon le Vengeur de la Charente, les 6e et 3e bataillons de la Charente inférieure, et le 4e escadron de gendarmerie. Les redoutes vendéennes sont attaquées à la baïonnette. L’intrépide Lecomte chef du bataillon le Vengeur, dit Tunck dans son rapport se précipite le premier dans le fossé, il est suivi et bien secondé par les capitaines Champlorier et Villeneuve, deux Charentais, du bataillon, toutes ces braves troupes grimpent au sommet des retranchements, 500 insurgés sont tués, et trois pièces de canon prises, mais Lescure et d’Elbée accourent au secours des Vendéens de la côte, Tunck doit se replier sur Luçon. Le 30 juillet un second combat se livre aux portes de Luçon, auprès du château de Bessay, les volontaires charentais s’y couvrent de gloire, le bataillon le Vengeur occupe la droite de l’Armée républicaine, qui compte seulement 1 500 hommes et la gendarmerie de la Charente la gauche. Ces soldats d’élite se conduisent en héros, 2 000 brigands ont mordu la poussière, on a pris trois canons et 1 500 républicains ont fait les frais de cette belle journée contre 20 000 ennemis »3.

Une troisième bataille de Luçon eut lieu dans une nouvelle tentative vendéenne de la Grande Armée Catholique Royale avec les bandes de Charette (14 août) :

« Tunck avait avec lui les volontaires de la Charente, le 4e escadron de gendarmerie, le 3e bataillon de la Charente-inférieure et une bonne artillerie légère. Il remporte une victoire complète, l’ennemi perd 17 canons, 7 000 hommes, les républicains arrivent aux portes de Saint-Hermant ».

Par la suite Tunck ayant été destitué, le commandement de la division fut confié à Lecomte alors aux commandes du bataillon le Vengeur.

« Lecomte avait 8 000 hommes sous ses ordres, il est cerné par les troupes de la Rochejaquelein, d’Elbée et Lescure au carrefour des Herbiers. Pour débusquer les Vendéens des hauteurs, le 7e bataillon et le 10e bataillon de la formation d’Orléans et le bataillon le Vengeur, qui voit tomber au premier rang son chef, le général Lecomte, quatre compagnies sont détruites et meurent au cri de Vive la République le 4 septembre 1793. Ce bataillon annonce le commissaire charentais Moutaxier est celui qui a le plus souffert, il a tenu presque seul, et a mis trois fois l’ennemi en déroute, entouré de toutes parts, il s’est fait jour à droite et à gauche sur les routes de Luçon et des Sables. Parmi les héros de la journée avaient figuré Dupuy de Cognac, Dumas-Champvallier fils du président du Directoire de la Charente […] les débris de l’armée de Luçon il n’y avait plus que 2 500 hommes, désespérés, s’étaient réfugiés à la Roche-sur-Yon et d’autres à Marans […] le brave bataillon le Vengeur qui se battait avec tant d’héroïsme à Chantonnay le 4 septembre était dans la plus affreuse misère, il marchait pieds nus et n’avait pas d’ambulances, c’est le directoire de la Charente qui était obligé de lui fournir 400 paires de chaussures et une voiture d’ambulance, les volontaires avaient peine à vivre, la viande et les légumes avaient atteint un prix exorbitant et les maladies décimaient les hommes déjà minés par les fatigues et les privations »4.

Avec l’arrivée des Mayençais (août/septembre), les généraux tentèrent une nouvelle attaque qui fut partout un échec, la division Mieskowski et les débris de celle de Luçon (6 000 hommes) livrèrent bataille à Saint-Fulgent, ils furent attaqués à la tombée de la nuit par Charette et Joly, dans le bourg, alors qu’une bataille acharnée s’engageait :

« un bataillon de la Marne, surnommé l’invincible meurt tout entier sous le fer des royalistes, tandis que les deux partis, seulement éclairés par le feu des décharges prenaient des cartouches aux mêmes caissons, le bataillon le Vengeur commandé par Marvaud d’Angoulême, remplace l’invincible et subit le même sort, il ne cède décimé, qu’après huit heures de combat, le nouveau commandant de bataillon Villeneuve, au camp du Lion d’Angers raconte le lendemain au directoire de la Charente la triste nouvelle : « le bataillon a eu beaucoup de blessés, la fatigue des soldats qui restent sous les drapeaux nécessite le prompt retour de ceux qui l’ont abandonné, et je demande de faire partir tous les volontaires qui ont déserté et de les renvoyer à l’armée, ces lâches ont exposé leurs camarades au massacre et compromis la chose publique d’une manière indigne »5.

1794 :

Le bataillon le Vengeur était encore en Vendée en mars. Il avait obtenu par l’intermédiaire du commissaire charentais Prieur, le droit auprès du ministre de la Guerre de conserver l’avantage de son nom à cause de la gloire et réputation qu’il s’était acquise en Vendée.

Il avait été renvoyé en Charente, réorganisé et complété avec des réquisitionnaires de la levée en masse d’août 1793, et un temps caserné à Cognac, avant d’être renvoyé en Vendée. En juillet, il recevait d’Alexandre Roger, chef provisoire de la 5e division de l’Armée de l’Ouest, un ordre de départ le 10 du mois. Le bataillon avant sa réorganisation ne comptait plus qu’une centaine de survivants du printemps et de l’été de la fournaise vendéenne. Il fut complété avec 995 hommes sous les drapeaux et commandé par le chef de bataillon Beneteau avec neuf compagnies commandées par les capitaines, Baux, Dupuy, Alain, Marvaud, Champlorier.

Par la suite sa destinée n’est pas connue, il aurait peut-être été envoyé à l’Armée des Pyrénées-occidentales ou à l’Armée de Rhin-et-Moselle.

sehri

Article de Laurent Brayard

1 P. Boissonnade, Histoire des volontaires de la Charente pendant la Révolution, 1791-1794, Angoulême 1890, p. 211.

2 P. Boissonnade, Histoire des volontaires de la Charente pendant la Révolution, 1791-1794, Angoulême 1890, p. 212.

3 P. Boissonnade, Histoire des volontaires de la Charente pendant la Révolution, 1791-1794, Angoulême 1890, p. 218.

4 P. Boissonnade, Histoire des volontaires de la Charente pendant la Révolution, 1791-1794, Angoulême 1890, p. 220.

5 P. Boissonnade, Histoire des volontaires de la Charente pendant la Révolution, 1791-1794, Angoulême 1890, p. 222.