1er bataillon auxiliaire du Mont-Blanc

Date de formation : après le mois d’août 1799.

campagne de 1799 2

Formation :

Il fut formé par ordre du général Championnet, à partir des gardes nationaux licenciés dans les différents bataillons de la Tarentaise, de Saint-Maurice et de Sainte-Foy. Louis-Marie Pillet fut nommé chef de bataillon à sa formation.

Historique :

1799 :

Il fut envoyé selon Belhomme à la garde au Mont-Cenis. Folliet cite Albanis Beaumont :

« je me suis trouvé moi-même témoin de l’enthousiasme et du dévouement vraiment héroïque de ces braves et courageux citoyens, presque tous pères de famille, car les jeunes gens étaient déjà pour la plupart dans les rangs des armées françaises et en présence de l’ennemi.J’ai vu plusieurs de ces détachements de gardes nationales s’acheminer gaiement vers les Alpes, faisant retentir leurs chants patriotiques et leurs hymnes à la liberté »1.

La position du Mont Cenis avait été confiée au commandement de Charles-Joseph Caffe (septembre 1799).

1800 :

Caffe se plaignit bientôt au général Turreau de l’état de misère où ses troupes avaient été laissées :

« Les magasins du Mont Cenis, sont dépourvus de tout, aucun approvisionnement ordinaire de campagne, les distributions journalières sont sans cesse interrompues, point de couvertures, trente quintaux de biscuit, environ 86 pintes d’eau de vie, et 4 cordes de bois, c’est tout ce qui existe dans le Mont Cenis, voilà en abrégé le tableau effrayant de notre position dans un pays ou tout manque, dans une saison rigoureuse où un hiver de neuf mois double tous les besoins, ajoutez à cela une garnison qui n’est plus que de 150 hommes, y compris 45 canonniers, sur un point où les postes sont très multipliés, où la fonte des neiges nécessite d’en établir chaque jour de nouveaux en présence d’un ennemi bien supérieur en nombre et très instruit de la faiblesse de nos ressources, j’ai suppléé à cette pénurie par tous les moyens que dicte l’amour de la patrie et de ses devoirs au soldat, mais ces moyens deviennent enfin inutiles devant une troupe mal habillée, la plupart sans souliers et sans solde depuis huit mois »2.

L’officier savoyard qui commandait le fort du Mont-Cenis, se fit surprendre nuitamment, sans coup férir, par un coup de main autrichien (avril). Le général de brigade Valette rend compte, je reproduis ici intégralement les travaux de Frédéric Pradal sur l’officier Caffe3 :

« Je ne puis accuser de la prise du Mont-Cenis les troupes que je commandais, puisque, ayant été retirées des postes et se trouvant dispersées dans des maisons isolées, elles se disposaient à partir au moment où elles ont été enveloppées. Mais la faute en est seule à l’ineptie du commandant Caffe, qui n’a pas l’ombre de son métier et dont la réputation n’est pas bonne.Voilà, citoyen ministre, l’exposé des faits tels qu’ils se sont passés. […] J’ai l’honneur de vous observer que le citoyen Depoltre, chef de brigade, commandant l’artillerie de la division [9e], m’a constamment suivi, et qu’il a apporté autant de zèle que d’activité dans toutes les opérations dont je l’ai chargé ; il avait fourni au commandant Caffe les moyens nécessaires pour l’enclouement des pièces ; mais la manière dont il s’est laissé surprendre ne lui a permis ni de les enclouer ni de les précipiter dans les ravins formés par la cascade de la Cenisia. Valette ».

Sa biographie est plus élogieuse4 :

« Malgré les privations de tout genre que Caffe éprouvait sur le Mont-Cenis, il s’y maintint jusqu’en l’an IX, époque à laquelle il fut nuitamment fait prisonnier par trois mille Autrichiens et Piémontais réunis, commandés par le marquis de Cortaz. […] Conduit à Turin, on lui donna la ville pour prison […]. Les conquêtes de l’armée française ne permirent pas que Caffe put rester longtemps à Turin : il fut conduit à Klagenfurt en Carinthie [Autriche]. Le commandant Caffe fut bientôt compris au nombre des premiers prisonniers qui furent échangés par convention ministérielle ; il fut réintégré dans son poste du Mont-Cenis et nommé plus tard au commandement important du fort Barreaux […] ».

Après avoir reçu des renforts importants, (6 avril), le général Mélas ordonna une attaque générale sur toute la ligne du front, de la ligne du Var, aux Alpes. C’est ainsi que fut déclenchée l’attaque sur la position du Mont Cenis (9 avril), où 3 000 Autrichiens et Piémontais commandés par le marquis Costa s’emparèrent par surprise du fort du Mont Cenis. Caffe qui commandait la garnison fut blessé dans le combat, fut fait prisonnier ainsi que tous ses hommes, puis la colonne ennemie s’avança jusqu’à Modane. Elle devait se porter sur Chambéry, mais les postes du Mont Genèvre et du Petit Saint-Bernard opposèrent une vive résistance. Les autres colonnes autrichiennes furent stoppées. Les gardes nationaux, renforcés par des gendarmes, des douaniers et ce qui se trouvaient de soldats dans les départements du Mont Blanc et du Léman, marchèrent à l’ennemi. Folliet cite à nouveau Albanis Beaumont :

« J’eus l’occasion de juger de l’enthousiasme, du dévouement et de l’empressement que montrèrent alors même les habitants de la campagne à marcher aux frontières pour repousser l’ennemi. Le corps des volontaires du département du Léman, organisé en moins de 24 heures, suivi des préposés à cheval, partit de Carouge le 12 avril, les hommes de cette colonne portaient avec eux des provisions pour huit jours, et traînaient à leur suite deux pièces d’artillerie5 ».

Le Mont Cenis fut repris par les renforts et les Français firent environ 500 prisonniers. Le général Thurreau fit une diversion sur le Mont Genèvre, tandis que la vraie attaque des gardes nationaux se portait en fait sur Lans-le-Bourg, les Austro-Sardes repassèrent le col après seulement quelques jours d’occupation.Cependant, le 1er bataillon auxiliaire du Mont Blanc, comme tous les autres bataillons auxiliaires n’était pas destiné à tenir le front. Une fois le danger écarté, et l’ouverture d’une nouvelle campagne qui devait voir les éclatantes victoires de Marengo (14 juin), et Hohenlinden (3 décembre). Parmi les hommes, une bonne part fut renvoyée dans leurs foyers, notamment les pères de famille, les blessés, les hommes âgés, les autres furent versés en renfort dans des demi-brigades de ligne ou légère de seconde formation (printemps 1800). Ainsi, le 1er bataillon auxiliaire du Mont-Blanc fut incorporé dans les rangs de la 15ème demi-brigade légère de seconde formation (20 avril).

Portraits :

Pierre-Antoine André, né à La Chambre, en Savoie, en 1769. Il s’enrôla dans le 4e bataillon du Mont Blanc, caporal (1793), caporal-fourrier (13 mai 1794), il fut requis pour le service du bureau topographique de l’état-major (août), passa à l’état-major de l’armée des Alpes (1796). Il démissionna (1797), reprenant cependant du service (1799), sous-lieutenant au 1er bataillon auxiliaire du Mont Blanc (1799-1800), nommé ingénieur géographe attaché à la carte de l’état-major, puis au dépôt de la guerre. Il prit sa retraite comme capitaine ingénieur-géographe, chevalier de Saint-Louis (1815).

Jacques Baile, lieutenant au 1er bataillon auxiliaire du Mont Blanc.

Jacques Estivin, originaire de Chambéry, capitaine au 1er bataillon auxiliaire du Mont Blanc.

François Jaquet, originaire d’Annecy, sous-lieutenant au 1er bataillon auxiliaire du Mont Blanc.

Jérôme Michel, originaire de Chambéry, capitaine au 1er bataillon auxiliaire du Mont Blanc.

Joseph-Étienne-Hippolyte Mozet, né à Sallanches en Haute-Savoie, en 1772. Il s’enrôla dans le 5e bataillon du Mont Blanc, élu capitaine (9 juin 1793), il passa dans la 15e demi-brigade provisoire (août 1795), puis dans la 11e demi-brigade de ligne (1796), officier surnuméraire, il donna sa démission après les préliminaires de Leoben (1797). Il reprit du service au moment des dangers de l’invasion de la France (1799), capitaine au 1er bataillon auxiliaire du Mont Blanc. Il poursuivit sa carrière sous l’Empire, et obtînt de nouveau sa retraite (1811).

Jean Ollier, lieutenant au 1er bataillon auxiliaire du Mont Blanc.

Jacques-Philippe Peyraud, originaire de Chambéry, il s’enrôla au 5e bataillon du Mot Blanc, élu adjudant-major (9 juin 1793). Il obtînt son congé, mais reprit du service au 1er bataillon auxiliaire du Mont Blanc (1799-1800), il fut réformé pour blessures.

Louis-Marie Pillet, né à Chambéry, le 18 avril 1775, il fut élu lieutenant à la 8e compagnie du 1er bataillon du Mont Blanc (5 avril 1793), adjudant-major (10 ventôse an II), il s’illustra au combat de la Fluvia (26 prairial an III), blessé d’un coup de sabre sur l’œil gauche. Il passa dans la 5e demi-brigade provisoire (été 1795), puis dans la 18e demi-brigade de ligne (mars 1796), capitaine adjudant-major, commandant provisoire du 1er bataillon italien de Padoue (1er nivôse an VI), il rentra à son corps (17 frimaire an VII), servant dans le 4e bataillon servant à Naples, armée du général Championnet. Chef de bataillon au 1er bataillon auxiliaire du Mont Blanc, bataillon qui fut versé dans la 15e demi-brigade légère de seconde formation (29 pluviôse an VIII). Il enleva à la baïonnette, à la tête de son bataillon, le village de Gravières dans la vallée de Suze, chassant un ennemi supérieur en nombre, lui faisant 200 prisonniers et s’emparant de 3 canons (2 floréal). Il prit également d’assaut le village de Santo Ambrosio (17 prairial), et avec une cinquantaine de chasseurs, il repoussa un corps de cavalerie ennemie qui chargeait un bataillon de la 28e demi-brigade légère, alors disposée en tirailleurs. Il s’empara de 12 chevaux. Il fut nommé chef de bataillon à la 17e demi-brigade légère (1er frimaire an IX), puis rentra en France, étant en garnison à Blois, puis au camp de Saint-Omer (armée des Côtes de l’Océan). Nommé major au 10e léger (30 frimaire an XII), membre de la Légion d’honneur (1804), il fit la campagne de Prusse et de Pologne, à la Grande Armée (1806-1807), puis servit à l’armée du Nord (1809), commandant les gardes nationales du Brabant (1810). Colonel du 1er régiment d’infanterie légère (5 mai 1812), il fut envoyé en Espagne, s’illustrant aux combats d’Yala, de Villena, de Castello et de Barja (avril 1813), cité à l’ordre du jour de l’armée (20 avril). Chevalier de l’Empire, il servit à la fin de la campagne de Saxe, puis servit en Italie (1814), il fut mis en non activité à la Première Restauration (1er octobre). Il rentra à Chambéry, et prit sa retraite, il mourut à Chapareillan, le 8 octobre 1830.

Jean-Claude Sève, originaire de Contamine, il s’enrôla dans le 2e bataillon du Mont Blanc, élu lieutenant (1er mai 1793), il fut blessé à l’attaque de la redoute du Petit-Gibraltar, au siège de Toulon (21 septembre). Il rentra dans ses foyers à une date inconnue, puis repris du service dans le 1er bataillon auxiliaire du Mont Blanc (1799), il fut réformé pour blessures.

Louis Sibuet, né à Chambéry en 1767, élu sergent-major à la compagnie de grenadiers du 1er bataillon du Mont Blanc, sous-lieutenant (an II), il fut grièvement blessé au blocus et siège de Bellegarde (26 thermidor an II), lieutenant (an III), il passa dans la 5e demi-brigade provisoire (1795), puis dans la 18e demi-brigade de ligne (mars 1796à, il fit la légendaire campagne d’Italie d’Italie avec Bonaparte (1797-1798), puis il se retira du service pour cause de blessures (1798). Cependant il reprit du service à son grade, au 1er bataillon auxiliaire du Mont Blanc

sehri

Article de Frédéric Pradal et Laurent Brayard

1 André Folliet, Les volontaires nationaux de Savoie, 1792-1799, p. 361.

2 André Folliet, Les volontaires nationaux de Savoie, 1792-1799, p. 362.

3 Frédéric Pradal, membre de la SEHRI, L’improbable biographie du capitaine Charles-Joseph Caffe.

4 Frédéric Pradal, membre de la SEHRI, L’improbable biographie du capitaine Charles-Joseph Caffe.

5 André Folliet, Les volontaires nationaux de Savoie, 1792-1799, p. 364.