4e bataillon de la Drôme

4ème bataillon de la Drôme (Crest et de Nyons) :

Date de formation : il fut formé le 8 octobre 1791 d’après Belhomme1, le 14 octobre 1791 selon d’autres sources, le 11 octobre selon le commandant Dumont cité plus loin.

Formation :

Formé entre le 8 et le 10 octobre, à Montélimar, avec des volontaires des cantons de Nyons, Saillans, Mollans, Bourdeaux, Allex, Vinsobres, Crest. Les volontaires au nombre de 513 hommes, furent rassemblés le 8 octobre, formés en compagnies du 8 au 10, puis organisé en bataillon le 11 octobre2. Il fut passé en revue (13 et 20 octobre 1791) par le maréchal de camp de Folnay, de la 7ème division militaire, assisté du commissaire des guerres Simon-Antoine-François-Marie de Sucy de Clisson et plusieurs commissaires du département, dont Messieurs Barbier, Cassan, Davillard, La Condamine, Pourtief et Rigaud3.

Historique :

1791 :

Le bataillon cantonnait à Die depuis le 27 octobre, manquant lui aussi d’équipements et d’habillements, un total de 197 fusils étaient également manquants. Il reçut son équipement manquant à la fin du mois de novembre, se trouvant toujours à Die. Il remercia le département de l’envoi de son drapeau (27 novembre), le bataillon assista à la bénédiction de ce dernier par l’abbé de Vaugelas, ci-devant Chanoine de l’église cathédrale, et officier municipal. Il quitta Die pour prendre ses quartiers d’hiver à Montélimar (6 décembre).

1792 :

Le 1er janvier, il était en garnison à Montélimar4. Il fut envoyé à Nyons (17 avril), mais y cause des désordres qui provoquèrent son départ, il fut dirigé sur Valréas (22 avril), ayant deux compagnies à Séguret. Il fut envoyé en Provence (14 mai) et séjourna à Avignon, Aix, Fréjus, Cannes et dans l’île de Sainte-Marguerite. Il se trouvait au camp sur le Var dans les rangs de l’armée du Midi (mai)5. Il séjourna également à Antibes durant deux ou trois mois, où il se comporta bien (au début de juillet). Il est cité comme un exemple, ayant un effectif de 583 hommes, et forma bientôt une compagnie de canonniers (16 septembre). Il se distingua dans les premiers combats contre les Piémontais lors de l’invasion du comté de Nice, notamment lors des combats de Sospel et du col de Brouis. Il entra dans Nice, puis stationna ensuite dans le village de Levens, jusqu’au 15 décembre6. Ce bataillon faisait partie des forces de l’Armée d’Italie à sa formation, 2ème division du maréchal de camp Dumerbion, 2ème brigade7. Bataillon considéré comme sûr, il est employé par le général d’Anselme dans les premiers combats qui opposent les français, aux barbets, aux piémontais et aux autrichiens dans le Sud des Alpes8. Il prit ses quartiers d’hiver à Nice.

1793 :

En janvier, le bataillon se trouvait à Nice et cantonnait au camp de Brouis. Le 5 mars, il se trouvait à l’Armée d’Italie dans les troupes des camps de la Vallée Pallion, y demandant des renforts et des recrues pour se compléter9. Il était fort de 451 hommes. Le bataillon participa ensuite à la bataille de l’Authion (début juin). Le général Brunet commandant de l’Armée d’Italie se décida à l’attaque de cette forte position. Masséna passa à l’attaque, chassa les Piémontais du Mangiabo et menaça le camp du Brouis, permettant au lieutenant-colonel Gardanne de s’emparer du Moulinet, tandis que le général Dortoman occupait le retranchement des Mille-Fourches. Le terrain gagné était peu important, mais l’avantage avait été pris sur l’ennemi, même si le plateau de l’Authion n’avait pas pu être pris d’assaut par les hommes du 1er bataillon du Var et de Gardanne. Huit bataillons gardaient désormais le col de Brouis avec un avant-poste à Breil, les 1er et 2ème du 11ème régiment d’infanterie ci-devant La Marine, le 1er et 2ème bataillon du 2ème régiment d’infanterie, le 2ème bataillon du 91ème régiment d’infanterie, le 1er bataillon de volontaire de la Haute-Garonne, le 4ème bataillon de la Drôme et le 2ème bataillon du Var.

Embrigadement/amalgame :

1ère formation :

La 83ème demi-brigade de bataille fut formée avec le 1er bataillon du 42ème régiment de ligne, ci-devant Limousin, le 4ème bataillon de la Drôme et le 2ème bataillon de l’Isère. Selon Belhomme10 l’amalgame eut lieu le 2 novembre 1793, au camp de Bruys, mais selon Louis Susane11, le 1er novembre 1793. Le commandant Dumont indique qu’il fut amalgamé à Breil, près du camp de Brouis, les 1er et 2 novembre12.

2e formation :

Il fut versé en seconde formation dans la 57e demi-brigade de ligne13, à Gimone, le 19 juin 1796.

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État des cadres à la formation du bataillon 14

État-major :

Lieutenant-colonel Michel Louis Rigaud de l ‘Isle de Crest, 30 ans,

Lieutenant-colonel en second Alexandre-Louis-Benoît-Fabien de Loquin de Buis-les-Baronnies, 49 ans,

Quartier-maître trésorier Barthélémy Lombard de Latune de Crest, 21 ans15,

Adjudant-major François-Marie Petitjean, de Vellexon, 46 ans,

Adjudant sous-officier Nicolas-François Bore, de Paris, 32 ans,

Chirurgien-major Vincent-Joseph-Escoffier Figat, de Crest, 32 ans.

Compagnie de grenadiers : capitaine Gaspard-Joseph-André Reynier, de Crest, 31 ans, lieutenant Auguste-Jacques Gaillard, de Crest, 21 ans, sous-lieutenant Pierre-André-Hercule Berlier de Crest, 22 ans qui deviendra général de brigade sous l’Empire.

1ère compagnie de Nyons : capitaine Jean-Jacques Barnier de Nyons, 35 ans, lieutenant Constantin Vignes, de Nyons, sous-lieutenant Bernard Vachon.

2ème compagnie de Saillans et Crest : capitaine Antoine Aubert-Lacour, de Sallans, 16 ans, lieutenant Mathieu Martin, de Beaufort-sur-Gervanne, 21 ans, sous-lieutenant Jean-Louis Rey, de Crest, 22 ans.

3ème compagnie de Nyons : capitaine Louis Gleize de Nyons, 33 ans, lieutenant Jean-Pierre Laurent, de Venterol, sous-lieutenant Henry Rasclos.

4ème compagnie de Mollans et Montauban : capitaine Louis Vilhet-d’Aguillan, de Mollans, 46 ans, Jean-Joseph Gresse, de Mollans, 27 ans, sous-lieutenant Louis Brachet, de Séderon.

5ème compagnie de Bourdeaux : capitaine Antoine Portier de Soyans, lieutenant Antoine-Alexandre de Saulce-Larivière, de Gilbraltar, 22 ans, sous-lieutenant Pierre Martin, de Saou, 41 ans.

6ème compagnie d’Allex : capitaine Pierre-Marie Bancel d’Allex, 26 ans, lieutenant Jean-Antoine Portier, de Grane, 30 ans, sous-lieutenant Étienne Gagne, de Montoison, 23 ans.

7ème compagnie de Vinsobres et Rémusat : capitaine Pierre-Benoît Estève, de Vinsobres, 59 ans, lieutenant François Vial, de Sahune, sous-lieutenant Marc Autrand, de Vinsobres, 28 ans.

8ème compagnie de Crest et Die : capitaine Pierre-Jacques-Louis Mariton La Gardette de Crest, 30 ans, lieutenant François-Théodore Curnier dit de Pilvert, de Crest, 24 ans, sous-lieutenant Jean-Hugues-Théophile Chancel, de Loriol, 23 ans.

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État des cadres au moment de l’amalgame16

État-major : chef de brigade F. M. Pelletier, quartier-maître trésorier L. Lebondidier, adjudant-major J. C. Faure.

Compagnie de grenadiers : capitaine Pierre-André-Hercule Berlier (sous-lieutenant en 1791), lieutenant J. Taillant, sous-lieutenant J. Jouvet.

1ère compagnie : capitaine Jean-Jacques Barnier (déjà à ce poste en 1791), lieutenant J. Vignes, sous-lieutenant P. Laurie.

2e compagnie : capitaine M. Mathieu, lieutenant E. Barnoin, sous-lieutenant M. J. Guérimand.

3e compagnie : capitaine Louis Gleize (déjà à ce poste en 1791), lieutenant Pierre Martin (sous-lieutenant dans la 5e en 1791), sous-lieutenant J. Davin.

4e compagnie : capitaine Louis d’Aguillan (déjà à ce poste en 1791), lieutenant Jean-Joseph Gresse (déjà à ce poste en 1791), sous-lieutenant B. Brémont.

5e compagnie : capitaine F. Martin, lieutenant Antoine-Alexandre Saulce-Larivière (déjà à ce poste en 1791), sous-lieutenant D. Thibaud.

6e compagnie : capitaine Pierre-Marie Bancel (déjà à ce poste en 1791), lieutenant Jean-Antoine Portier (déjà à ce poste en 1791), sous-lieutenant Étienne Gagne (déjà à ce poste en 1791).

7e compagnie : capitaine Pierre-Benoît Estève (déjà à ce poste en 1791), lieutenant A. V. Dausage, sous-lieutenant J. Guis.

8e compagnie : capitaine Jean-Hugues-Théophile Chancel (sous-lieutenant dans la compagnie en 1791), lieutenant M. Autrand, sous-lieutenant Fraud.

Compagnie de canonniers : capitaine F. Thévenot, lieutenant F. B. Chancel.

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Documents :

« Die, le 27 septembre 1791, Nous avons reçu le drapeau que vous nous avez présenté, nous laissons à notre conduite à prouver si nous avons été sensibles à tout ce que vous nous écrivés à ce sujet. Sans doute, les vertus militaires qui germent dans nos cœurs trouveront à se développer, et dans les grandes occasions, nos regards en se portant sur ce gage précieux de notre honneur et de notre liberté que nous tenons de vous, n’y liront pas simplement le nom du département qui nous réunit, ils y liront encore celui de nos familles que nous avons à protéger et à défendre, et celui de nos concitoyens dont nous avons à justifier l’estime. Au nom des officiers sous-officiers et soldats du 4ème bataillon de la Drôme, Rigaud, lieutenant-colonel, commandant le bataillon17 ».

« Die, 22 novembre 1791, Messieurs, Les communes du district de Nyons auxquelles vous aviez écrit pour fournir au 4ème bataillon les hommes qui leur avaient été demandés commencent à nous en envoyer mais tellement tortus et rabougris que parmi ceux qui sont arrivés au nombre de 10 ou 12, à peine y en a-t-il trois en état de servir, les autres ont depuis quatre pieds sept pouces et demi jusqu’à cinq pieds tout au plus de hauteur. Vous trouverez ci-joint la lettre que j’ai écrite à ces communautés que je vous prie de vouloir bien renforcer par une des vôtres. Si nous les eussions reçus, il n’y a pas de doute que ce district n’eut ainsi continué à se jouer de vos ordres. Le décret sur la formation des volontaires ne dit rien sur leur taille mais le petit nombre de fusils qui nous ont été délivrés sont si longs qu’il impliquerait contradiction de recevoir de très petits hommes pour en faire usage. En conséquence des promesses très précises que vous m’aviez faites, j’ai annoncé au bataillon qu’il recevrait 30 habits dans la semaine dernière et le conseil d’administration fit partir un officier chargé d’en presser l’envoi. Cet officier nous écrit qu’il n’y en a pas un de prêt. Que deviendrons-nous, Messieurs, si nous ne pouvons pas compter sur ce que vous nous écrivez et qu’il dépende d’un entrepreneur suspect déjà par toute sa conduite de vous faire annoncer des nouvelles que nous sommes ensuite obligés rétracter. Se jouer ainsi des braves et dans les circonstances ou nous nous trouvons c’est vouloir les décourager. Et le froid arrive je ne sais trop comment nous pourrons les retenir. Messieurs, pourquoi fermeriez-vous les yeux sur les négligences ou des abus contre lesquels je ne cesse de réclamer depuis un mois ; je vous prie de faire avertir l’entrepreneur et de lui donner les ordres les plus sévères pour qu’il se conforme à vos intentions, Rigaud18 ».

« 17 avril 1792, lettre des fonctionnaires publics de la ville de Nyons :

Sur le bruit public qui est parvenu jusqu’à nous, qu’il se formait un attroupement de volontaires du 4ème bataillon de la Drôme, devant la maison d’habitation de Monsieur le Procureur Syndic du district de cette ville, nous nous y sommes rendus et avons trouvé plusieurs officiers dudit bataillon qui défendait la porte d’entrée de la maison aux volontaires qui faisaient tous leurs efforts pour y pénétrer, en proférant les plus violentes contre le procureur syndic, les uns armés de sabres, les autres de bayonètes. Nous étant informés de la cause de ce désordre, il nous a été rapporté que les volontaires se plaignaient de l’alimentation du pain, qui avait été ordonnée par le tribunal de police sur la représentation des boulangers, qui avaient exposés qu’ayant acheté le blé à 8 livres 10 sols l’émine, ils seraient à perte s’ils le vendaient moins de 4 sols en assignat (augmentation qui fut concertée avec le commandant du bataillon et plusieurs officiers du même corps) et que Monsieur le procureur syndic avait été désigné comme la cause de cette augmentation, nous avons vainement représenté aux personnes attroupées que l’imputation faite au procureur syndic était de toute injustice puisque ses fonctions n’avaient aucun rapport avec la police, et nous les avons invités à se retirer tranquillement, et pour protéger la maison menacée nous avons fait placer un piquet de gardes nationales de cette ville devant la porte d’entrée avec une consigne de ne laisser entrer personne. Le piquet ayant été forcé, les personnes attroupées sont entrées dans la maison, les uns en armes, les autres sans armes, et l’ont toute parcourue pour chercher le procureur syndic en jurant que si on le trouvait il serait pendu ou haché en morceaux ; ne l’ayant pas trouvé ils ont tombé à coup de sabre sur ses meubles qu’ils ont brisé, se sont saisis d’un domestique de la maison qui a reçu plusieurs coups de sabre, et qui aurait été victime de la rage de ces forcenés si plusieurs de nous et de messieurs les officiers du bataillon n’avaient paré plusieurs coups de sabre qui lui étaient portés ; nous avons fait enlever ledit domestique, que nous avons fait transporter dans une maison voisine pour faire panser ses blessures. Les factieux, ne trouvant plus rien à détruire, sont sortis de la maison, à la porte de laquelle nous avons fait placer un nouveau piquet plus considérable que le premier, et pour tâcher de calmer leur fureur qu’ils exhalaient en propos affreux, le corps municipal a fait annoncer qu’il allait faire une distribution de pain aux volontaires à la maison commune à raison de 3 sols la livre. Nous étant réunis à la maison commune pour chercher les plus propres à maintenir la tranquillité de la nuit, il a été fait une réquisition au commandant du bataillon des gardes nationales de cette ville, de faire doubler la garde et de faire faire des patrouilles toute la nuit… nous avons écrit sur le champ à Monsieur le Commandant général de l’Armée du Midy en lui exposant les faits dont nous avons été témoins, avec prière de faire retirer le bataillon des dits volontaires. Voyant que la tranquillité commençait à revenir et que tous les volontaires étaient rentrés, nous avons clos le présent à 9 heures et demi du soir et nous nous sommes signés, et tout comme sur le propos tenu par un citoyen des environs dans un café, que Monsieur Fare procureur syndic était un aristocrate et qu’il s’en était flatté19».

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Le 12 août 1792, an IV de la liberté à 11 heures du matin, les volontaires du district de Crest se trouvent rassemblés sur la place du Grand-marché :

« En présence de Messieurs Tavan d’Auriple et Lombard Delatune commissaires nommés par l’administration du district pour l’organisation des volontaires, se sont réunis tous les citoyens qui se sont offerts pour marcher volontairement à la défense de la Patrie et qui ont été inscrits dans les registres de leurs municipalités respectives, le 5 de ce mois. Les commissaires ont fait l’appel nominal pour chaque canton et formé le contrôle des hommes présents ; ils leur ont observé que si quelques-uns d’entre eux désiraient se rendre à Antibes pour compléter le 4ème bataillon du département de la Drôme, ils en avaient l’option, et qu’ils seraient bien reçus de leurs frères d’armes. 26 volontaires de Crest ont déclarés qu’ils partiraient à la première réquisition pour compléter ce corps ; leur exemple a été suivi par quelques volontaires des cantons de Plan-de-Baix, Puy-Saint-Martin et Chabrillan […] ».

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Article de Laurent Brayard

1 Belhomme, Histoire de l’Infanterie en France, tomes 3 à 4.

2 Commandant Dumont, Les bataillons de volontaires nationaux de 1791, p. 95.

3 Michel Garcin, p. 56.

4 Journal militaire de 1792.

5 Journal militaire de 1792, p. 432.

6 Michel Garcin, déjà cité, p. 128.

7 Chuquet, Dagobert, p. 438 à 440.

8 Capitaine Cornu, Les volontaires de la Tour du Pin et le 2ème bataillon de l’Isère, 1791-1794. p. 51.

9 Ordre de bataille de la collection Nafziger, Armée Française d’Italie, le 5 mars 1793.

10 Belhomme, Histoire de l’infanterie en France.

11 Louis Susane, Histoire de l’ancienne infanterie française.

12 Commandant Dumont, Les bataillons de volontaires nationaux de 1791, p. 95.

13 Champeaux, État militaire de la République française en l’an douze, p. 153.

14 Commandant Dumont, Les bataillons de volontaires nationaux de 1791, p. 94.

15 D’après, Michel Garcin, p. 58, son frère Paul-René acquiert une grande notoriété en 1823 dans la fabrication du papier après avoir acquis et remis en route des ateliers à Blacons.

16 Commandant Dumont, Les bataillons de volontaires nationaux de 1791, p. 95.

17 AD de Valence, dossier L 342.

18 AD de Valence, dossier, L 342.

19 AD de Valence, dossier, L 342.