6e bataillon de la Côte d’Or

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6ème bataillon de la Côte d’Or :

Date de formation : selon le Journal de l’an VII, il fut formé le 24 octobre 1792.

Formation :

Quelques temps après sa formation, le lieutenant-colonel Banchelin annonça au département la nomination d’Étienne Vaudrey comme chirurgien-major du bataillon (31 décembre 1792)1.

Historique :

En janvier 1793, il se trouvait à Paris2. Il partit de Courbevoie près de Paris se dirigeant vers Cherbourg (3 février). Le conseil d’administration du bataillon annonça que le bataillon n’avait pas pu envoyer le contrôle nominatif du bataillon, le départ de Courbevoie pour Cherbourg avait retardé cette opération, le lieutenant-colonel demanda l’envoi de 250 nouvelles recrues pour compléter le bataillon (14 mars). Il fut envoyé par la suite en Vendée, l’insurrection ayant éclaté deux jours auparavant. Le quartier-maître trésorier du bataillon annonça au département que le registre de contrôle n’avait toujours pas été établi :

« les troubles occasionnés par les malintentionnés prennent un aspect formidable, Paris est en proie à l’anarchie, nos représentants sont asservis, veillez citoyens que dans l’enceinte qui est confiée à vos soins, les intérêts de la République ne soient avilis, lésés, pas même compromis, nous avons les yeux levés sur les tyrans dont la gueule ardente semble prête à nous dévorer, mais nous les voyons d’un œil fixe, heureux si en répandant notre sang pour la patrie, et la patrie calme au dedans, la République bien gouvernée, nous terrassons nos barbares ennemis, ces sentiments sont l’expression de tous les frères de la Côte d’Or, ils brûlent de se mesurer aux despotes et de vous prouver qu’ils sont dignes de marcher sur les traces de leurs frères, signé Rebourceau » (6 juin)3.

Il participa à la défense de Fougères (31 octobre), où il subit probablement de lourdes pertes. Alors que l’armée vendéenne approchait, la garnison concentrée à Fougères se composait :

Commandant en chef : adjudant-général Brière, sous le commandement supérieur du général Peyre commandant le département de la Manche. Brière était un officier courageux et énergique mais très ardent, il manquait selon Lemas des connaissances militaires nécessaires pour se défendre avantageusement. Il n’écouta pas les conseils avisés de l’officier d’artillerie Obenheim, qui lui conseilla de se tenir sur la défensive et de se fortifier dans Fougères.

Bataillon de chasseurs de la Charente,

19ème bataillon d’infanterie légère,

Trois autres bataillons de volontaires dont le 8ème du Calvados, le 6ème bataillon de la Côte d’Or et le bataillon de grenadiers et de canonniers de Coutances,

Une compagnie détachée de canonniers, la compagnie des canonniers du Contrat Social,

Environ 3 à 4 000 hommes des gardes nationales des bourgs de Fougères, Saint-Georges (Ille-et-Vilaine), Louvigné (Ille-et-Vilaine), Saint-Marc-le-Blanc (Ille-et-Vilaine), Saint-Georges-de-Reintembault (Ille-et-Vilaine), Mortain (Manche), Viré (Calvados), Coutances (Manche), Granville (Manche).

Le chef de la garde nationale de Fougères, Boissier-Malherbe, avait été destitué par le représentant du Peuple Pocholle dénoncé par le Comité de Surveillance, il fut détenu chez lui. Le drapeau se trouvait encore chez cet homme, lorsque l’adjudant-général Brière en fut informé (31 octobre). Le général Peyre, donna l’ordre de célébrer une cérémonie où les défenseurs et les habitants jurèrent fidélité à la république et jurent devant l’arbre de la liberté de défendre la ville jusqu’à la mort. La cérémonie eut lieu, alors que le 1er novembre, l’armée vendéenne qui venait de quitter Laval, marchait sur Mayenne4. Le 1er novembre, les Vendéens avaient dispersés « l’Armée » du général Lenoir formée de 17 000 hommes de levée en masse. Il n’y eut pas de combat, en un instant les hommes se débandèrent s’enfuirent, le général Lenoir quasiment seul avec le représentant Letourneur dut fuir et se replia sur Alençon. Il se trouva ensuite au combat d’Ernée (2 novembre). L’armée vendéenne n’arriva sur place à Mayenne que dans la soirée, et traînant avec elle beaucoup de malades et de blessés. D’après un agent secret, ils laissèrent 200 personnes dans un hôpital, la dysenterie faisant déjà des ravages dans les rangs des rebelles, il en mourait chaque jour beaucoup. L’arbre de la Liberté fut coupé, un citoyen massacré pour n’avoir pas voulu crier Vive le Roi, et les maisons des habitants sans distinction furent pillées par les Vendéens. Ils avaient faim et manquaient de tout. Après un séjour d’une nuit dans la ville de Mayenne, les Vendéens se remirent en marche le lendemain pour Ernée, en Ille-et-Vilaine. Le 8ème bataillon du Calvados et les bataillons de réquisitionnaires qui défendaient Ernée n’attendirent pas les Vendéens, comme à Mayenne, ils s’enfuirent. Le général Brière envoya à marche forcée le bataillon des chasseurs de la Charente qui arriva à Ernée au moment où l’avant-garde vendéenne entrait dans la ville (2 novembre). Ils repoussèrent cette avant-garde et poursuivirent hardiment les insurgés, mais ils tombèrent bientôt sur le gros des forces vendéennes. Ils se trouvaient peut-être à un contre vingt, sans doute plus. Ils furent totalement écrasés par l’armée royaliste, les Charentais malgré des prodiges de bravoure furent massacrés, à peine la moitié revînt à Fougères dans la plus grande panique. Les Vendéens s’emparèrent sans coup férir d’Ernée, pilèrent les grains et les fourrages, brûlèrent les archives. C’est ici que Lescure rendit son âme à Dieu, le Saint du Poitou que ses hommes portaient depuis plusieurs jours entre la vie et la mort, s’éteignit. Dans la soirée du 2, le district de Fougères fit partir tous ses registres, ses caisses, les barils d’argenterie du district de la commune pour Rennes, escortés des administrateurs Foubert et Vigron. Le 3 au matin, le convoi arriva à Rennes, les Vendéens étaient tout proche de Fougères.

Le 2 novembre, trop tardivement, les troupes et la population creusèrent fébrilement des retranchements, la route de Laval fut coupée, à toutes les portes de Fougères, des pièces de canon furent placées aux portes, l’officier du génie Obenheim fit son maximum pour convaincre Brière de se retrancher dans la ville, mais le général Brière ne l’entendait pas de cette oreille. Il plaça le 19ème bataillon d’infanterie légère à plus d’une lieue en avant de la ville en face d’Ernée. Le dispositif était lâche, et vers 10 heures du matin, l’armée vendéenne se mit en route pour Fougères. Stofflet conduisait l’avant-garde avec les tirailleurs, La Rochejaquelein disposa son armée en bataille en trois corps, le centre la colonne la plus faible suivait la route. Deux colonnes à droite et à gauche flanquaient le centre. Derrière s’avançait la cavalerie du prince de Talmont et de Forestier, l’arrière garde était composée d’un imposant convoi de voitures chargées de munitions et de vivres, mais aussi de blessés et accompagnée par des milliers de femmes et de civils, à pied ou à dos de cheval, sur des chariots tirés par des bœufs. L’avant-garde vendéenne tomba sur celle de Brière, et le 19ème bataillon d’infanterie légère. Ils ouvrirent le feu, et chargèrent pensant l’ennemi en petit nombre. Les Vendéens sur le commandement de La Rochejaquelein reculèrent, et s’enfuirent, les républicains poussèrent la charge sans voir le danger. De gauche et de droite surgirent les deux colonnes vendéennes qui prirent de flanc le 19ème bataillon d’infanterie légère. Il fut accablé et écrasé, encerclé, les hommes refusant de se rendre et préférant la mort. Ce sacrifice ne fut pas inutile, un tiers de l’effectif put s’enfuir en désordre et rejoindre Fougères, où par ailleurs ils jettèrent l’épouvante dans la garnison. Devant Fougères le combat se poursuivit, les canonniers du Contrat Social se défendirent avec courage. Les bleus tinrent la ligne durant une heure et demie. Mais les excellents tirailleurs de Stofflet firent un feu dévastateur, et les hommes tombaient les uns après les autres. Soudain, la cavalerie de Talmont surgit sur l’arrière de la ville de Fougères, à l’arrière des bleus ce fut la panique générale. Environ 400 défenseurs chargés de défendre ce côté, s’enfuirent sans autre forme de procès et s’enfermèrent dans le château de Fougères. Les Vendéens pénétrèrent dans la ville, libérant 300 royalistes des geôles républicaines, puis marchèrent ensemble sur la première ligne républicaine ainsi totalement tournée. Le sauve qui peut devint général. Dans toutes les directions les hommes tentèrent de s’enfuir, poursuivis par les Vendéens qui ne firent pas de quartier. Toutes les maisons furent fouillées de haut en bas, et les soldats républicains pris furent fusillés sans miséricorde. Les 400 soldats du château furent faits prisonniers mais ici les blancs se contentèrent de leur couper les cheveux et de les renvoyer. Les autres furent traités selon l’officier du Génie Obeheim d’une manière honteuse, ce fut une véritable boucherie, Crétineau-Joly raconte :

« on massacre tout ce qui se présente sous l’habit militaire, on investit les habitations, on en fait sortir ceux qui s’y sont ménagés une retraite, et ils meurent sous le fer des prisonniers que peu d’heures auparavant ils allaient immoler ». Beauchamp dans son Histoire de la Guerre de Vendée, dit « des soldats se jettent dans les maisons et s’y cachent pour échapper à la mort, mais les vendéens les poursuivent et ne leur font point de quartier, aussitôt découverts, aussitôt fusillés ».

Un autre historien Th. Muret dans son livre Les guerres de l’Ouest dit simplement que les fusillés étaient d’anciens prisonniers bleus tondus et ayant trahis leur serment de ne plus servir contre le Roi. A la mairie, Le sueur le maire et des notables patriotes furent faits prisonniers. Théodore Lemas raconte à leur sujet :

« Ils furent entraînés au château, entourés d’une foule de vendéens, déjà ivres. Ils descendirent la rue de la Pinterie presqu’au milieu d’une obscurité complète, obscurité qui permit à quelques-uns de s’échapper, la pluie qui n’avait cessé de tomber toute la journée, augmentait la confusion, et le trouble de cette troupe […] Dans la cour du château au milieu des cadavres qui couvrent le sol, Le Sueur revêtu de son écharpe tricolore est fusillé contre le mur de la tour Raoul, ses compagnons partagent le même sort, leur nombre et leur qualité a été oublié »5.

Le citoyen Lemeunier officier municipal de Fougères, alors à la défense de la ville, dans le magasin des vivres avec Fleury et Hardivel raconte à propos du bataillon :

« quand l’ennemi entra dans la ville, je le croyais bien loin encore, sitôt que je l’ai appris, j’ai quitté mon poste et recommandé aux citoyens nos collègues d’avoir soin de la caisse vu que le citoyen Fleury empêché par une grande colique ne le pouvait pas. Je fus donc chercher mes armes, en sortant de chez moi, je vis le bataillon de la Côte d’Or, qui venait de la porte Saint-Léonard et descendait la rue, le citoyen Chesnardière était à leur tête »6.

Lemeunier essaya de les arrêter et les incita à marcher à l’ennemi, mais les soldats n’écoutèrent rien et s’enfuirent en désordre. La déroute était complète. Il devait prendre plus tard sa revanche, en se trouvant ensuite à la boucherie de la bataille du Mans (12 et 13 décembre), où selon les chroniques 10 000 Vendéens, tant civils que combattants furent exterminés sans pitié.

Embrigadement/amalgame :

1ère formation :

Néant.

2ème formation :

D’après Belhomme, la 13ème demi-brigade légère de seconde formation fut formée à Rennes, le 21 décembre 1796, avec la demi-brigade de Paris et Vosges, les 17ème bis et 22ème bis bataillons de chasseurs, le 23ème régiment d’infanterie légère de Bardon, le 2ème bataillon de tirailleurs, le 2ème bataillon du 84ème régiment d’infanterie, le 2ème bataillon de la 125ème de bataille, les 2ème et 3ème de Fédérés, le 3ème bataillon de la Formation d’Orléans, le 5ème bis de Paris, et le 6ème bis de la Côte d’Or. Il s’agit en fait du 6ème de la Côte d’Or, Belhomme commet ici une erreur.

Portrait :

Pierre-Élie Bardou, né à Paris vers 1776, s’engagea à 15 ans le 12 août 1791 dans le 1er bataillon de Paris (12 août 1791), comme tambour. Il passa au 6ème bataillon de la Côte d’Or (24 octobre 1792). Il fut blessé à la bataille du Mans et au passage du Mincio. Retiré de la 13ème demi-brigade légère (1802), il mourut aux Invalides, le 6 novembre 1832.

État du bataillon au 14 mars 1793 :

1ère compagnie, capitaine Morat, 58 hommes, 51 présents, officiers présents,

2e compagnie, capitaine Finy, 82 hommes, 62 présents, officiers présents,

3e compagnie, capitaine Froissard, 56 hommes, 50 présents, officiers présents,

4e compagnie, capitaine Cominet, 45 hommes, 30 présents, officiers présents,

5e compagnie, capitaine Voisinet, 52 hommes, 39 présents, capitaine présent,

6e compagnie, capitaine Prudhomat, 47 hommes, 41 présents, sous-lieutenant absent,

7e compagnie, capitaine Chenetat, 61 hommes, 51 présents, officiers présents,

8e compagnie, capitaine Mouillot, 76 hommes, 60 présents, officiers absents,

Compagnie de grenadiers, capitaine Verpy, 52 hommes, 44 présents, lieutenant présent,

Compagnie de canonniers, capitaine Chantier, 52 hommes, 37 présents, lieutenant absent,

580 hommes, 460 sous les drapeaux, 63 en congé, 47 aux hôpitaux,

État-major de 8 hommes, 476 hommes dont 26 officiers, 51 sous-officiers, 9 tambours et 390 fusiliers7.

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Article de Laurent Brayard

1 Archives départementales de la Côte d’Or, série L, L 931.

2 Journal Militaire de 1793.

3 Archives départementales de la Côte d’Or, série L, L 931.

4 Théodore Lemas, Un district Breton durant les guerres de l’Ouest et de la Chouannerie, 1793-1800, p. 53 à 54.

5 Idem, p. 62.

6 Ibidem, p. 63.

7 Archives départementales de la Côte d’Or, série L, L 931.